Metropolitan nous offre aujourd’hui un film de sabre produit et co-réalisé par l’immense John Woo. Ce dernier, depuis Les Trois royaumes, semble s’intéresser de nouveau au wu-xia pian. Le Règne des assassins est-il dans la lignée de l’œuvre précédente du réalisateur ou a-t-il laissé les coudées franches à Su Chao-Pin, autre co-réalisateur ? Par Yannik Vanesse.
Le Règne des assassins, en partie réalisé par John Woo, mais surtout par Su Chao-Pin, nous raconte la lutte de différents protagonistes pour la récupération de la dépouille d’un saint homme, cette dépouille étant censée apporter de nombreux pouvoirs à son propriétaire. Tout ceci est révélé aux spectateurs par une série de dessins accompagné d’une voix off. Ce pré-générique est très bien fait et attise immédiatement l’intérêt. L’histoire, très simple, s’étoffe un peu avec la trahison du personnage principal. Cette charmante jeune femme, maîtresse assassin, décide d’abandonner sa vie de meurtre et va voir un chirurgien esthétique pour se faire un visage banal. Si le visage en question, devenant celui de Michelle Yeoh, est assez peu banal, l’actrice impose son charme et ses compétences (d’actrice ainsi que martiales) à ce film, pour notre plus grand plaisir. C’est aussi l’occasion d’entendre la description de cette étrange chirurgie esthétique, à base d’insectes venimeux, qui amène au métrage un côté délicieusement malsain. A ceci s’ajoutent quelques retournements de situations, ici et là, qui surprennent merveilleusement bien le spectateur.
Aux côtés de la grande Michelle Yeoh, Kelly Lin amène une délicieuse touche sexy (et malsaine, son personnage adorant la cruauté), cette dernière étant souvent dévêtue (toujours de dos ou filmée à partir du cou, bien sûr). Wo-sung Jun, de son côté, a pu être vu dans Le Bon, la brute et le cinglé, ou encore dans La Princesse du désert. Le Règne des assassins réunit donc un joli casting pour donner corps à des personnages certes classiques, mais étoffés pour n’être jamais caricaturaux. Ainsi, voir les ennemis de l’héroïne dans leur vie de tous les jours, amène une intéressante empathie à leur encontre, loin de tout manichéisme.
Un héros qui cherche à avoir une deuxième chance, fuyant une vie de meurtre et de cruauté, au profit d’une vie calme et anonyme, est une histoire qui a été vue et revue – ne serait-ce que récemment dans l’excellent Wu-Xia, prix Action Asia au festival de Deauville. Cependant, outre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une histoire débordante d’originalité pour avoir un bon film (un scénario simple et efficace est souvent un atout), Le Règne des assassins possède quelques petites particularités. Wu-Xia cherchait à se démarquer grâce à l’enquête très Les Experts qui démasquait le héros. Ce film-ci, lui, s’éloigne un peu des sentiers battus de part les rapports entre les différents protagonistes. Cherchant surtout à récupérer la dépouille magique, les alliances et les trahisons fusent ainsi de toute part.
Mais le nerf du film reste évidemment les scènes d’actions et, de ce côté là, nous sommes servis. Chaque protagoniste utilise des techniques différentes, aussi originales que visuellement bien amenées, et les séquences sont très bien filmées et chorégraphiées. Entre le Magicien, qui enflamme ses sabres, ou encore l’héroïne, dont l’épée plie en tout sens, autant dire que nous avons droit à des scènes très jolies, épiques et palpitantes.
Quand les personnages ne se battent pas, nous assistons à quelques séquences à l’humour un peu embarrassant, et une certaine naïveté dans la description des rapports amoureux. Cependant, ces traits faisant partie intégrante des wu-xia pian, ils amènent un charme un peu suranné, nous replongeant dans la grande époque de la Shaw Brothers, par exemple.
Au final, Le Règne des assassins est un film de sabre certes classique, mais des plus solides, et passionnera tout amateur du genre.
Verdict :
Yannik Vanesse.
Le règne des assassins de Su Chao-Pin, disponible en DVD, Blu-ray et VOD chez Metropolitan depuis le 01/06/2012.