A l’occasion de la sortie française de J’ai rencontré le diable (au titre original plus punchy : I Saw the devil) mercredi 6 juillet, Olivier Smach nous explique son enthousiasme mitigé mais enthousiaste quand même pour le dernier film, bon, brute et cinglé de Kim Jee-woon.
Rentrons tout de suite dans le vif du sujet : J’ai rencontré le Diable est un excellent divertissement mais est loin d’être la bombe absolue tant espérée, et ne justifie vraiment pas la réputation sulfureuse qui le précède. Rappelons que le film a été censuré et interdit aux moins de 18 ans en Corée.
Jusqu’à présent, le réalisateur de Bitter Sweet Life et du Bon, la Brute et le Cinglé nous a habitué à un travail cinématographique extrêmement bien léché, techniquement parfait, avec une mise en scène complètement maitrisée de bout en bout. Avec J’ai rencontré le Diable, il ne déroge pas à la règle.
Le film est poseur mais le réalisateur semble absolument assumer ses choix artistiques, donc aucun problème. C’est très efficace et il sait manifestement comment répondre aux attentes du public. Les scènes d’actions sont impeccables, les acteurs excellents. Lee Byung-hun a toujours autant la classe et est plus “vénère” que jamais, tandis que Choi Min-sik (producteur et à l’origine du projet) dans le rôle du sérial killer de service est tout simplement bluffant ! D’ailleurs Kim Jee-woon, grand fan des Frères Coen (selon ses propres mots), emprunte de nombreux traits de caractères au personnage de Javier Bardem de No Country for Old Men pour les insuffler à Mr Old Boy.
Point positif également, il n’y aucune justification aux massacres du personnage, il tue de manière perverse, et à aucun moment durant le film nous sommes en mesure de ressentir une once de sympathie ou d’empathie envers lui : il est tout simplement l’incarnation parfaite du mal absolu ! Le film raconte l’histoire d’un psychopathe qui assassine la fiancée d’un agent des services secrets coréens, qui se promet de lui rendre la monnaie de sa pièce au centuple…
Mais malheureusement, c’est là que ça pèche : le réalisateur ne va pas jusqu’au bout de sa thématique de la vengeance, et bien que le vilain prenne cher quasiment tout le long du film, on reste un peu sur sa faim une fois celui-ci terminé. Malgré des scènes d’horreurs particulièrement saisissantes et un duel psychologique qui s’amorce rapidement et intensément entre les deux rivaux, l’ensemble reste très politiquement correct et nous sommes loin d’atteindre les sommets d’un Old Boy dans le caractère malsain du sujet. Et mis à part un suspens certain ressenti durant la scène d’ouverture, le film ne parvient jamais réellement à instaurer par la suite un climat de tension, comme avait pu le faire par exemple le sublime The Chaser. A noter également que certaines scènes d’humour noir viennent ponctuer sporadiquement le film histoire de désamorcer un sujet assez lourd. La scène dans le taxi avec les trois vilains est hilarante.
Pour conclure, I saw the Devil, n’est donc pas un thriller d’une grande finesse, mais plutôt un sympathique film d’action/horreur efficace, qui, il faut bien le reconnaitre, s’avère tout de même très jouissif !
Olivier Smach.
J’ai rencontré le diable de Kim Jeewoon, en salle le 06/07/2011.