Parmi la sélection du Festival du Cinéma Chinois en France 2014, Benny Chan revient en force avec The White Storm, gros film d’action de presque 2h30, mettant en scène les stars hongkongaises Nick Cheung, Louis Koo et Lau Ching-wan.
Synopsis
A Hong-Kong, trois amis d’enfance sont devenus des policiers d’élite. Deux ont rejoint le Bureau des Narcotiques. Quant au troisième, il a été désigné pour infiltrer l’une des plus importantes triades locales. A eux trois, ils vont mener une guerre implacable aux réseaux et au florissant business de la drogue. Leur quête les mène jusqu’en Thaïlande et à un dangereux parrain surnommé le « Bouddha aux huit bras ». La confrontation finale sera terrible.
Partant d’un postulat qui rappelle Une balle dans la tête de John Woo, Benny Chan va mettre à rude épreuve l’amitié entre les trois protagonistes, en les plongeant dans l’enfer du trafic de drogue. La séquence d’exposition met en lumière, avec un montage vif que l’on retrouvera tout le long du film, leur lutte pour nettoyer la ville de Hong-Kong de ses trafiquants. S’ensuit une discussion entre nos trois héros, au court d’un rapide repas dans une planque sur un coin de table, qui nous permet de définir le caractère de chacun, leur place au sein du groupe : le chef (Lau Ching-wan), son second (Nick Cheung) et l’infiltré (Louis Koo). Ce dernier est au bord du gouffre après de longs mois plongé au sein d’une opération d’infiltration de grande envergure. Ses deux compères le soutiennent comme ils peuvent, car ils touchent au but. On peut établir un parallèle intéressant entre la notion de dépendance liée à la drogue, et la propension de ces policiers à tout sacrifier pour aller au bout de leur mission, quitte à se perdre eux-mêmes.
A partir de là, le rythme du film, dans sa première moitié, ne faiblit quasiment jamais. Benny Chan enchaîne les scènes de tension et d’action avec une efficacité redoutable. S’appuyant sur un découpage classique mais dynamique, il maintient la pression avec maestria et ne donne que très peu de respiration au spectateur. Les personnages s’enfoncent toujours plus, sans possibilité de retour en arrière, ce qui les amènera vers une issue tragique, où leur amitié sera plus que jamais testée devant un choix cornélien. En alternant scènes de fusillade, attaques d’hélicoptères, courses-poursuites et face-à-face insoutenables, cette longue partie apporte une véritable ampleur au niveau de l’action, même si elle s’avère parfois bordélique et techniquement imparfaite.
Arrivés au bout du chemin, au bord du précipice, nos trois protagonistes subissent les conséquences dramatiques de leurs actes. Une véritable cassure s’opère entre cette première partie et tout ce qui va suivre. Au prix d’un rebondissement assez difficile à avaler, Benny Chan relance son récit pour une dernière ligne droite placée sous le signe du renouveau. Avec toujours autant d’intensité et en s’appuyant sur le charisme de ses acteurs, tous impeccables, il confronte d’abord ses protagonistes, notamment lors d’un duel par voitures interposées, référence affichée au film Une balle dans la tête, avant de les rassembler dans une fusillade finale qui rappelle les grandes heures du polar hongkongais. On sent que Benny Chan met du cœur à l’ouvrage pour le plaisir du spectateur avide de sensations fortes, même s’il tombe parfois dans le pathos en abusant de scènes tire-larmes alourdies par une musique pompeuse un peu ridicule.
Si son film s’avère peu original et parfois à la limite du too much, Benny Chan montre une habilité certaine pour nous tenir en haleine pendant près de 2h30, en enchaînant les séquences d’action sur un rythme trépidant. Porté par trois acteurs qui donnent beaucoup de matière à leur personnage, The White Storm a tout du plaisir référentiel pour les fans de polars made in HK des années 90.
Nicolas Lemerle.
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