Pour son premier film, Lim Sang-yoon opte pour un canevas des plus classique, celui d’un tueur à gage trahi par son organisation. France TV Distribution offre le film dans une belle copie dénuée de tout bonus.
Lim Sang-yoon est aussi le scénariste de A Company Man, et décide de débuter son métrage par une scène d’action, une séquence choc qui pose les bases de son film et donne envie au spectateur de suivre les aventures de son anti-héros. La séquence en question est celle d’un assassinat, menée par un jeune homme d’une vingtaine d’année, qui ne sait pas qu’il est prévu qu’il meurt, son contrat accompli. Dès le début de cette scène d’action, l’ambiance est posée : le réalisme ne sera pas à l’honneur. Les ennemis tirent mal, les balles fusent, notre tueur court presque sur les murs. Le réalisateur a ainsi choisi des fusillades dynamiques.
Au terme de ceci, Lim Sang-yoon pose son scénario et ses personnages, limitant les séquences d’action jusqu’à son final explosif. Notre héros, incarné par So Ji-seob, ne tue pas son jeune bouc émissaire et, en allant donner des nouvelles de lui à sa mère, finit par en tomber amoureux. L’histoire est certes prévisible d’un bout à l’autre, mais reste intéressante, touchante par moment, et les personnages crédibles. Lim Sang-yoon a choisi de positionner son organisation criminelle au sein d’une entreprise de façade tout ce qu’il y a de normal, un passage secret permettant d’aller dans le centre névralgique où les contrats sont donnés. C’est ici que le sens du titre prend tout son sel, car l’association de tueurs à gages possède un organigramme précis, comme celui d’une société lambda, les employés recevant des promotions au fil des contrats menés. Si ce choix surprend autant qu’il amuse (et éloigne encore plus de la réalité), le reste laisse le spectateur en terrain archi-connu, les personnages, les réactions et le déroulement de l’intrigue étant prévisibles d’un bout à l’autre.
Mais, si le réalisateur n’opte pas pour l’originalité, cela lui permet de plonger son spectateur dans la saleté que représente à ses yeux la ville de Séoul. Tout y est pourri, immonde. La cible de l’introduction est un témoin protégé par la police, et elle se terre dans un immeuble minable. La femme dont notre héros est amoureux habite dans un quartier sordide et, si la façade de la société est propre, lumineuse, dès le passage secret franchi, le spectateur plonge dans une sorte de cave sombre, humide.
Il est fort possible que A Company Man ne laisse pas un souvenir impérissable, mais il déroule son canevas sans ennui, jusqu’à une longue fusillade finale, plutôt sanglante. Cette scène manque peut-être d’un peu de dynamisme, mais se révèle suffisamment sanglante et bruyante pour maintenir l’attention.
Car A Company Man est le premier film de son auteur, et possède bien évidemment des erreurs de jeunesse. L’esthétique est léchée, l’image très belle, mais le métrage a parfois du mal à choisir entre réalisme, avec ses personnages, son histoire d’amour, et folie visuelle, avec ses séquences d’action très découpées et chorégraphiées. Cependant, le réalisateur est prometteur à en voir ce résultat, et il sera intéressant de découvrir la suite de sa carrière.
Yannik Vanesse
A Company Man, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 23 octobre 2013 chez France TV Distribution.