The Lost Bladesman de Alan Mak et Felix Chong (DVD)

Posté le 24 novembre 2011 par

Doucement mais sûrement Donnie Yen sera parvenu ces dix dernières années à gagner ses galons de star au sein du cinéma de Hong Kong. Pendant longtemps cantonné à des seconds rôles de luxe (ou des premiers rôles dans des productions moins ambitieuse) voit son statut changer avec le phénomène SPL (2005) que suivent les succès Dragon Tiger Gate (2006), Flashpoint (2007) ou le diptyque Ip Man (2008 et 2010). Cette notoriété semble également enfin s’étendre à l’Occident, en France notamment puisque à défaut de sortie en salle (les Ip Man l’auraient pourtant mérité…) ces dernières productions nous parviennent de plus en plus vite en dvd, The Lost Bladesman étant même le troisième Donnie Yen édité en 2011. Par Justin Kwedi.

Cependant les films précités, malgré leurs qualités, symbolisent malheureusement un peu ce que Donnie Yen n’a jamais cessé d’être : un second couteau. L’homme aspire à une reconnaissance semblable à Jet Li ou Jackie Chan. Pour l’instant, il n’a pas réussi à définir un style suffisamment personnel comme le second (si ce n’est sur des aspects superficiels comme ce narcissisme un peu trop voyant) et, dépourvu  du charisme du premier,  il n’est guère sollicité par les grands réalisateurs de la péninsule (hormis Seven Swords de Tsui Hark ou Kingdom of War d’un Ching Siu Tung sur la pente descendante) sur leurs projets les plus ambitieux. L’homme n’est plus tout jeune malgré son allure élancée (48 ans déjà) et est bien conscient qu’il devra étendre son registre quand viendra le temps où sa forme physique déclinera.

C’est donc tout le but de ce The Lost Bladesman, grande fresque martiale et historique, qui, avec le récent La 14e Lame tente d’imposer une image plus mature et « sérieuse » de Donnie Yen (ce que n’ont pas totalement réussi les Ip Man). Le film se penche donc sur les débuts du Général Guan Yu, une des figures emblématiques de la complexe période des Trois Royaumes à la fin de la Dynastie Han. L’ambition est là, avec des thèmes passionnants mêlant intrigues de palais, amitiés ébranlées, passions contenues et batailles dantesques. Le statut de Guan Yu constitue le principal intérêt du film. Il trouve chez l’ennemi dont il est prisonnier, Cao Cao (Jiang Wen débordant de charisme), une forme de quiétude et d’idéal de vie qu’il devine être ce à quoi aspire désormais le pays. Mais la fidélité à son camp et son amour secret  pour Quilan (Betty Sun) le contraignent à bafouer ses principes. Le pragmatisme de Cao Cao et la sagesse de Guan Yu se heurtent ainsi au fanatisme de leurs camp respectif, faisant des deux hommes des ennemis malgré le respect voire l’amitié qu’on devine les lier.

Le fond est plutôt captivant mais on ne peut en dire autant de la forme. La mise en scène d’Alan Mak et Félix Chong ne tire guère le projet vers le haut. Les flashbacks en lumière diaphane hideuse tirent vers le roman photo, malgré les moyens, les batailles sont sans idées et on ne trouve rien ici qui détache le film du tout venant de la grosse production épique locale. Rien de l’ambiance boueuse des Seigneurs de la guerre de Peter Chan ou de la virtuosité des Trois Royaumes de John Woo, mais une sorte de fadeur où le film se laisse regarder mais ne captive jamais vraiment. Les enjeux complexes précédemment dépeint se noient dans un rythme poussif et répétitif. Heureusement tout cela est compensé par quelques séquences d’actions de hautes volées. Le mano à mano long d’une muraille est très efficace et surtout on retiendra ce moment où Donnie Yen sème le chaos hors champ dans une forteresse ennemie où seul nous parviennent les bruits du combat derrière une porte. C’est un peu le seul vrai moment inventif du film mais il vaut le détour. Quant à Donnie Yen, malgré des efforts certains, ce n’est pas encore cette fois qu’il convaincra dans une performance dramatique. La profondeur et le déchirement de Guan Yu s’expriment plus par le script que sa prestation limitée.

Au final, un produit de série efficace mais sans génie dont il ne faudra  pas attendre monts et merveille mais qui fait passer un bon moment aux amateurs.

Verdict :

Justin Kwedi.

The Lost Bladesman de Alan Mak et Felix Chong, édité en DVD et Blu-Ray par Metropolitan, disponible depuis le 24/11/2011.

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10 commentaires pour “The Lost Bladesman de Alan Mak et Felix Chong (DVD)”

  1. «  » »on retiendra ce moment où Donnie Yen sème le chaos hors champ dans une forteresse ennemie où seul nous parviennent les bruits du combat derrière une porte » » »

    cela m ‘ a plus frustré qu’autre chose ce passage..je ne vois pas en quoi pourquoi cela vaut le détour. c’est plutôt hyper frustrant dans un film de wu xia pian…

  2. Le but de cet article était-il de laminer injustement Donnie Yen ? Si oui, c’est réussi.

    Parce que je remarque, autour de moi, des gens qui ne s’intéressent pas particulièrement au cinéma asiatique mais qui, depuis un an environ, connaissent son nom (alors que, jusqu’ici, ils ne connaissaient que Bruce Lee, Jackie Chan et Jet Li).

