Ça y est, c’est le jour J ! Ce soir, du beau monde défilera sur la Croisette pour assister à la cérémonie d’ouverture et à la projection de Café Society de Woody Allen. East Asia n’y sera pas… ce qui manquera certainement beaucoup au tapis rouge ! Il faudra en effet attendre le 13 mai pour que notre envoyé spécial (moi, en l’occurrence) débarque au soleil pour s’enfermer dans les salles obscures. Alors, pour l’instant, tout ce qu’on peut faire, c’est vous parler de nos attentes asiatiques !
Commençons par le début : la sélection officielle et sa compétition. Vu le peu de films asiatiques sélectionnés (trois), on peut dire qu’on les attend tous ! Agassi (Mademoiselle) réalisé par Park Chan-wook est évidemment l’évènement cinématographique pour tout fan de cinéma asiatique. De Joint Security Area à Lady Vengeance, la qualité de sa filmographie fait quasiment l’unanimité. A partir de 2006, le cinéaste commence à diviser avec Je suis un cyborg mais surtout Thirst, ceci est mon sang. Mademoiselle signe le retour en Corée pour Park Chan-wook après avoir fait une tentative – plutôt réussie – aux Etats-Unis avec Stoker. D’après les premiers visuels dévoilés, Park Chan-wook n’a pas perdu son talent de la mise en scène et son directeur de la photographie, Chung Chung-hoon, est toujours au taquet ! Bien sûr, il y a d’autres films asiatiques en compétition : Ma’Rosa de Brillante Mendoza, par exemple. East Asia apprécie grandement ce réalisateur philippin. Personnellement, je connais très peu sa filmographie. Mais je fais confiance à mes confrères et irai donc voir ce film, au synopsis quelque peu déprimant (des bidonvilles, de la méthamphétamine, la police…), les yeux fermés (ou presque). Dernier film asiatique en compétition : Le Client d’Asghar Farhadi. Que dire… si ce n’est qu’Asghar Farhadi n’est peut-être pas le meilleur représentant de ce beau pays qu’est l’Iran. Une Séparation m’avait laissée de marbre et Le Passé m’avait passablement agacée. En même temps, sa sélection n’est pas pas une surprise (il est soit présent à Berlin, soit à Cannes). La curiosité nous poussera quand même à visionner son nouveau film.
Hors compétition, nous n’aurons pas grand chose à nous mettre sous la dent, côté asiatique bien sûr. Mais le seul film sélectionné vaut le détour puisqu’il s’agit de Gokseong (The Strangers) de Na Hong-jin, réalisateur qui prend son temps entre chaque film. Mais cette tactique lui réussit puisque The Chaser et The Murderer sont des petite pépites du genre ! La Corée est décidément bien représentée cette année – alors qu’on n’arrête pas de dire que le cinéma coréen est mort – puisque Train to Busan sera en séance de minuit. Ce film promet d’être intéressant puisque réalisé par Yeon Sang-ho qui n’a tourné, jusqu’à présent, que des films d’animation. Lui qui arrive à dépeindre une société ultra sombre par des dessins (The King of Pigs, The Fake), arrivera-t-il à faire de même avec des acteurs ? Du côté des séances spéciales, il faudra compter sur le réalisateur cambodgien Rithy Panh et son Exil décrit comme « une méditation sur l’absence ». L’Image manquante avait été une bonne et étonnante surprise. A voir ce qu’il en est pour Exil.
Comme souvent, la catégorie Un Certain Regard sera le repaire des films asiatiques. Le plus attendu est certainement After the Storm de Kore-eda Hirokazu, qui semble aussi pur et « simple » que ses précédents films. Quel dommage de ne pas l’avoir sélectionné en compétition… Quelques autres films titillent également notre curiosité : Harmonium de Fukada Koji qui est un cinéaste à suivre (Sayonara en est la preuve) ou La Tortue rouge de Michael Dudok de Witt, coproduit par les studios Ghibli. Enfin, on se penchera sur Apprentice du réalisateur singapourien Boo Junfeng et Inversion du cinéaste iranien Benham Behzadi. Et si l’âme slave nous manque, on comblera ce vide par Le Disciple réalisé par Kirill Serebrennikov.
La Quinzaine des Réalisateurs nous plongera dans le cinéma de l’Asie du Sud avec le film indien Raman Raghav 2.0 qu’on a hâte de découvrir, puisque réalisé par Anurag Kashyap qui a déjà œuvré sur Gangs of Wasseypur et Ugly. Le deuxième long métrage sélectionné nous vient d’Afghanistan, pays dont on connaît assez peu la cinématographie, voire pas du tout : Wolf and Sheep de la cinéaste Shahrbanoo Sadat.
Enfin, la Semaine de la Critique permettra de mettre en avant le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou et Diamond Island ainsi que le film singapourien A Yellow Bird de K. Rajagopal. Vous dire que ces deux films sont des attentes serait vous mentir puisque je ne connais absolument pas ces réalisateurs. Mais c’est ça aussi, la magie de Cannes !
Vous l’aurez compris, on attend beaucoup des quelques films coréens et japonais sélectionnés. On pourra regretter qu’aucun film chinois n’ait été sélectionné alors que ce cinéma en vaut la peine.
Et s’il nous reste du temps, on ira zieuter The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, Loving de Jeff Nichols, Blood Father de Jean-François Richet, The Nice Guys de Shane Black, Le BGG de Spielberg et bien d’autres. Et peut-être même qu’on pourra s’entretenir avec quelques réalisateurs asiatiques !
Bref, ce festival promet d’être dense ! On se retrouve ce week-end pour un premier compte-rendu !
Elvire Rémand.