La Ravaudeuse

Court Métrange : Interview de Simon Filliot, réalisateur de La Ravaudeuse

Posté le 1 novembre 2013 par

Interview passionnante avec Simon Filliot, cinéaste prometteur de La Ravaudeuse.

La 10ème édition anniversaire du festival Court Métrange a été l’occasion de rencontrer un jeune talent du court-métrage avec Simon Filliot qui présentait La Ravaudeuse. D’une grande maîtrise formelle, le cinéaste français dépeint habilement la persévérance d’une mère à séparer ses jeunes fils siamois. Rencontre.

Simon Filliot

Pouvez-vous vous présenter brièvement ainsi que votre parcours professionnel ?

J’ai fait une prépa littéraire puis une prépa cinéma. En 2008, je suis rentré à la fémis dans le domaine de l’image qui m’intéresse. J’aime beaucoup travailler sur la lumière et cela s’est bien reflété dans l’écriture du scénario du film. La Ravaudeuse est mon film de fin d’étude où j’y ai travaillé toute ma quatrième année.

Quelles sont vos influences cinématographiques, certaines vous ont-elles inspiré pour La Ravaudeuse ?

J’aime beaucoup les frères Quay. Pour La Ravaudeuse, les références étaient plus plastiques avec Louise Bourgeois pour tout ce qui est recoudre, le pouvoir de l’aiguille à raccommoder certaines blessures, du rapport au tissu, des couleurs assez chaudes. Un auteur de BD, Fred, notamment le colpoteur.

Pouvez-vous nous parler de la naissance du projet ?

Comme c’était un projet de fin d’études, il fallait un scénario très vite. Pendant que je bloquais sur un autre scénario, j’ai lu une nouvelle,  Ange, du Recueil de la fée verte de Poppy Z Brite. Et dans un coin de page, j’ai commencé à rédiger mon scénario.

Pourquoi avoir choisi ce style visuel pour cette adapatation ?

Dans les études, le mémoire de fin d’année doit donner un film. En fait, c’est le contraire. C’est le film qui donne le sujet du mémoire. Grâce à La Ravaudeuse, j’ai fait mon mémoire sur le cadrage et l’utilisation de la lumière. Je tenais vraiment à animer tout cela en stop motion. C’était très préparé avec une animatique. Tout le découpage était prévu à l’avance y compris le plan de tournage.  Le tournage a duré 9 semaines, et c’est pour cela que l’animation n’est pas super. Avec un tournage de 10 secondes par jour, il est difficile de faire des merveilles.

Pouvez-nous en dire plus sur le jeu des lumières ?

Les extérieurs sont beaucoup plus délavés avec un sentiment de distance. À l’intérieur, les lumières sont plus chaudes pour donner l’impression de quelque chose de vivant. Je voulais qu’on rentre dans les blessures des personnages dans le domaine de l’intime. Au dénouement, on reprend de la distance.

La Ravaudeuse

La mère apparaît comme aussi égoiste que le colporteur… Pourquoi avoir rajouter dans le scénario la scène du viol.

La mère veut bien faire d’un façon un peu naïve et avoir sa place entre les deux, c’est pour cela que ils se retrouvent séparés et elle est très contente. On arrive pas à faire un avec deux personnes. Avec les siamois, cela ne colle pas et le fait d’avoir la mère et le colpoteur ne peuvent pas s’unir non plus

 Quel a été le budget et le temps de tournage du film ?

Le film a coûté 4 700 euros et a été financé par la fémis avec une bourse de 6 000 euros pour la postproduction. C’est une production qui s’est faite très vite, j’ai commencé début septembre pour le présenter en juin.

Quels sont vos prochains projets ?

Je continue de bloquer sur mon scénario et j’ai trouvé une autre piste. J’essaie de travailler en tant qu’opérateur ou assistant opérateur. Je suis en tournage jusqu’en janvier.

La Ravaudeuse2

Nous demandons à chaque réalisateur que nous rencontrons de nous parler d’une scène d’un film qui les a particulièrement touchés, fascinés, marqués et de nous la décrire en nous expliquant pourquoi. Pouvez-vous nous parler de ce qui serait votre moment de cinéma ?

Titanic. Je me reconnais tellement dans le personnage de Rose et le moment où elle dit qu’elle a l’impression d’avoir vécu toute sa vie avant de l’avoir vivre. À chaque fois cela me fait pleurer. Je ne veux pas avoir cette impression et pour l’instant ce n’est pas le cas.

Titanic

Merci à Simon Filliot et à toute l’équipe de Court Métrange.

Julien Thialon

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