VIDEO / VOD – THE KING OF PIGS DE Yeong Sang-ho (Outbuster / SPECTRUM FILMS)

Posté le 29 juillet 2017 par

Un budget maigre, trois personnages rejetés par la communauté et une animation raide sont des éléments peu convaincants pour appeler le public à découvrir un film. Mais, le pas franchi, l’expérience récompense le courage. Retour sur The King of Pigs, première oeuvre et première réussite de Yeong Sang-ho, futur réalisateur de Dernier train pour Busan, à découvrir en VoD sur Outbuster et en vidéo chez Spectrum Films.

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Pour voir le film, suivez le lien !

Après une scène d’introduction avec un des protagonistes adulte, l’action se déplace rapidement dans le contexte principal du film : une quinzaine d’années auparavant dans un lycée où règnent la violence et l’anarchie. Ou plutôt une anarchie face aux adultes et une hiérarchie bien établie et peu convenable dans les rangs des étudiants. C’est l’autorité disproportionnée des « chiens » sur les « cochons ». Les violences seront surtout subies par trois garçons, unis par l’amitié ou par leur situation défavorisée par rapport à leurs camarades. La recherche d’un échappatoire les rapprochera à vie, plus qu’ils ne l’auraient soupçonné.

L’animation crue, destinée aux adultes, n’est un genre ni classique ni populaire mais elle a fait ses pas vers la maturité. La Vie pour 9.99 dollars (de Tatia Rosenthal, 2008), Princesse (d’Anders Morgenthaler, 2006), Valse avec Bachir (d’Ari Folman, 2008), ont tous à leur époque été salués pour leur courage et leur originalité. Le choix de cette technique, quelles qu’en soient les motivations artistiques, engendre toujours un effet d’absorption du choc de la violence. En même temps, la subjectivité extraordinaire que seule l’animation peut attribuer à une réalité renforce la gravité des thèmes.

Dans The King of Pigs, l’animation est un medium qui, seulement de manière très discrète, suggère l’humeur qui règne. Les images semblent presque privées d’élan émotionnel, tellement elles sont neutres et peu élaborées. Ce qui à la base a été une contrainte, faute d’argent, se transforme en outil de la mise en scène et souligne le sentiment d’indifférence et de passivité que les événements transmettent. Selon les mots du réalisateur, la priorité du travail des animateurs a été les expressions des visages pour construire des personnages complexes et crédibles. Et effectivement ces caractères sont bien plus humains, même beaucoup plus développés, que la plupart des personnages dessinés, produits par l’industrie japonaise, par exemple.

Lors du déroulement du film, il n’y a presque jamais de jugement ou de parti pris, pas de solution, donc pas de morale non plus. Le spectateur est harcelé par les images sans issue presque comme le sont les lycéens – des cochons. Le concept de l’adolescence comme âge insouciant est complètement fouillé et contesté dans un monde où le cercle vicieux de la violence se répand dans tous les liens et rapports.

Yeong Sang-ho s’inspire selon ses propres mots, d’œuvres comme Mystic River de Clint Eastwood et Himizu, le manga de Furuya Minoru. Et avant ceux-là, à l’origine il y a un rêve, autant que des expériences réelles. Au final la gravité de son sujet est bien tangible : la vie adolescente sans pitié, sans repère, sans appui, est montrée comme le départ vers une vie adulte, elle aussi dans une lutte sans issue. Ainsi, Yeun Sang-Ho conçoit une œuvre difficile à digérer, forte et franche, une réussite du cinéma d’animation non conventionnel.

Alexandra Bobolina.

The King Of Pigs de Yeong Sang-ho. Corée. 2011. 

Voir le film sur Outbuster ici ! 

DISPONIBLE EN BLU-RAY & DVD chez Spetrum Films le 17/12/2016. Lien d’achat

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