DVD- Twin Dragons de Tsui Hark et Ringo Lam : folie pré-rétrocession

Posté le 18 février 2014 par

Le cinéma de Hong Kong. Période pré-récession bénie, où les moyens étaient certes plus limités, mais la folie créatrice bien présente. C’est un de ces moments de cinéma que nous offre Metropolitan, avec Twin Dragons.

Tsui Hark et Ringo Lam sont deux grands noms du polar venant de Hong Kong. Ils s’associent ici pour livrer un cocktail d’action presque dénué de scénario mais empli de folie. Et, si derrière la caméra il y a deux réalisateurs confirmés, assez frénétiques mais terriblement doués, devant, le spectateur découvre non pas un, mais deux Jackie Chan.

twin dragons

L’acteur, en pleine possession de ses moyens, casse-cou au possible, incarne en effet des jumeaux, séparés à la naissance lors d’une prise d’otage assez folle, comme toutes les cascades du film, mêlant magie des artistes martiaux, assez magnifiques, inventivité de chaque instant, et humour délicieux (à ce titre, le final dans un garage automobile reste un peu long, mais assez impressionnant). L’utilisation d’enfants échangés à la naissance est fréquente au cinéma. Il est possible de citer La vie est un long fleuve tranquille, ou encore Tel père, tel fils. Mais, avec Twin Dragons, point de critique sociale ou autre (même si, comme souvent, l’un va dans une famille riche, l’autre finit dans la pauvreté). Les réalisateurs et nombreux scénaristes crédités recherchent le ressort comique en multipliant quiproquos, méprises et autres, qui mènent à quelques batailles savoureuses où l’utilisation du décor est magnifique (la première séquence, dans un club, reste un moment de bravoure aussi drôle qu’impressionnant).

L’un des jumeaux, donc, va aux Etats-Unis, devenant un musicien de renom, et l’autre, Casse-Cou, tient un garage et sait se battre. Le retour à Hong-Kong de notre musicien va être l’occasion de retrouvailles avec son frère, tous deux ignorant ne pas être seuls, et mener à nombre de séquences emplies de folies.

Bien que plusieurs personnes se soient attelées au scénario (dont Tsui Hark), l’histoire reste assez vide et se contente d’une suite de situations, mélange des jumeaux, bagarres et autres méprises. Cependant, la caméra transcende ces quiproquos pour les rendre savoureux, le summum étant atteint lorsque nos Jackie Chan, ne se connaissant pas, s’installent dos à dos dans un café, la réalisation nous faisant ne plus savoir quel Jackie Chan dit quoi (et bien sûr, les protagonistes se retrouvent dans la même situation). Un grand moment, prouvant l’inventivité et la maîtrise des réalisateurs, qui savent transcender un postulat qui aurait pu s’essouffler assez vite.

Ainsi, Twin Dragons, bien que lassant un peu par moment (trop de quiproquos tuent le quiproquo) est un délire des plus amusant, nanti de séquences d’action aussi folles qu’éblouissantes. Les combats sont chorégraphiés par Jackie Chan et Yuen Woo-Ping, et le résultat est tout bonnement impressionnant, fou, par moment quelque peu suicidaire (Jackie Chan étant connu pour la dangerosité de certaines de ses cascades). Le spectateur assiste à un festival assez hallucinant. Les séquences d’action sont évidemment filmées directement pendant le tournage, et entre les virevoltages de l’acteur principal, les voitures qui explosent, un de nos Jackie Chan devant continuer à conduire un bus à moitié détruit, ou le final dans un garage testant la résistance des voitures, chaque salle étant l’occasion de cascades et combats différents, le spectateur s’ennuie rarement.

Twin Dragons est ainsi un métrage passionnant, représentatif de l’ambiance de l’époque, Tsui Hark et John Woo s’autorisant même un petit cameo, le premier dans une scène assez délicieuse et pleine d’humour.

L’interview de Jackie Chan en bonus ne présente hélas aucun intérêt.

Yannik Vanesse.

Twin Dragons, de Tsui Hark et Ringo Lam, disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan depuis le 10 février 2014.