Okinawa International Movie Festival 2019 – Jour 4 : Sabre et Pinceau

Posté le 22 avril 2019 par

Clôture du festival à l’heure du déjeuner… tapis rouge au cœur de la ville avec les grands comiques de l’agence Yoshimoto -la foule reconnaît chacun d’entre eux- et les invités de marque. Parmi ceux-ci, l’acteur Kôra Kengo, présent avec deux films, How Many Miles to the Water de Hiroki Ryuichi, et surtout Tajuro Jun Aiki / Love’s Twisting Path de Nakajima Sadao. Manifestation chaleureuse et autre modèle d’investissement culturel qui aura permis des rencontres avec Nakajima et Kôra, Okuda Eiji, et Gakuryu ‘Sogo’ Ishii.

Love’s Twisting Path de Nakajima Sadao, avec Kôra Kengo, Terajima Susumu, Tabe Mikako.
Âgé de 84 ans, Nakajima Sadao reste un des rares cinéastes de sa génération, avec Yamada Yoji, à tourner. Lié depuis ses débuts au studio Toei, dont le premier film en tant que réalisateur remonte à 1964, il en a signé soixante depuis. Passant du chanbara au film de yakuza, il compte parmi les innovateurs aux côtés de complices tels que Ishii Teruo et Fukasaku Kinji, ou encore dans les productions érotiques Toei à la fin des années 60/début 70 (il tourne avec Sugimoto Miki, consacre un documentaire à Dan Oniroku), Nakajima fut un véritable ‘bad boy’ du cinéma de l’ère Showa.

Néanmoins, son dernier film de fiction remontait à 1998 et ce Love’s Twisting Path appartient si peu à la production contemporaine qu’il semble faire figure d’objet enfoui puis restauré tant ses qualités de scénario et tournage appartiennent à un autre Japon. Afin de souligner cet aspect du film, Nakajima le dédie à Ito Daisuke, cinéaste du sabre né à la fin du 19e siècle. Il situe le récit à la fin de l’ère Edo, sur fond de conflit entre les forces du Shogun et des samouraï du Choshu qui veulent rendre le pouvoir à l’Empereur. Autrefois le plus foudroyant d’entre eux, Kiyokawa Tajuro, désormais artiste et ivrogne, s’est retiré de l’histoire afin de vivre au seuil de la taverne d’Otoyo. Ses anciens complices le retrouvent, l’implorent à rejoindre leur combat. Son refus ne satisfait pas les hommes du Shogun, venus menacer Otoyo et ceux qu’elle accueille.

Là où un Sanjuro ou un Zatoichi appellerait à la surenchère, chaque séquence répondant aux adversaires disparus en les remplaçant à partir d’une source quasi-intarissable d’hommes disposés à périr, Tajuro est habile, pas invincible. Ce sont les mêmes hommes qui le poursuivent, qui frappent. En cela, Nakajima dispose d’un atout, l’intelligence du jeu de Kôra Kengo, qui feint, qui fuit et mesure, malgré la réputation qui d’un coup à l’autre lui échappe. Il étire le supplice, notamment dans une extraordinaire séquence de combat dans une forêt de bambous, afin que Otoyo puisse s’échapper, lucide devant la défaite qui l’attend au sabre de Terajima Susumu, autrefois fidèle aux univers de Kitano et Kore-eda. Kôra Kengo, acteur qui a tourné avec Aoyama Shinji, Miike Takashi, Hiroki Ryuichi, acteur de voix chez Takahata, mais aussi immense star de feuilletons télé, se prête entièrement au projet de Nakajima, refusant tout effet de second degré, de citation. Tajuro devient ce dernier samouraï de plus.

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