Les films de courses automobiles n’ont jamais été de très grandes réussites. La faute à des scénarios bien faibles mais qui sont heureusement compensés par des scènes spectaculaires grâce à des pointures dans l’actionner comme Renny Harlin ou Tony Scott. Lorsque Jingle Ma, véritable tâcheron, s’attaque au genre, on ne peut que s’attendre perfidement à la débâcle. Mais Speed Angels est-il la catastrophe annoncée ? Jingle Ma, après l’effroyable Love you you, aura-t-il l’audace de signer enfin le film qui trahira sa réputation ? Réponses à la fin du grand prix. Par Maître Shifu.
Speed Angels, c’est un peu comme si une strip-teaseuse vous faisait croire que la fin sera un feu d’artifice. En effet, tout comme Beach Spike, avec son match de volley qu’il fallait absolument remporter, Jingle Ma construit son œuvre sur cet ultime face-à-face qui doit être le point culminant du film. Mais pour arriver à la confrontation tant attendue, il faudra supporter 1h10 d’une histoire mêlant une rasade de rivalités amoureuses, du trauma à la louche, un soupçon de whodunit et, puisque le métrage est fait pour le marché chinois, une lichette de racisme anti-japonais pour arroser le tout !
Rien ne va plus dans l’équipe automobile Speed Angels, Bing (Renée Liu) sombre dans l’alcoolisme depuis que sa coéquipière Mei (Cécilia Cheung) a rompu leurs noces la veille de la cérémonie. Un vaudeville malheureux car dans la course poursuite mariée, futur ex-marié et amante, la sœur de Bing s’est gravement blessée et les soins sont très coûteux ! Dans le même temps, le coach de l’équipe essaye d’oublier Sanoka (Chie Tanaka) qui est partie dans l’équipe concurrente japonaise menée par le fourbe Asano (Azuki Kitamura) ! Bref, c’est la panade ! Mais voilà qu’arrive Xiaoyi (Tang Wei), une intrépide chauffeuse de taxi que le coach Gao Feng (Han Jae-Seok) rencontre par hasard ! Problème, Xiaoyi ne s’est jamais consolée de la mort de son père au volant, elle a peur de la foule et de faire des courses ! Mais la saison des grands prix commence et il faut gagner !
Ainsi, pendant 1h10, nous subirons la renaissance de cette équipe avec tous les clichés du genre (blessures, trahisons, victoires) avec en prime des romances sirupeuses et des machinations, le tout filmé avec une subtilité toute pachydermique.
Mais rendons hommage à une chose : les twists qui parsèment le récit. En effet, l’histoire est agrémentée de petits twists, minables il est vrai, mais qui ont la faculté de rendre le scénario très légèrement moins balisé, pour ne pas dire chiant, à regarder.
Par contre, le film va assez loin dans le racisme anti-japonais puisqu’il suggère qu’une histoire d’amour entre une chinoise et un japonais est tout bonnement impossible.
Les acteurs dans ce marasme ? Cécilia Cheung campe une peste tout à fait convaincante et Tang Wei donne un peu de fraîcheur à un rôle entièrement éculé. Mais du côté des autres protagonistes, c’est la catastrophe. Cheng Pei Pei, jadis légende de la Shaw Brothers, se ridiculise totalement comme mère poule de Xiaoyi avec un look digne de Véronique et Davina. Quant à Cheng Yi, elle incarne une insupportable cousine.
Les costumes de la Shaw Brothers, c’était le bon temps !
Quant au coréen Han Jae-Seok, il joue un coach complètement insipide, incapable de débusquer le traître de son équipe alors qu’il n’a que deux mécaniciens !
Mais le pire est réservé au casting japonais, composé de Chie Tanaka et Kazuki Kitamura, qui sont de véritables sadomasochistes puisqu’ils doivent reproduire les plus horribles clichés que l’on retrouve dans les films nationalistes chinois mettant en scène des japonais. L’une est la femme froide, manipulatrice, et l’autre surjoue dans le registre de l’homme violent, vicieux, amoral.
Coutume japonaise : en cas de défaites, tu étrangleras ta copine.
Scénario très pauvre, acteurs médiocres, Jingle Ma court très vite vers l’élimination, mais ses scènes de course lui permettent-elles d’arriver quand même en pôle position ?
Dernier tour ! Un infographiste sur PlayStation 1 est demandé sur le stand !
Michel Vaillant, produit par Luc Besson, avait un scénario crétin et des acteurs peu inspirés, mais compensait sa stupidité par ses incroyables scènes des 24h du Mans tournées avec des caméras montées sur des voitures pendant la vraie course, donnant au film un vrai cachet d’authenticité.
Hélas, Jingle Ma n’a pas les mêmes moyens financiers qu’Europa Corps. Comme le casting pan-asiatique a dû engloutir tout le budget, la grande course finale est une vaste blague où Jingle Ma aggrave son cas puisqu’ici, pas de vraies courses ni de cascadeurs, mais une course en CGI digne d’une cinématique d’un jeu PlayStation première génération, avec des acteurs qui font semblant de conduire.
Pourtant, Speed racers des frères Wachowski avait lui aussi toutes ses courses en CGI, mais au moins on en prenait plein la vue. Ici c’est plat, il n’y a aucune tension et c’est laid !
Non, ce n’est pas une borne d’arcade, c’est un film !
Mais le plus amusant, c’est que cette course finale recèle une quantité de scènes tellement surréalistes qu’elle en devient hilarante. À titre d’exemple, cet incroyable moment où l’équipe chante en pleine course, la chanson Look at me girl pour faire oublier à Xiaoyi son trauma d’enfance. Celui-ci s’envolera définitivement par une vision fantomatique de son père juché sur la voiture ! Je passe sur la technique secrète pour gagner la course qui est dans la même veine comique et stupide à la fois.
Hohohoh je suis le fantôme du circuit !
En guise de débriefing à cette course, le conducteur-réalisateur Jingle Ma reste fidèle à lui-même, faisant une désastreuse sortie de route avec son scénario crétin, sa course ratée et ses acteurs plus que mauvais. Le plus cocasse tout de même est que le film n’est pas du tout ennuyeux et sa vision peut même procurer de l’amusement devant tant de bêtises ! À voir donc pour les amateurs ou les fans du réalisateur J !
Maitre Shifu.
Verdict :