Dans les légendes hindouistes, Garuda est un oiseau mythique, véhicule de Vishnu. Que devient-il entre les mains de Monthon Arayangkoon, réalisateur et scénariste de ce Garuda, le retour du dieu prédateur ? Grâce à Elephant Film, ce métrage, datant de 2004, arrive dans notre contrée, nous permettant de juger du résultat. Par Yannik Vanesse.
Garuda, le retour du dieu prédateur, est le premier film de Monthon Arayangkoon, qui a, depuis, réalisé deux autres métrages. Pour son premier essai, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il prend quelques libertés avec la légende. Un pré-générique en images inanimées rouges et noirs – assez superbe – apprend aux spectateur que Garuda est né à une époque mythique, créé par des êtres vivant en paix avec l’humanité. Mais Garuda était un être de pur vilénie, ne voulant que se repaître de sang et de carnage. Aussi, ses créateurs luttèrent jusqu’à réussir à l’attacher à un arbre.
Hélas, ce qui doit toujours arriver dans ces cas là survient, l’humanité libère plus ou moins par mégarde le monstre. C’est en 1977 qu’un scientifique français découvre, au Pakistan, la grotte où est encore dissimulé Garuda. C’est l’occasion pour le spectateur de s’apercevoir de toute l’absence de profondeur des personnages. Ceux-ci sont en effet caricaturaux jusqu’au bout des ongles, tous sans exceptions, et outranciers, pouvant se ranger en deux catégories. D’un côté, il y a les personnages ridicules – mention spéciale au petit ami de l’héroïne – , et de l’autre, les militaires badass contre vents et marées, la musique et les ralentis faisant tout pour accentuer le côté poseur et iconique des soldats. Légèrement à part se trouve l’héroïne, aussi jolie qu’insupportable, passant son temps à crier, à se plaindre et à menacer. La séquence se passant en 1977 permet aussi de découvrir une attaque de soldats à base d’explosions spontanées de caisses et de tentes, des plus irréalistes et surprenantes.
Garuda ne sera pas réveillé par le professeur français, mais sera découvert sous Bangkok, alors qu’une machine creusant un nouveau tunnel de métro butte contre la paroi terriblement solide qui dissimule la dite grotte. Un réseau de cavernes relierait-il Bangkok au Pakistan ? La réponse ne sera hélas jamais donnée avec certitude.
Ce qui intéresse cependant le spectateur, c’est l’affrontement entre Garuda et les militaires envoyés là-bas. De ce côté là, certaines scènes valent vraiment le détour, tendues et sinistres en diable. En effet, les premières attaques du monstre ne nous dévoilent qu’une partie de son anatomie. Un bec, un oeil, une aile ou une simple ombre – en images de synthèse de qualité – avant qu’un soldat ne soit saisi et projeté au loin, qu’une giclée de sang ne soit projetée sur un mur ou, durant la meilleure séquence, qu’un mur ne soit découpé comme du papier. De surcroit, la qualité de l’image et du son du DVD ayant été très travaillée, cela permet de véritablement apprécier ces séquences. Mais rapidement, le réalisateur et scénariste veut nous montrer sa bête dans toute sa lumière ! Et là, le moins qu’on puisse dire, c’est que de face, elle verse dans le ridicule kitsch le plus hallucinant ! Et les duels au ralentis face à des militaires au regard viril et le traitant de « gros piaf » n’aident pas à prendre au sérieux ce monstre, qui se fera finalement tuer d’une manière des plus ridicules.
Si Garuda, le retour du dieu prédateur a des qualités, il ne restera pas dans les mémoires, la faute à des scènes d’action mal équilibrées, une fin bâclée et des personnages aussi vides que la grotte où réside Garuda. C’est bien dommage.
Yannik Vanesse.
Verdict :
Garuda, le retour du dieu prédateur de Monthon Arayangkoon, en DVD chez Elephant Films depuis le 04/07/2012.