Elephant Films décide de gâter les fans de cinéma déviant en leur offrant un magnifique coffret estampillé « Sushi Typhoon », emplis de Blu-ray et de DVD. Si l’objet n’englobe pas que des films de cette fameuse boîte de production, mais regroupe en fait certaines œuvres de Noboru Iguchi et de son comparse Nishimura Yoshihiro, ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir ; bien au contraire car ce qui importe vraiment, c’est le contenu. Petit tour des festivités offertes. Par Yannik Vanesse
Après un petit livret collector passionnant et très agréable à lire de notre ancien rédacteur en chef, le grand Victor Lopez (qui se dissimule parfois derrière son nom de scène Victor Sanchez), le premier film que le spectateur fébrile peut découvrir est The Machine Girl, qui n’est rien moins que le métrage qui a permis de faire découvrir Noboru Iguchi en Occident. Alors que l’homme nous revient en pleine forme avec son délirant hommage aux tokusatsu Karaterobo Zaborgar (et que son bien nommé Dead Sushi se promène de festival en festival), poser les yeux sur The Machine Girl, datant de 2008, n’est pas dénué d’intérêt, loin s’en faut.
Si la folie des situations et des personnages est toujours présente dans la filmographie du réalisateur, The Machine Girl est en apparence très classique. En effet, scénaristiquement, il s’agit ici d’une classique histoire de vengeance, mâtinée d’emprunts à Robocop. L’héroïne, Ami (jouée par la ravissante Yashiro Minase) découvre, après la mort de son petit frère, que ce dernier a été tué par de jeunes gangsters le persécutant. Elle décide de se venger et, tombant sur des ninjas/yakuzas psychopathes, perd un bras. Mais un couple de garagistes voulant l’aider à accomplir sa vengeance lui fabrique une mitrailleuse à greffer sur son moignon.
Iguchi utilise cette trame simpliste pour partir dans de nombreux délires, de préférence les plus gores possibles. Ainsi, les membres et morceaux de corps volent régulièrement, et des flots d’hémoglobine se répandent de tous côtés. C’est souvent de mauvais goût, malsain, déviant et parfois même immonde, mais pour l’amateur, c’est un bonheur de tous les instants. Les effets spéciaux sont excellents et le spectacle est tellement outrancier qu’on en reste sans voix. Iguchi ne verse pas encore dans le tout numérique, et les nombreux effets à même le plateau le rapprochent ainsi plus de Tokyo Gore Police de Nishimura que de RoboGeisha que réalisera plus tard l’auteur de The Machine Girl.
Le trait du film est volontairement grossi, et, ainsi, il verse parfois dans une certaine naïveté quand il dépeint les personnages avant qu’ils ne basculent dans l’ultra-violence (musique gentillette à l’appui), les méchants du métrage étant quant à eux complètement fous. Mais tout ceci contribue à l’ambiance si particulière du film et The Machine Girl est ainsi un joyeux foutoir délicieusement déviant, que tout amateur de bisserie se doit de regarder.
Elephant Films, grâce à son coffret, nous permet de voir le film en DVD ou en Blu-ray et, si la qualité du Blu-ray n’atteint pas le niveau des chefs-d’œuvre de retravaillage, il est cependant d’une très bonne qualité.
Si The Machine Girl n’est nanti que d’un seul bonus, il mérite amplement le détour puisqu’il s’agit d’un court-métrage faisant suite au film : Shyness Machine Girl. Le résultat est assez délicieusement portnawak, sans véritable scénario, mais se laisse regarder avec plaisir. C’est drôle, ridicule, gore, bref, indispensable !
De même, les portages de Tokyo Gore Police et Vampire Girl Versus Frankenstein Girl en Blu-ray sont de grande qualité et permettent d’apprécier encore plus les délires joyeusement gores et inventifs de son réalisateur, Nishimura Yoshihiro. Cependant, dans l’un et l’autre cas, les bonus sont les mêmes que ceux des DVD sortis auparavant, tout comme c’est le cas pour l’excellent Helldriver, qui clôt le coffret avec brio.
Mais avant cela, il y a le si particulier RoboGeisha, délire assez jusqu’auboutiste de Noboru Iguchi, qui multiplie les effets spéciaux digitaux parfois assez approximatifs et les idées les plus folles, surtout dans le mauvais goût totalement assumé. Le spectacle peut lasser mais ne laissera pas indifférent. Et si le DVD était vierge de bonus, le Blu-ray en dévoile un de taille. En effet, Noboru Iguchi offre à ses spectateurs un peu plus de geishas, avec le bien nommé Geisha-Flic, court-métrage faisant office de spin-off ou de fausse suite de RoboGeisha. Autant dire tout de suite que les réfractaires au style si particulier de son réalisateur se demanderont ce qu’ils regardent… Pour les autres, Geisha-Flic montre un petit quart d’heure joliment portnawak à base de duel de sabres sortant des fesses des personnages et autres joyeusetés folles et délirantes. Un moment inoubliable à ne surtout pas rater !
Yannik Vanesse
Verdict : Si le coffret porte mal son nom, il n’en reste pas moins un objet assez superbe. Des plus conséquent (chaque film est proposé en DVD et en Blu-ray, auquel s’ajoute, pour tous les métrages sauf RoboGeishas, un DVD de bonus), dans un écrin magnifique, il ravira les fans de gore japonais grâce à une très bonne qualité technique et des bonus intéressants. Certes, pour ceux possédant déjà les DVD, l’achat n’est pas forcément justifié, mais pour les autres il serait dommage de se priver.
Le Coffret Sushi Typhoon est disponible en DVD et Blu-ray depuis le 4 septembre chez Elephant Films.