Kinotayo, le festival du cinéma japonais à l’ère numérique est de retour ! Si l’édition 2011 présente un peu moins d’inédits qu’à l’accoutumée (9 contre une quinzaine les années passées), les surprises et les événements seront tout de même bien au rendez-vous, notamment grâce à des invités prestigieux et des avant-premières attendues. Petit panorama des réjouissances à venir en attendant l’ouverture du festival, le 8 novembre à la Maison de la Culture du Japon ! Par Victor Lopez.
Cinq événements
1. Sono Sion à l’honneur
On ne présente plus le génial réalisateur de Suicide Club (notamment depuis que Fabien Alloin a brillamment analysé sa filmographie ici !), qui viendra présenter ses deux (avant-)derniers films : Cold Fish et Guillty of Romance. Déjà présentés à Deauville et Cannes (où ils ont sauvé l’honneur du cinéma japonais), ces deux œuvres graphiques, violentes et excessives méritent absolument d’être vues sur grand-écran. Et comme Wild Side tarde à les sortir directement en DVD, ce sera là sans doute la dernière occasion de les voir dans des conditions optimales. Kinotayo se déroule en effet principalement à la MCJP, mais de nombreux cinémas partout en France (dont nos amis du Central à Puteaux) diffuseront aussi les films (pour la liste, suivez le lien ici). Et détail plus qu’important, le cinéaste au chapeau viendra au Festival accompagné de sa ravissante actrice Kagurazaka Megumi ! On vous laisse avec les critiques des deux films.
2. Hanezu en avant-première (et en compétition)
Vu à Cannes, le dernier film de Kawase Noami (lire ici) n’avait pas convaincu. Trop abstrait, sans chair et sans vie, la lenteur de l’œuvre avait plutôt ennuyé qu’hypnotisé. Raison de plus pour donner une seconde chance au film d’une cinéaste qui a fait ses preuves, en le revoyant dans des conditions plus calmes. Lors de la cérémonie d’ouverture le 8 novembre à la MCJP, par exemple.
3. Un documentaire français hors-compétition
On aura le plaisir de découvrir lors de cette édition en avant-première un documentaire français sur les traces du célèbre écrivain Dazaï Osamu. La Vie murmurée, réalisé par Marie-Francine Le Jalu et Gilles Sionnet, suit en effet le parcours de plusieurs personnages (« une chanteuse de rock punk, le vice préfet de Tokyo, un étudiant en sciences politiques indécis, une dessinatrice de manga passionnée, la rédactrice borderline d’un blog sanguinolent », nous dit le dossier de presse) touchés par les mots de l’auteur de La Déchéance d’un homme. On imagine alors que le film s’articule autour de la manière dont les œuvres de l’écrivain des années 30 et 40, au pessimisme et à l’ironie mordante, éclairent la société japonaise contemporaine. Réponse lors des projections du film, et surtout des débats avec ses auteurs les 9 et 19 novembre à la MCJP.
4. Hiroko Govaers se perd dans Labyrinthe d’herbes de Terayama Shûji
A l’occasion d’un hommage à Hiroko Govaers, grande dame du cinéma japonais dont elle s’est faite l’ambassadrice en France dans les années 70 et 80, on aura la belle occasion de (re)découvrir Le Labyrinthe d’herbe (plus connu sous le titre de Grass Labyrinth), une œuvre étrange datant de 1979 librement adapté d’une nouvelle éponyme de Kyoka Izumi. On ne peut qu’encourager Kinotayo à développer ce travail de mémoire, en exhumant de la sorte quelques pépites de l’histoire du cinéma japonais, et à les faire résonner avec la production à l’ère numérique. Espérons que cette voie se poursuive dans les années à venir…
5. Un hommage à Harada Yoshio
C’est en plein pendant la sélection de la programmation de l’édition 2011 de Kinotayo qu’est décédé l’acteur Harada Yoshio. Le 17 juillet, pour être précis. Si la diffusion de I Wish de Kore-Eda, un des derniers films dans lequel il apparait a été annulée, un hommage lui sera rendu lors de la cérémonie de clôture, le 26 novembre à la MCJP et son ultime film, Someday, sera présenté en compétition.