    Si les deux premiers sont connus de tous, en France, c’est sans doute parce que leurs films ont déjà été diffusés à la télévision et rendus ainsi accessibles au plus grand nombre (je les ai découverts ainsi, encore enfant). Et Jet Li était-il aussi connu en France avant de se prostituer dans des daubes aux Etats-Unis ? Les gens avaient-ils vu « Il était une fois en Chine ? »

    Dire que les « Ip Man » n’ont pas réussi à « imposer une image plus mature et « sérieuse » de Donnie Yen » me semblent bien maladroit.

    Regardez « Wu Xia » et vous comprendrez à quel point l’acteur peut être convaincant dans le registre dramatique.

  3. En tant que créateur et fondateur du CADY (Comité Anti Donnie Yen), association de loi 1901 visant à la sauvegarde du cinéma mondial par la destruction systématique des endives égocentriques et onanistes qui le peuplent, je ne peux que plussoyer une tentative de destruction de cet insupportable comédien à l’absence total de talent, si ce n’est celui de lever la jambe correctement et bomber son torse imberbe en prenant un regard mystérieux dont le vide est surement étudié par tous les astrophysiciens.
    A part se battre, ce mec n’a aucun talent.

  4. Guillaume, ou est-ce qu’on signe pour entrer au CADY ? 🙂

  5. Désole Rodrigue, mais je ne trouve pas que dans Wu Xia Donnie la frime brille dans le registre dramatique. J’ai bien aimé le film de Peter Chan mais le personnage incarné par Donnie, qui a certes ses démons intérieurs, ben… il fait du Donnie. Pas le Donnie poseur (en général, dans les films en costumes, sans ray ban et veste en cuir, il évite), mais plutôt le Donnie autiste. Il est là, et… il ne sait pas vraiment pourquoi il est là ni ce qu’il doit faire. Alors après, ça ne l’empêche pas de mouliner les bras quand il doit castagner, mais dans son regard: le vide!

    Sur ce j’attends le remake de Eight Hapiness, parce que finalement je préférais son début de carrière, quand il se prennait moins au sérieux avec Yuen Woo Ping derrière la caméra 😉

  6. faut vraiment que je surveille de plus près les threads de ce site. ça bouscule du Benny par ci et maintenant voilà qu’on s’en prend à Donnie Yen ! Sans Donnie et Benny le cinéma d’action était mort à hk. Et j’ai des preuves.

  7. On pourrait saccager n’importe quelle star du cinéma HK avec un peu de mauvaise foi (vous tenez peut-être une rubrique idéale pour faire le buzz et agiter les trolls) : Bruce Lee et ses insupportables cris de hyène dans ses films mal réalisés, mal écrits, mal chorégraphiés et mal bruités (ces coups portés qui donnent l’impression de regarder une démo de « Street Fighter 2 »)… ou Jackie Chan qui m’a beaucoup fait rire dans « Crime Story » ou « Shinjuku Incident » alors que, après vérification, ces deux films étaient censés être dramatiques.

    Et si l’humilité revient à faire de la figuration dans « The Expendables » et sa bande de vieilles gueules botoxées sous Viagra, je préfère encore que Donnie claque les Ray-Bans dans un wu xia pian.

    Sur ce, je retourne mater « Ip Man » pour la 4e fois de l’année. Parce que le cinéma d’action made in HK n’est pas mort avec la rétrocession (ni avec la fin des productions Shaw Brothers, pour les plus pessimistes).

    Je n’ai pas la nostalgie des câbles à tout bout de champs :

    http://www.youtube.com/watch?v=BTc7gEbHHb0

  8. Je ne pense que quelqu’un ici remette en doute les capacités physiques de Donnie. Par contre c’est un putain de mauvais acteur, monofacial, au regard de bovin mort. Et si ça passait très bien à une lointaine époque de sa carrière (pré rétro + qqs bouses début 2K), c’est juste insupportable (risible ?) depuis qu’il tente de se donner une légitimité de comédien.
    On parle quand meme de cinéma. Je n’ai rien contre le cinéma d’action made in HK. Mais quand quelqu’un tente d’y insufler une dimension Acteur alors qu’il n’en a pas les moyens, ce n’est pas possible. Mais où sont les grimaces, les sourires débiles, les machoires crispées ?
    (tu serais mort de crise cardiaque en lisant une discussion où on démonte la choré / montage chez Woo avec des arguments précis et où personne n’a été capable de contre argumenter autrement que par des « vous etes nuls »)

  9. @ Maitre Shifu je te remet ma réponse de facebook

    C’est un des rares moments un minimum inventif formellement alors que le film est assez plan plan, après de la grosse baston bien visible tu en as largement à d’autres moments. Au moins là il y a de l’idée…

    Sinon le but était pas de descendre Donnie Yen (que j’apprécie j’ai chroniqué positivement les Ip Man sur le site) mais The Lost Bladesman est un peu symbolique de ses limites actuelles. J’attends vraiment le vrai grand film martial avec lui pour l’instant ça va du fun mais pas génial (Flashpoint, SPL, Dragon Tiger Gate) au bien mais peut mieux style les Ip Man qui son sympa mais on est loin de la richesse thématique et du souffle épique (surtout le 2e Ip Man dont le scénar craint un peu) d’un Il était une fois en Chine. C’est ce que j’attends de lui maintenant que c’est une star et qu’il peut monter de grand projet sur son nom, on sait déjà que c’est un grand artiste martial mais il a un cap à passer. The Lost Bladesman va dans cette direction mais la réal comme la prestation de Donnie Yen ne tire plutôt le film vers le bas pour mois. Voilà j’espère avoir évité un contrat sur ma tête de la par des fans de Donnie Yen ^^

  10. Ca me va, tant que tu dézingues pas Simon Lui (et Alex Fong), on restera bons potes.

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