Festival international du film de Busan 2019 : les films coréens

Posté le 19 octobre 2019 par

East Asia était présent au Festival de Busan. Voici la première partie de notre suivi du 24e édition du Festival international du film de Busan qui s’est tenue du 3 au 12 octobre 2019 !

Programme chargé pour le 24è Festival international du film de Busan : 299 films programmés dans une dizaine de catégories comme « Réalisateurs iconiques » (les poids lourds actuels comme Bong Joon-ho, Kurosawa Kiyoshi ou Bruno Dumont), « Fenêtre sur le cinéma asiatique », « Nouvelles tendances du cinéma asiatique » (des réalisateurs qui font leurs premières armes), « Cinéma coréen actuel » ou « Cinéma mondial » (avec une sélection de films non asiatiques qui ont marqué 2019). Les premières internationales sont moins légion que pour des festivals comme Cannes, Berlin ou Venise. Busan tient plus d’un état des lieux des lieux du cinéma actuel, avec des projections de films qui ont marqué 2019 et qui ne sortiront pas forcément en Corée. C’est également une bonne façon de découvrir les réalisateurs coréens du moment : la sélection alterne des films déjà sortis en Corée (et qui ont cartonné comme Extreme Job de Lee Byung-heon et qui sera prochainement au Festival du Film Coréen de Paris) et des inédits du cinéma indépendant.

Nous avons passé 4 jours à Busan et vu (seulement) 13 films… On aurait aimé voir davantage de films coréens (seulement 3 films vus !) mais la grille des programme est bien cruelle. Entre les séances complètes et les projections simultanées de 2 films convoités, il faut faire des choix… On a tout de même vu de bons films et quelques bonnes surprises ! Dans cette première partie, nous revenons sur les films coréens.

Un classique : Son of Man de Yu Hyun-mok

Jung-Il Sung Son of Man

On commence par la section « Classique » qui mettait à l’honneur le directeur de la photographie Jung Il-sung. Une sélection de sept films pour lesquels il a travaillé dont des classiques comme l’érotique Woman on Fire de Kim Ki-young (1971) et Mandara d’Im Kwon-taek (1981). Nous avons donc vu Son of Man de Yu Hyun-mok (1980), adapté d’un roman (disponible en français chez Actes Sud), un mélange entre Citizen Kane, le catholicisme et l’anarchisme.

L’histoire : un inspecteur de police enquête sur la mort de Min Joseph, un ancien séminariste retrouvé assassiné près d’une église. Qui était-il ? Qui l’a tué ? Pour quelles raisons ? L’enquête nous ramène 8 ans en arrière, lorsque Min Joseph a violemment rejeté le christianisme alors que tout le destinait à la prêtrise. On remonte le temps et on découvre que Min Joseph est devenu peu à peu une sorte de hobo, d’anarchiste lubrique couchant avec des prostituées, appelant à l’insurrection contre les institutions, pillant les plus riches et devenant un gourou anarchiste, embrigadant autour de lui des ouailles… Jung Il-sung magnifie la réalisation en enchaînant les zooms et les plans larges dignes de tableaux religieux. Un grand film !

Un film indépendant : Not in this World de Park Jung-bum

park jung-bum not in this world

Opus de 2h45 sans doute pensé comme un film coup de poing et conceptuel. Misérabilisme, prostitution de mineures, violence exacerbée, rédemption… le tout se voulant une parabole biblique (le personnage principal s’appelle Ji-su – phonétique de Jesus). L’histoire : Ji-su, ado apprentie rappeuse et rejetée de tout le monde (ses amies prostituées, sa famille, l’homme qu’elle aime) décide de rejoindre une organisation criminelle pour se venger et tout détruire sur son passage. Sur son chemin, elle croise Jeongcheol (interprété par le réalisateur lui-même) : un marginal qui a quitté sa famille mais qui continue de communiquer avec son père pourtant décédé. Un bon samaritain qui veut aider Ji-su avant sa chute (et celle de ses « amis »).

C’est long, violent, parfois ampoulé et foutraque… mais reste passionnant malgré la noirceur du propos. Ce film a été sélectionné en 2017 au Festival de Busan pour bénéficier de l’aide de l’Asian Cinema Fund. Park Jung-bum n’est pas un inconnu car il a réalisé 3 autres longs métrages : The Journal of Musans (2010), Alive (2014) et Height of the Wave, récompensé cette année au Festival de Locarno. On a hâte de découvrir tout cela.

Un documentaire politique : This is not a Documentary 2 de Park Hong-yeol & Hwang Da-eun

this-is-not-documentary-2

Le titre est trompeur : c’est un documentaire… et c’est la suite de This is not a Documentary sorti en 2005. Un personnage en commun : Yeongkwon, un idéaliste qui s’engage en politique. En 2004, le jeune Yeongkwon menait campagne pour devenir député. 14 ans plus tard, il mène campagne pour devenir élu d’un district de Séoul. Son credo : faire campagne dans la rue, au plus près des ‘vraies gens’, tout ça avec une poignée de militants et pas de financement. Un candidat assez iconoclaste (qui fait le contraire des autres candidats et s’adonne au hula hoop au milieu de la rue).

Ce documentaire fait penser au diptyque Campaign du Japonais Soda Kazuhiro. Un long-métrage intéressant pour ce personnage doux rêveur, loin de la politique actuelle. Le documentaire est co-réalisé par Park Hong-yeol, directeur de photographie pour la plupart des derniers films de Hong Sang-soo. Anecdote : ce documentaire est en partie une affaire d’amitié car Park et Yeongkwon se connaissent depuis le milieu des années 90.

Marc L’Helgoualc’h.

Imprimer


Laissez un commentaire


*