DVD – Hardcore Henry d’Ilya Naishuller : FPS fun et régressif

Posté le 17 septembre 2016 par

Après avoir ouvert la nuit fantastique du Brussels International Film Fantastic Festival (BIFFF) et une sortie salles aussi surprenante que bien venue, Hardcore Henry arrive en DVD et Blu-ray. L’occasion de voir ou de revoir un film reposant sur un concept vidéoludique et de vérifier que le film d‘Ilya Naishuller va plus loin que ce simple concept. Le voilà disponible en DVD et Blu-ray grâce à Metropolitan.

Hardcore Henry est le premier long-métrage de son réalisateur (qui s’occupe aussi de l’écriture du film), mais force est de constater que son intérêt pour le jeu vidéo n’est pas opportuniste, puisque l’homme a participé à l’écriture de Payday 2, jeu vidéo datant de 2013. A la production, nous découvrons Timur Bekmambetov, réalisateur bourrin et décomplexé qui avait fait parler de lui avec ses nanars des plus fun (Nightwatch, Wanted, ou encore Abraham Lincoln Vampire Hunter). A tout cela s’ajoute un court cameo de Tim Roth, incarnant le père de Henry (son apparition ouvre et clôt le métrage et, même si on ne le voit que très peu, le personnage est d’une importance capitale).

Hardcore henry

Cette belle équipe se met donc au service d’un film entièrement FPS (first-person shooter). Ce procédé, uniquement vidéoludique, englobe donc les jeux vidéos guerriers où le joueur voit à travers les yeux de son protagoniste, et donc à l’écran, ne voit que les décors, les ennemis et les mains (la plupart du temps équipées d’une arme) de celui qu’il incarne. Ce procédé, parfois quelque peu utilisé au cinéma (Doom, adaptation du plus célèbre FPS, lui rendait hommage lors d’une scène) n’a jamais été poussé sur toute la durée d’un film. Il faut en effet le distinguer d’un found footage, dans lequel le protagoniste principal tient la caméra qui enregistre tout. Ici, nous voyons à travers les yeux du héros, et nul besoin de justifications parfois foireuses pour expliquer que le cameraman continue de filmer alors qu’il est poursuivi, par exemple.

Autant être clair immédiatement, le procédé étant respecté d’un bout à l’autre : la vision de Hardcore Henry est épuisante pour les sens ; passionnante et visuellement très bien faite (les effets spéciaux sont vraiment excellents et tout est fait pour ressentir les sensations d’un FPS), mais les yeux sont extrêmement sollicités et le spectateur ressort de la vision de Hardcore Henry plutôt épuisé.

hardcore-henry

Sorti de cela, le film se révèle scénaristiquement con comme la Lune. Henry se réveille dans un labo. Il était à moitié mort, on lui a greffé un bras, une jambe, il ne sait pas parler. Très vite, on essaie de le tuer (le grand méchant est un homme possédant des pouvoirs télékinétiques) et Henry va passer son temps à fuir, tuer, et aller à différents points.

Cependant, si l’histoire est basse du front au possible, tout est fait pour que la tension ne baisse jamais et pour que les tics de jeux vidéos soient exploités au mieux. Souvent, Henry reçoit un coup de fil d’un scientifique cherchant à l’aider, qui lui demande d’aller à un endroit, accomplir un objectif, et l’endroit apparaissant sur un GPS, le spectateur découvre l’utilisation des mini-cartes vidéoludiques.

Sharlto Copley stars in HARDCORE HENRY Courtesy of STX Entertainment

Hardcore Henry cherche le fun, l’originalité de ses situations et l’action non-stop. Nous allons ainsi de bâtiments désaffectés en sex-clubs, courses-poursuites en voitures, attaques d’hélicoptère et bien d’autres situations. Les personnages secondaires sont complètement décalés, les dialogues sont souvent très drôles, et le film est extrêmement gore et violent. Le sang gicle, les assaillants perdent des membres, et le spectateur ne s’ennuie jamais.

Hardcore Henry est ainsi un concentré de fun et de plaisir (souvent coupable) qui mérite vraiment d’être découvert, tant se laisser aller dans ce maelström de violence débridée et de situations over the top procure du plaisir. Certes, le film ménage aussi quelques retournements de situations, mais au final, Hardcore Henry vaut surtout pour son concept, tenu d’un bout à l’autre, et pour le délire jusqu’au-boutiste qu’il propose.

Yannik Vanesse.

Hardcore Henry d’Ilya Naishuller (2015), disponible en DVD et Blu-ray depuis le 19 août 2016.