Insert Coin, un œil sur les jeux vidéo (S02E16) – Resident Evil 4, la saga « 2.0 »

Posté le 21 janvier 2012 par

Lorsque la saga qui a popularisé le survival horror lança un message clair : « Resident Evil, vous aimez ou vous quittez. » Le virage des années 2000, c’est aujourd’hui dans Insert Coin. Par Tony F.

FOCUS – Resident Evil 4 passe un cap.

L’annonce tombait il y a un peu moins de deux jours : le nouveau volet de la saga Resident Evil sortira cette année. Hein ? Mais non, pas l’indigeste (et le mot est faible) chose de Paul Anderson, c’est du jeu que je vous parle ! R.E. 6, prévu pour le 20 novembre prochain, nous vient donc droit dans le visage via un trailer explosif que vous trouverez en bas de cette page. Pour l’heure, Insert Coin reviendra sur le point qui, depuis maintenant huit ans, divise les fans de la saga : ce revirement de gameplay opéré par le 4ème opus. Un changement issu d’un long et douloureux développement, qui apporta autant à la saga que l’opus suivant la desservit.

Nous sommes en 1999. Resident Evil 3 vient de sortir sur le sol nippon (il ne sortira chez nous qu’en 2000), et si l’histoire en fera le petit mal-aimé de la trilogie PSone, son succès est immédiat et indéniable, et la saga confirme un règne sur le genre survival-horror, devant le plus ancien Alone in the Dark, le méconnu (chez nous) Parasite Eve, et même le récent mais déjà culte Silent Hill. Pourtant, Capcom, bien décidé à ne pas en rester là, commande un quatrième opus. Mais nous sommes à l’aube du nouveau millénaire, et la Playstation 2 pointe déjà le bout de son nez (que l’on sait  noir) dans les studios de développement.

Pensé à l’origine pour cette machine, c’est à Kamiya Hideki (dont nous parlons plus largement dans la précédente édition de cette rubrique) que l’on confie le projet. Celui-ci, pour remplir le cahier des charges de Capcom («Il faut que ça se vende. »), décide d’emblée de laisser de côté le caractère inquiétant et lourd du gameplay pour le dynamiser. L’homme passe donc du temps en Europe, avec son équipe, à étudier l’architecture, voulant situer l’action de ce quatrième volet dans un château gigantesque (vous avez dit Castlevania ?).
À son retour, la production, après avoir jeté un long œil (si, c’est possible) sur le travail effectué, le rejette en bloc, jugeant celui-ci trop éloigné de l’esprit de la saga. Toutefois, le travail accompli étant déjà bien avancé, la décision fut prise de laisser Kamiya mené à bien son projet. Celui-ci en tira Devil May Cry, sorti en 2001 sur PS2.

Changement de plan pour la saga phare de la firme, qui repart depuis le début (au sens propre, puisque Resident Evil Zero, préquelle de la saga, sort fin 2002) et cette fois-ci sur Gamecube, la toute nouvelle machine de Nintendo. Un accord entre Capcom et Big N (les fameux Capcom Five) va les rapprocher, avec au cœur Mikami Shinji, que l’on ne présente plus, et qui dirigera directement sur Cube le remake de Resident Evil 1 (rebaptisé ici Rebirth) et l’opus ô susnommé. C’est en revanche à Shibata Hiroshi que Capcom confie le nouveau développement du projet « Biohazard 4 ». Sortira donc de ce reboot un trailer, diffusé lors du Tokyo Games Show 2002. Celui-ci nous met déjà en scène Leon, héros du second opus, aux prises, dans un dirigeable sombre, avec des spectres, brumes et autres êtres paranormaux.

Baptisée « Fog Version », cette premiere bêta du jeu sera abandonnée pour d’obscures raisons. À noter toutefois que le design de Leon présent dans cette version restera, et ne changera plus jusqu’au jeu final. À l‘E3 2003, c’est un tout nouveau jeu qui nous est présenté. Celui-ci puise directement ses inspirations dans les survivals contemporains tels que Silent Hill 2 ou Eternal Darkness, et nous donne à voir le héros évoluer dans un manoir hanté d’esprits, dont un en particulier, « l’homme au crochet », semblant porter le rôle occupé par Nemesis dans le troisième opus.

Le gameplay, bien que n’ayant pas évolué de façon drastique, laisse poindre une caméra de tir à l’épaule, et l’utilisation des gachettes pour se dégager de prises.  Mais encore une fois, la directon de Capcom juge le contenu trop éloigné de la saga originelle, et ordonne un redémarrage du projet. La « Shadow Version » est donc abandonnée.

Le temps passe, et Capcom s’impatiente. Mikami prends la suite de Shibata, qui n’arrive vraisemblablement à rien (l’homme aura même eu le temps de tenter une quatrième version du jeu, dont l’existence ne sera qu’évoqué au travers d’interviews de production.), et planche sur le jeu à son tour. Cette fois-ci sera la bonne, et son développement ne sera pas plus aisé, les équipes étant assez démoralisées par tous ces changements internes, dirigeant petit à petit le jeu vers un gameplay d’action délaissant le survival horror traditionnel. Néanmoins Resident Evil 4, en 2005, vit le jour. Et la division des joueurs commença.

