DVD – Kundo, de Yun Jong-bin : Divisés, ce sont des brigands, ensemble, ils sont le peuple

Posté le 12 septembre 2015 par

C’est cette maxime que brandissent les héros de Kundo, film disponible depuis peu en DVD. Le réalisateur avait déjà marqué les esprits avec le prodigieux Nameless Gangster, et il nous offre aujourd’hui une oeuvre très différente en apparence, que ce soit dans ses thématiques, son ambiance ou ses influences, mais pourtant certains liens se créent.

Le réalisateur n’hésite pas, dès le prologue, à déployer des images bien sombres pour créer son ambiance. Ici, il projette ses personnages dans les années 1800, une voix off racontant comment à cette époque, la corruption était partout, les riches s’emplissant les poches au détriment du peuple. En cela, le climat n’est guère différent de celui de Nameless Gangster. Cependant, le peuple de Kundo a la chance de pouvoir compter sur un clan de brigands (qui criera lors du final la maxime servant de titre à l’article, pour rallier le peuple à sa cause) bien décidé à lutter contre les pourris se croyant tout permis. Ils n’hésitent pas, par exemple, à les exécuter comme eux-même exécutent le peuple régulièrement. Ainsi, c’est rapidement une ambiance à mi-chemin entre Robin des Bois (ils ont même un prêtre bouddhiste avec eux) et western (entre les chevauchées au ralenti, et le final dans le soleil couchant) à laquelle assiste le spectateur.

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Tout comme dans Robin des Bois, il fallait mettre face à nos héros un méchant cruel, sadique, dénué d’âme, et aussi iconique que ses défenseurs de la justice (présentés lors d’un arrêt sur image plein de couleurs). Kang Dong-won y parvient à merveille, son physique de mannequin créant une dichotomie entre son âme sombre et son visage d’ange mais, tout comme pour le chef des brigands, son passé est raconté, lors d’un flash-back. Cela permet au spectateur de ressentir de la compassion pour le jeune homme, au vu de ce qu’il a subi, et de comprendre comment il a pu devenir ce monstre dénué de scrupules.

Face à lui, les brigands emblématiques se définissent surtout de par leur arme de prédilection, le réalisateur parvenant à faire comprendre les sentiments de chacun avec quelques lignes de dialogues, quelques gestes, sans en faire trop. Cela fonctionne à la perfection, et le seul personnage véritablement développé est Dolmuchi, qui rejoindra le clan sur le tard et se révèle rapidement être le héros du film. Son parcours permet de s’identifier à lui, de comprendre son désir de vengeance, mais aussi de porter un regard neuf sur le clan de brigands.

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C’est ainsi une longue fresque historique tout autant d’époque que d’actualité qui se déroule devant les yeux des spectateurs, et Yun Bong-jin y insuffle tout ce qu’il faut pour qu’il soit impossible de s’ennuyer. Les personnages sont attachants (y compris le méchant du film), les séquences d’action aussi nombreuses qu’intenses, superbement chorégraphiées et aux ralentis bien choisis pour magnifier l’action. Le réalisateur y ajoute de petites touches d’humour, en grande partie grâce aux dialogues des brigands, qui voient leur lutte de manière détendue. Cela permet de désamorcer par moment un propos par ailleurs très sombre, n’hésitant pas à marquer les esprits par des séquences de torture, de pendaisons (y compris d’enfants), et de cruauté générale.

Kundo est donc un très bon film, qui sait doser ses différents éléments pour livrer une superbe fresque, même si l’histoire ne surprend jamais, trop convenue pour cela. Cependant, le film est suffisamment entraînant pour que cela ne dérange pas le spectateur, et qu’il se laisse porter par ce récit intense, plein de bruit et de fureur, ainsi que de personnages iconiques.

Yannik Vanesse.

Kundo, de Yun Bong-jin, disponible en DVD et Blu-ray chez HK Video depuis le 02 juillet 2015.