Les films changeant de nom au moment de leur sortie DVD française se suivent et ne se ressemblent pas. Le dernier en date, édité chez TF1 Vidéo, est Bangkok Renaissance, devenu Rebirth pour l’international, puis à présent Bangkok Fighter. Mais que vaut donc ce film aux titres multiples ? Par Yannik Vanesse.
Jean-Marc Minéo est un acteur français enchaînant les petits rôles. Il a ainsi joué dans nombre de séries françaises, comme Julie Lescaut, Les Cordiers juge et flic, ou encore La Crim’, mais il fait aussi une apparition dans des films plus prestigieux, tels Femme Fatale ou Total Western. Coordinateur des combats sur Boulevard du Palais, le voilà qui passe à la vitesse supérieure, en réalisant son premier long, Bangkok Fighter, après s’être fait la main sur deux courts-métrages.
Pour son premier film, il décide de faire un véritable film thaïlandais, avec personnage principal asiatique, et tourné en grande partie en thaïlandais – bien que certains personnages parlent anglais. Son héros est incarné par Jon Foo, certes très mauvais acteur, mais artiste martial franchement impressionnant, qui a joué entre autres dans Tekken ou dans Universal Soldier: Regeneration.
Jean-Marc Minéo, pour essayer de compenser le jeu d’acteur plutôt inexpressif de sa star, a l’intelligence de le faire incarner un personnage qui ne peut ressentir aucun sentiment, après avoir reçu une balle dans la tête étant enfant. En effet, le réalisateur est aussi le scénariste de Bangkok Fighter. Hélas, outre le fait de mettre en scène une histoire des plus classique, celle-ci cumule la plupart des poncifs de ce genre de films. De vils policiers corrompus ont ainsi tué toute la famille du héros, le laissant pour mort. Sauvé par une infirmière qui veut empêcher les mécréants de finir le travail, il est confié à un maître chinois qui va prendre soin de lui et lui apprendre tout ce qu’il sait des arts martiaux – et totalement disparaître en milieu de film dans une faille spatio-temporelle scénaristique, ne servant plus à rien. Sur son lit de mort, l’infirmière donne suffisamment d’indices à Manit – le héros – pour retrouver les méchants et leur faire payer.
Tout est donc complètement prévisible dans ce film où de plus Jon Foo ne parvient même pas à bien jouer le personnage inexpressif, étant plutôt bovin dans sa démarche et dans ses expressions. Il marche ainsi dans la rue, croise des personnages, qu’il va tatanner sévèrement et qui vont lui permettre de progresser un peu plus dans l’intrigue. Assez impressionnant ! Pourtant, le spectateur ne s’ennuie pas, les combats étant nombreux et variés, bien qu’un peu trop référentiels (on pense souvent à Ong Bak, avec des cascadeurs un peu moins suicidaires) et Jon Foo est assez impressionnant. Jean-Marc Minéo essaie de glorifier l’acteur avec sa réalisation, et y parvient quand il le filme en plan large, montrant ainsi toute la valeur de ses compétences et celles des cascadeurs thaïlandais – bien que nous sommes loin de la folie hallucinante des productions du cru. Cependant, souvent, la réalisation est un peu brouillonne, quand le réalisateur essaie de la dynamiser. La faute est sans doute imputable à son inexpérience, et il faut espérer qu’il s’améliorera au fil des films mais quand il essaie de filmer un combat en vue subjective, ou qu’il fait des mouvements virevoltants avec sa caméra, l’effet est plus raté qu’autre chose.
Le making of que nous offre TF1 vidéo est animé et commenté par le réalisateur, qui explique nombre de choses concernant son film. S’il lui manque bien évidemment le recul et l’objectivité, le making of n’est pas promotionnel et apparaît comme très sincère et intéressant.
Yannik Vanesse
Verdict : Il est louable de voir un réalisateur français vouloir faire un film thaïlandais, et Bangkok Fighter permettra aux amateurs de cinéma d’action de passer un moment agréable. Cependant, quelques erreurs de réalisation, un scénario trop archétypal et un acteur principal pas assez convaincant empêchent Bangkok Fighter de sortir du lot.
Bangkok Fighter, disponible en DVD chez TF1 Vidéo depuis le 19 juin 2013.
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