When A Wolf Falls in Love with a Sheep est le second long-métrage de fiction du réalisateur taïwanais, Hou Chi-jan. Il nous dépeint une histoire d’amour contemporaine à travers le portrait d’une jeunesse désœuvrée.
Le métrage du jeune réalisateur taïwanais nous montre la rencontre entre Tung (Kai-ko) et Yang (Jian Man-shu). Les deux jeunes perdus dans leur quotidien et dans une mélancolie latente vivent une romance par un échange de dessins sur des copies d’examens. Dès les premières minutes, le film s’inscrit clairement dans son temps. Le jeune réalisateur multiplie les effets que ce soit de l’utilisation de photo, de stop-motion, d’images animées voire des effets spéciaux. Il met l’ensemble de ces artifices esthétiques au service du malaise de son personnage qui vient de vivre une rupture douloureuse. Son rapport au monde devient dès lors trouble, comme la mise en scène de Hou Chi-jan. Néanmoins, la joliesse qui se construit paradoxalement à travers la photographie et surtout le casting, ne sert pas cette entreprise. Nous nous retrouvons alors dans une tristesse, un spleen très théorique car il est explicité par les effets mais nous sommes baignés par les lumières douces du quartier de Nanyang et le jeu très convenu de l’ensemble du casting.
Au-delà de son histoire d’amour, le réalisateur tente également de donner vie au quartier, qui est un lieu mouvementé de Taipei. Il tisse en parallèle à son histoire, une sorte de toile qui serait celle du quartier comme une allégorie de la jeunesse taïwanaise. Pour cela, il crée une nébuleuse de personnages secondaires qui ponctuent le parcours des deux protagonistes principaux tout en participant à une sorte de mythologie moderne du quartier. Cela correspond également à une esthétique de vignette, qui marque maladroitement la modernité du film. La joliesse du métrage qui semblait contredire la tristesse des personnages se dévoile comme une tentative de réenchanter le monde. Ainsi, Hou Ji-chian veut donner une vision optimiste d’une jeunesse perdue, ou du moins qui se croit perdue.
A plusieurs reprises, le réalisateur nous donne à voir des images mentales ou des souvenirs pour sonder le cœur de la jeunesse entre désillusion et pragmatisme interlope. Tout le monde porte une blessure secrète, et ne parvient pas à transcender cette dernière. Alors qu’il montre des comportements et des situations assez singulières, le réalisateur ne prend jamais de haut les personnages. On ne peut donc rejeter le film pour sa mièvrerie puisque c’est du traitement de cela dont il s’agit, même si le réalisateur marque l’ensemble de ses intentions par des effets très répétitifs. Le métrage ne souffre pas de défauts techniques, et c’est justement la qualité d’exécution des idées qui distingue When A Wolf Falls in Love With a Sheep. Certes, ce n’est pas extraordinaire, mais il y a quand même une sorte de rigueur dans la fabrication qui peut rendre le tout intéressant, dans une certaine mesure.
Kephren Montoute.
When A Wolf Falls in Love With a Sheep de Hou Ji-chian. Taïwan. 2012. En édition collector Blu-Ray + DVD le 24/04/2018.