Annecy 2019 – Jour 3 : The Twilight Zone

Posté le 14 juin 2019 par

C’est parti pour le 3e jour de couverture du Festival d’animation d’Annecy. Petit point météo car c’est bien obligatoire : il faut beau et j’en ai profité pour m’enfermer dans les salles obscures et visionner trois films asiatiques qui m’ont transportée aux pays des chiens et des univers parallèles ! 

Cette troisième journée, bien remplie, nous a fait passer littéralement du rire aux larmes. Trois films au programme tous très différents : un long-métrage coréen, Underdog, et deux films japonais, pour rester dans la thématique du pays invité, The Relatives Worlds et Promare.

Présenté dans la sélection Contrechamp, Underdog, ou Nous les chiens pour sa future sortie française par Jokers, réalisé par Lee Chun-Baek et Oh Seong-yun, met en scène le chien Moong-chi, lâchement abandonné par ses maîtres dans la nature. Pour survivre, il doit s’allier à une bande de chiens errants fuyant la folie des hommes et cherchant un coin de paradis loin de la civilisation humaine. La Corée n’a jamais été connue pour la qualité de ses films d’animation, si ce n’est le réalisateur Yeon Sang-ho (King of Pigs), qui ne connaît malheureusement qu’un succès critique avec ses films d’animation. Underdog ne va pas révolutionner l’animation coréenne, loin de là. Mais, malgré tout, le film, tel un nouveau Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (en moins bien), reste mignon et ne montre aucune prétention. Alors, certes, on a déjà vu cette histoire plusieurs fois, et souvent mieux mise en scène, mais notre petite cœur sensible ne peut être que touché par cette aventure de chiens errants. Les violons sont là, dès le début du film, et ne cessent de pleurer au fur et à mesure qu’apparaît la méchanceté des hommes, prêts à tout pour tuer la gentille meute. A l’inverse, d’autres hommes sont la gentillesse incarnée et prennent en charge nos petits blessés. La nuance n’a ici pas sa place ; ce qui ne nous étonne pas trop de la part du cinéma coréen. Le film parvient à garder un rythme soutenu pendant 1h45 – une durée assez longue pour un film animé – et, malgré quelques ratés dans les courses-poursuites en vue subjective, l’animation reste de bonne facture sans être transcendante.

Passons au Japon, le pays invité cette année à Annecy. The Relative Worlds, premier long-métrage du jeune Sakuragi Yuhei, était présenté en compétition. Le film suit Shin, un lycéen qui vit à Tokyo, à l’heure où le pays connaît un fort taux de morts subites. Un jour, il rencontre un garçon nommé Jin, parfaitement semblable à lui, qui prétend venir d’un autre monde. Selon Jin, un monde parallèle existe, où règne une princesse malfaisante, Kotoko. Jin s’est rendu à Tokyo pour tuer le double de Kotoko, qui se trouve être la meilleure amie de Shin, Kotori. Le film débute gentiment, puisque l’on suit Shin, qui essaye tant bien que mal de vivre avec une mère décédée et un père souvent absent. Son amie, Kotori, le soutient depuis des années et elle est éperdument amoureuse de lui. C’est mignon et kawaï. En parallèle, nous voyons apparaître des images de ce monde parallèle, où tout n’est que violence et destruction. Et là, le drame arrive… En effet, au bout de 10min de film, une voix off nous explique le concept du film, tout simplement. Au lieu de faire comprendre subtilement le lien entre ces deux mondes, tout nous est mis sur un plateau. La suite du film bascule vers la science-fiction qui voit s’affronter les forces des deux mondes, par l’intermédiaire de mecha. Visuellement, on se retrouve devant un animé japonais lambda, au chara-design émo et légèrement cliché, il faut bien l’avouer (ah, ces jeunes et leur mèche devant les yeux). Pourtant, The Relative Worlds parvient à se distinguer de ses comparses japonais en ayant utilisé le deep learning, soit l’intelligence artificielle, pour son animation. Malheureusement, le résultat n’est pas concluant : les personnages semblent avoir parfois du mal à se déplacer et le rythme en devient bancal. On pardonnera au réalisateur ce petit échec pour son premier long-métrage.

Après un court passage au cocktail japonais au bord du lac, direction la séance Midnight Specials mettant à l’honneur le film Promare de Imaishi Hiroyuki, qui sera prochainement distribué par Eurozoom. A l’origine de Gurren Lagann (2007), et de KILL La KILL (2013), le duo formé par Imaishi Hiroyuki et Nakashima Kazuki reprend du service avec Promare. Née d’une mutation, une nouvelle race humaine capable de manipuler le feu apparaît, les burnish, causant la destruction par le feu de la moitié du monde. Trente ans plus tard, les agressifs mad burnish attaquent de nouveau à coups d’incendies. Afin de remédier à la situation, une escouade motorisée de sapeurs-secouristes nommée burnish rescue est fondée. Au milieu d’un gratte-ciel en flammes, le nouveau membre des burnish rescue Garo Thymos affronte violemment le leader des mad burnish : Rio Fotia. Garo parvient à le capturer, mais Rio s’enfuit avec deux autres prisonniers. Garo les prend en chasse jusqu’à leur repaire, où il tombe face à face avec des burnish qui vivent et travaillent avec ardeur. Sur ces entrefaites, Rio lui fait part d’une terrible vérité… Autant l’avouer : rarement une séance de cinéma aura été autant animée, tous festivals confondus. Des hordes de fans étaient présentes, à hurler dès la bande-annonce du festival. Ce déchaînement bon enfant a augmenté au fur et à mesure de la projection. Il faut avouer que Promare se prête à cela : le film envoie la sauce dès le générique et ne cesse d’en mettre plein la rétine du spectateur. Si vous vous demandez à quoi peut ressembler la véritable destruction au cinéma, courrez voir Promare à sa sortie. Tout explose, tout le temps, dans toutes les couleurs de l’arc en ciel. Les personnages sont filmés en gros, très gros plan, les mecha font 100m de haut. Et, surtout, ce rythme ne s’arrête quasiment jamais ! Alors, quand nos héros finissent dans le système solaire pour sauver la Terre, forcément… on ne peut que suivre. Rapidement, les explications n’ont plus aucun sens mais qu’importe ! Au final, la narration se tient, ce qui tient du miracle.

Rendez-vous demain pour le 4e jour du festival avec la mise en ligne d’un premier entretien !

Elvire Rémand.

Imprimer


Laissez un commentaire


*