Deauville Asia 2013 : Entretien avec Yoo Ji-tae, réalisateur de Mai Ratima

Posté le 12 mars 2013 par

Yoo Ji-tae, inoubliable bad guy vengeur dans Old Boy, est aussi un réalisateur appliqué et passionné, qui venait présenter à Deauville Asia 2013 son sensible premier film, Mai Ratima. Une belle réussite qui nous a donné envie d’en savoir plus sur son parcours. Interview de Victor Lopez.

yoo Ji-tae

On vous connaît en France surtout comme acteur. Comment êtes-vous passé à la réalisation ?

Dans mes études universitaires, je suis allé jusqu’en master pour la réalisation de films. Etre acteur et réalisateur est mon idéal.

Vous avez pourtant choisi de ne pas jouer dans votre premier long métrage, Mai Ratima. Pourquoi ?

Etre acteur, c’est vraiment être artiste. La communication avec le spectateur peut-être ambiguë et difficile…

Qu’est ce qui vous a donné envie de traiter du sujet de l’immigration en Corée dans Mai Ratima ?

Au départ, je voulais parler du domaine social avec tous les coréens qui sont isolés socialement et je me suis aperçu que ce sont les étrangers qui sont la classe sociale la plus isolée, c’est pour cela que j’ai choisi ce sujet.

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Pour écrire un film, je prends d’abord un sujet, je fais ensuite des recherches de vidéos et d’images, je partage mon avis avec les autres. Le plus important est la communication, j’essaie de beaucoup parler avec les autres dans la réalisation.

Le film parle également de clochardisation. Dans cette optique de recherche et de communication, avez-vous rencontré des SDF ?

J’ai fait du bénévolat en Corée du Sud et j’ai rencontré beaucoup de monde et regardé de nombreux documentaires. Dans le film, par exemple, le personnage perd sa carte d’identité et est incapable de la renouveler, faute d’argent. J’ai téléphoné à la mairie pour savoir comment cela se passe.

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Comment avez-vous découvert Park Ji-soo, qui incarne le rôle titre, et comment avez-vous travaillé son personnage avec elle ?

Avant d’être étrangère, c’est tout d’abord une femme. Je voulais montrer que c’était d’abord une étrangère et après on s’aperçoit que c’était une femme. Je voulais montrer une certaine humanité en elle.

Et comment avez-vous choisi Park Ji-soo ?

On cherchait au début dans les quartiers de l’immigration des femmes qui pouvaient éventuellement jouer ce rôle. On a fait pas mal d’entretiens mais finalement j’ai décidé de prendre une actrice professionnelle avec une apparence particulière.

Votre expérience d’acteur vous a-t-elle aidé à diriger les comédiens du film ?

J’ai joué dans une vingtaine de films dans ma carrière, ce qui m’a aidé beaucoup pendant dans le tournage, surtout avec un budget aussi serré. Je pense que mon film est plutôt de bonne qualité.

Comment avez-vous appréhendé la mise en scène du film qui est parcouru par de nombreux effets de style ?

Je pense que la mise en scène peut changer le concept du film. Avant Mai Ratima, j’ai réalisé 3 courts-métrages. Dans mes 4 films, j’ai essayé à chaque fois de changer de mise en scène. Je souhaite être un réalisateur qui n’a pas son propre style.

Le film montre une Corée ravagée par la crise. Une telle vision a-t-elle été difficile à financer ?

Je pense qu’il y a une vraie différence entre la réalité actuelle et celle proposée au cinéma. Dans mon film, c’était finalement plutôt les acteurs, les membres de l’équipe qui étaient difficiles à convaincre au vue des thèmes du film.

Nous demandons à chaque réalisateur que nous rencontrons de nous parler d’une scène d’un film qui les a particulièrement touchés, fascinés, marqués et de nous la décrire en nous expliquant pourquoi.

Pouvez-vous nous parler de ce qui serait votre moment de cinéma ?

Dans Mai Ratima, la scène où la femme donne l’argent qu’elle veut envoyer à sa mère, à une vieille dame qui vit dans la rue. C’est une scène où l’on partage sa tristesse avec quelqu’un d’autre.

Propos recueillis à Deauville le 07/03/2013 par Victor Lopez.

Merci à toute l’équipe du Public Système Cinema, et plus particulièrement à Clément Rebillat pour avoir permis cette rencontre.

Pour plus d’informations sur Mai Ratima, lire ici !