FICA 2017 – The Land Of Hope de Sono Sion – Campagnes d’Asie (VESOUL)

Posté le 5 février 2017 par

Sono Sion, réalisateur considéré comme punk pour ses films extrêmes, revient avec The Land Of Hope, œuvre effroyablement d’actualité, après un Himizu qui avait déjà marqué les spectateurs par un propos virulent dissimulé derrière une réalisation plus posée. The Land Of Hope, après une sortie cinéma un peu confidentielle, est à redécouvrir au 23ème Festival International des Cinémas d’Asie (FICA) de Vesoul dans la section Campagnes d’Asie.

Sono Sion, bien que n’ayant pas encore la reconnaissance du grand public, commence à être reconnu à sa juste valeur. Ses films ont droit à des éditions DVD de toute beauté (sauf Cold Fish hélas, chef-d’œuvre distribué en VOD à la sauvette), sont diffusés en festival (Himizu a été primé à Deauville) et sortent même au cinéma (dans un nombre de salles restreint, évidemment).

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Si le réalisateur est capable d’une folie dans sa réalisation et si le propos le mérite (difficile d’oublier Love Exposure), il a l’intelligence de s’adapter à son sujet et, avec The Land Of Hope, il pose sa caméra, ne voulant pas que le propos du film soit noyé sous une réalisation tapageuse. The Land Of Hope traite en effet d’un sujet effroyablement d’actualité, l’irradiation du Japon dû à l’explosion de sa centrale nucléaire. Filmé souvent dans les lieux réels (les moins dangereux bien sûr) et à l’histoire écrite en respectant les propos des survivants, Sono Sion nous livre un film tétanisant d’horreur d’un bout à l’autre, désespéré jusqu’à ce que le film écrase le spectateur, lui saisisse le cœur et le broie dans une étreinte étouffante.

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Car The Land Of Hope n’est pas qu’un simple film, c’est un chef-d’œuvre (terme souvent galvaudé mais qui a ici totalement sa place) qui se vit, se ressent. C’est l’histoire du Japon et de la stupidité du gouvernement, qui détermine une zone de sécurité autour de la centrale, et décrète qu’à deux mètres près, les gens ne sont plus en danger. C’est l’histoire de la conscience collective qui, pour certains oublient très vite ce désastre (alors que les conséquences peuvent durer des décennies) et pour d’autres, ressentent une terreur maladive et se mettent à voir des radiations partout. Et c’est aussi une histoire sur l’amour, poignante, bouleversante, à pleurer, entre ce vieux monsieur et sa femme, tous deux refusant de quitter leur demeure, préférant y mourir, et entre ce jeune homme, prêts à tous les sacrifices pour conforter sa femme paranoïaque et rester avec elle. C’est aussi une histoire d’amour entre ce vieux monsieur et son fils, lui ne voulant pas abandonner son père, et ce dernier se faisant cruel pour le forcer à partir, pour le sauver.

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Sono Sion, comme avec Himizu, calme donc sa caméra, mais évite les quelques caricatures de ce dernier, pour laisser son récit, magnifique mais d’une tristesse effroyable, s’écouler de l’écran, jusqu’aux derniers plans, d’une beauté et d’une poésie à pleurer. Sono Sion parle à nouveau d’une fuite en avant, qu’il avait aussi mis en scène dans son film précédent, mais ici qu’il veut sans espoir ou presque. Les acteurs, eux, sont tous parfaits, donnant vie à des personnages simples mais tellement humains, auxquels on ne peut que s’identifier.

The Land Of Hope est un film essentiel, un grand moment de cinéma et de sensibilité qui se vit autant qu’il se regarde, un message d’amour tout autant qu’une mise en garde. Sono Sion livre ici un chef-d’œuvre devant lequel il est impossible de rester insensible.

Yannik Vanesse. 

The Land Of Hope de Sono Sion, à voir au  23ème Festival International des Cinémas d’Asie (FICA) de Vesoul du 7 au 14 février. Plus d’informations ici !

Mercredi 8 février à 9h30 – Majestic 5
Samedi 11 février à 9h30 – Majestic 5

 

 

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