VIDEO – The Dragon Fighter de Tony Liu

Posté le 1 juin 2020 par

Sorti simultanément avec Devil Hunters chez Spectrum Films, The Dragon Fighter est une autre série B dynamique faite des mains de Tony Liu. Sortie en 1990, elle s’inscrit toujours dans le registre du girls with guns, un type de production qui commence à montrer des signes d’essoufflement à cette époque.

Une enquêtrice de la police doit composer avec un père accro aux stupéfiants. Alors qu’elle est sur la piste d’un puissant baron de la drogue, un homme de main de ce dernier tue le meilleur ami d’un petit escroc. À cela vient s’ajouter l’intervention d’une tueuse à gage japonaise chargée d’éliminer ce parrain et d’une femme voulant venger son père. Ces quatre personnages n’ont plus qu’une idée en tête : venir à bout de lui !

Le casting de The Dragon Fighter en dit long sur le film lui-même. Il s’octroie la crème des seconds couteaux de l’époque : Sibelle Hu en héroïne enquêteuse, toujours aussi charismatique ; Francis Ng en pourriture mafieuse ; Eddy Ko en parrain de la triade, un rôle qui lui va comme un gant ; Alex Man en petite frappe énervée et énervante, Nishiwaki Michiko (aperçue dans Angel Terminators) en combattante impitoyable et Carrie Ng en lady vengeance. Les acteurs excellent par la diversité de leur jeu, et surtout, étant habitués aux seconds rôles, ils sont le genre de trognes qu’on aime retrouver dans ces petites productions d’action. Ils parviennent en effet à faire montre à la fois de leur capacités physiques pour les scènes martiales et développer un profil psychologique qui leur convient (malheureusement pour eux, avec le risque de s’y enfermer). Ces profils, à l’image du bad guy cabotinant pour Eddy Ko, du col blanc sans foi ni loi pour Francis Ng, de la froideur glaciale de Nishiwaki Michiko, en font des protagonistes de cinéma qui, dans les scènes de confrontations, se révèlent jouissifs. Le cabotinage dont ils font preuve n’est en rien un défaut d’acting, bien au contraire. Il amuse, crée de l’expression dans un espace scénique mu par le rythme, la confrontation et l’action. Carrie Ng et Sibelle Hu tirent encore plus leur épingle du jeu, car leur naturel les rend moins archétypales et plus crédibles. Entre tous ces rôles, il y a un bel équilibre et surtout, beaucoup de charisme. Le star-system hongkongais des années 1990 a bien su tirer partie du vivier d’acteurs talentueux qu’il avait en réserve.

Par ailleurs, on retrouve trois acteurs principaux de Devil Hunters du même Tony Liu, sorti en 1989, et pour deux d’entre eux (Sibelle Hu et Francis Ng), exactement la même typologie de rôles. The Dragon Fighter tente d’appliquer une recette avec des têtes connues, en se plaçant dans le sillon creusé l’année passée. La mayonnaise prend cependant moins : le qualité de l’acting n’atteint pas le plein potentiel qu’il peut employer à cause d’un scénario mince et interchangeable qui rend le contexte oubliable. Il est question de vengeance, de triades, de tueuse à gage, d’un ami tué… Ces éléments classiques du film de triades sont posés çà et là sans réelle réflexion quant à leur composition ou leur assemblage. On serait amené à penser que les séquences d’action, que Tony Liu utilise à haute fréquence pour dynamise ses longs-métrages, puissent rehausser l’intérêt de The Dragon Fighter, mais l’absence de retournement de situation conséquent ne les rend pas efficaces.

Clairement, The Dragon Fighter vient à bout du concept de girls with guns. Le plaisir de voir s’affronter des acteurs qui mouillent le maillot est là, mais la redite se fait sentir. À Hong Kong, on invente des concepts originaux, on les use, et on les réinvente. Lorsqu’on aborde ce genre de films à registre, il faut savoir dans quelle phase du cycle on se situe.

Les bonus du combo blu-ray/DVD

Dans la même optique que Devil Hunters, on retrouve deux bonus vidéo des mêmes animateurs : une présentation du film par Arnaud Lanuque, journaliste qui couvre l’actualité du cinéma de Hong Kong, avec encore une fois beaucoup d’expertise et de précision quant aux caractéristiques de The Dragon Fighter ; et un retour sur la carrière de Tony Liu par le journaliste Julien Sévéon, qui éclaire la carrière du réalisateur et en quoi il est important de tenter de réhabiliter ces réalisateurs-artisans qui ne se fondent pas dans la politique des auteurs. Sur les deux films, le bonus avec Julien Sévéon est le même.

Maxime Bauer.

The Dragon Fighter de Tony Liu. Hong Kong. 1990. Disponible en combo Blu-Ray/DVD en mars 2020 chez Spectrum Films.

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