Cinq Films en compétition
1. Into the White Night de Fukagawa Yoshihiro
Après son succès commercial au Japon avec Dear My Love en 2009, Fukagawa revient avec une adaptation d’un best-seller de Higashino Keigo, déjà porté à l’écran il y a deux ans par le coréen Park Shin-woo. Approchant les deux heures et demi, Into the White Night tourne autour d’une enquête non-résolue, qui revient hanter son inspecteur et ses protagonistes 20 ans après les faits. Le film s’est forgé une petite réputation de polar dépressif et lent, doté d’un final très fort, lors de sa présentation au dernier festival de Berlin. On jugera donc sur place…
2. Love and Treachery de Yazaki Hitoshi
Les habitués de Kinotayo connaissent bien Yazaki Hitochi, puisqu’il avait gagné le Soleil d’or du public en 2007 avec Strawberry Shortcakes. Le voilà de retour avec Love and Treachery, qui risque de faire rougir les plus chastes spectateurs et spectatrices de la MCJP avec ses airs de Pinku sophistiqué et classieux. Un drame érotique à Kinotayo ? En tout cas, à East Asia, on est preneur !
3. My Wife de Hanawa Yukinari
Tiré de l’histoire vraie d’un homme emprisonné pour négligence après avoir offert à sa femme, atteinte d’un cancer en phase terminale un voyage à travers le Japon, My Wife a tout du road-movie mélodramatique capable de tirer des larmes aux âmes les plus endurcies. On verra donc si cette histoire d’amour à la mort arrivera à nous émouvoir…
4. Someday de Sakamoto Junji
Someday est l’ultime film avec le grand Harada Yoshio, auquel le festival rend un hommage. Il y incarne un acteur de Kabuki dans un petit village de Nagano, troublé par la mise en place du prochain spectacle. Ambiance décalée et humour mélancolique en perspective…
5. When I kill Myself de Nakajima Ryô
Voilà un concept qui a l’air intriguant : afin de comprendre le suicide des jeunes, le gouvernement japonais se sert d’adolescents comme cobayes, et leur implante des explosifs, dont ils ont le contrôle, dans le cœur. Avec ses faux-air de Battle Royale, When I kill myself est le nouveau film du jeune Nakajima Ryô (28 ans seulement !), présenté comme le nouvel espoir du cinéma japonais.
Huit Rencontres
L’attrait principal de la nouvelle édition de Kinotayo est sans conteste ses invités, qui viendront présenter leurs films et rencontrer le public à de nombreuses séances. Seront ainsi présents :
- Sono Sion et Kagurazaka Megumi (Cold Fish / Guilty of Romance)
- Marie-Francine Le Jalu et Gilles Sionnet (La Vie murmurée)
- Fukagawa Yoshihiro (Into the White Night)
- Yazaki Hitoshi (Love and Treachery)
- Yukinari Hanawa (My Wife)
- Nakajima Ryô (When I Kill myself)
Soit autant d’entretiens exclusifs que vous retrouverez sur East Asia à l’issu du festival, car nous allons bien sûr rencontrer tout ce beau monde !
Sept films à revoir
S’il y a moins d’inédits à découvrir cette année, Kinotayo a la bonne idée de compléter sa programmation en repassant quelques films marquants des éditions précédentes. Les Soleils d’or auront donc de nouveau l’occasion de briller, dont les inévitables (bien qu’à éviter) Railways, qui s’est vu discerner la récompense suprême l’an passé, et I Remember That Sky, vainqueur en 2009. A East Asia, on vous conseillera plutôt de courir voir notre coup de cœur Kakera – A Piece of our life de la sensible Ando Momoko ou le saisissant film à charge Box – The Hakamada Case du vétéran Takahashi Banmei. On pourra aussi voir ou revoir Hinokio et son petit robot, Yamazakura, parce qu’un festival de cinéma japonais sans son traditionnel film en costume n’en est pas vraiment un, et Forget me not, qu’on avait oublié de voir l’année dernière.
En attendant, vous pouvez vous replonger dans nos archives, et revivre comme si vous y étiez les éditions 2009 et 2010 de Kinotayo !
Bonne lecture et bons films
Victor Lopez.
Le 10/08/23 par Stephen Sarrazin