En effet, si il y a bien une chose que l’on ne peut enlever à RE4 c’est d’avoir révolutionné le Third Person Shooter. À l’heure actuelle, rares (inexistants ?) sont les jeux de shoot hors FPS à proposer une vue autre qu’à l’épaule. De la même façon que la saga n’inventait rien à ses débuts (le premier survival fixe reconnu étant Alone in the Dark), celle-ci avec son quatrième opus popularise et démocratise la vue de tir de Splinter Cell, en l’implémentant dans un gameplay orienté action. Si Mikami tenait là le souffle même nécessaire à redynamiser la saga, nul ne s’attendait à ce que celle-ci passe de « jeu de peur » à un shooting sévèrement burné et vaguement horrifique…

R.E.5, où l’exemple type du concept « on a bossé cinq ans sur le moteur. Hein ? Quel gameplay ? »

Et surtout personne ne s’attendait à ce que le genre soit repris comme mètre étalon de toute une génération, actuelle, pour des titres « phares » bien occidentaux (Uncharted/Gears of War) mais également nippons, au point de faire passer Resident Evil 5, sorti à peine quelques années plus tard, pour une vaste blague.  Ratant le coche en plusieurs points, c’est sur son gameplay que le titre de Takeuchi Jun est le plus à blâmer : en effet, il reprend à l’exacte identique celui de son ainé… avec quatre ans de différence. Ce qui passait alors pour révolutionnaire était devenu dérisoire, mais ne fit qu’ancrer un peu plus la saga dans sa logique « action », divisant un peu plus un public globalement déçu qui, pour certains, souhaitaient largement un retour aux sources. À Capcom d’enfoncer donc le clou cette année, en nous proposant divers opus, sur divers supports… Mais aucun ne semblant renouer avec les origines de la survie horrifique :

Resident Evil Revelations (3DS) : potentiellement celui qui, d’après les différentes previews, s’approche le plus du genre horror. Un lieu clos, explorable en solitaire, peu de munitions et des monstres horribles à mi-chemin entre le zombie et le crabe mutant. On salive déjà, mais on déchante tout autant en apercevant ça et là des touches de l’assistanat « Nintendo » new age.

Resident Evil : Operation Raccoon City : shooting orienté multijoueur pour cet opus qui fait la part belle à la coopération en faisant s’affronter trois factions disctinctes au milieu de la célèbre ville, entre les opus 2 et 3. On se gardera bien de porter un quelconque avis sur le sujet avant de l’avoir réellement entre les mains, mais une chose est sûre : fan de sursauts, ce n’est pas ici que vous aurez votre came.

Resident Evil 6 : annoncé cette semaine à peine dans un trailer explosif, cette nouvelle itération s’annonce comme un peu trop explosive pour être réellement horrifique. Mettant en scène Leon et Chris, dix ans après les évènements originels de la saga, les premières séquences nous dévoilent à la fois de l’action vitaminée (par les gros muscles de C. Redfield) et de sombres séquences de frisson potentielles (grâce à la belle gueule blafarde de Leon). Wait & See.

Au final, de ces trois jeux prévus ne sort qu’une conclusion : Resident Evil ne reviendra pas sur ses pas, bons ou mauvais, et les fans du survival horror « à l’ancienne » ont de nos jours bien du mal à trouver leur compte tant le genre a évolué et s’est diffusé dans les autres. À l’instar du jeu de plateforme (dont ne subsiste que quelques irréductibles), le survival est devenu un élément de jeu plus qu’un genre à part entière, sacrifié sur l’autel de l’évolution vidéoludique. Pour le meilleur, le pire ? Peu importe la réponse, on ne va de toute façon pas contre les marées… Surtout dans l’industrie vidéoludique. Quant à la saga de Capcom, après une traversée du désert post RE4, 2012 la verra-t-elle sortir de sa tombe ? Réponse dans les prochains mois…

NEWS – ACTU :

– On en parlait la semaine dernière, c’est désormais officiel : il y aura bien une édition collector pour The Last Story.

– PS Vita : passé le lancement, les ventes ont, semble-t-il, du mal à décoller au Japon (et elles sont de surcroît dépassées par la 3DS).

– Un jeu Ong-Bak annoncé ! Nous avions échappé au précédent, sorti uniquement sur le sol thaïlandais. Il semblerait que nous ne couperons pas à celui-ci… Après Rise to Honor (avec Jet Li) et Stranglehold (réalisation  Chow Yun-fat), Tony Jaa à l’honneur ?

Hudson Soft, c’est fini. Le studio à l’origine de PC Kid, Bomberman ou encore Bloody Roar cessera officiellement toute activité dès le premier mars prochain. Les licences restent toutefois la propriété de Konami, détentrice du studio. Une page qui se tourne plus discrètement que celle de Megaupload, mais qui nous rappelle définitivement que les temps changent.

Mario Party 9 (Wii) daté en Europe : il sortira le 2 mars prochain.

– Yakuza Dead Souls (PS3) daté également : le 16 mars.

Saint Seiya (PS3) devait sortir chez nous fin fevrier. Il ne sortira finalement pas avant courant mars.

Kingdom Hearts 3D (3DS) daté au Japon : il sort le 29 mars prochain, et sera même vendu en bundle avec une console spéciale pour l’occasion. À noter également que Square Enix prévoit un « KH 10th Anniversary », dont on ne connaît pas encore le contenu.

Sorties de la semaine :

Vendredi 27 janvier

Resident Evil : Revelations (3DS)

Histoire de clore sur une vidéo bien dans la note (d’autant que c’est presque la seule réellement valable de cette semaine) le trailer de Resident Evil 6 balancé par Capcom sans préavis jeudi dernier. On aimera ou pas, mais il faut avouer que si ils mettaient autant de soin dans leurs jeux que dans leurs trailers, nous n’aurions jamais eu Resident Evil 5… À dimanche prochain !

Tony F.