Aujourd’hui, petit cours d’Histoire Made in Corée avec Le Sang du guerrier de Kim Yong-Kyun. Sur la jolie pochette du DVD (les étincelles qui sortent du sabre !impressionnant !), on peut lire que le film a remporté le grand prix Action Asia au festival de Deauville 2010 et a connu un grand succès au Box-Office Coréen. Il n’en faut pas plus pour piquer notre curiosité, en route pour la Corée ! Par Jérémy Coifman.
Un village coréen ouvert au monde occidental, converti au catholicisme, est ravagé par une armée à la solde du roi à la politique isolationniste. Une mère est décapitée sous les yeux de son enfant. Conan le barbare de John Milius n’est pas loin. Le jeune Moo-Myong est marqué à vie, et apprendra le maniement du sabre. La première scène du film est très réussie. Elle est aussi le symbole d’un film qui ne sait pas vraiment quel style aborder.
La première scène, barbare, tendue, n’est en aucun cas le reflet du film. Kim Yong-Kyun ne sait vraiment pas sur quel pied danser. Le film n’est ni un film d’action, ni un drama, c’est un peu les deux à la fois, et c’est un parti pris qui dérange un petit peu. Le film jouit d’une reconstitution assez belle. Les costumes sont magnifiques, les décors le sont tout autant. L’immersion est très importante pour un film de ce genre et c’est réussi, dans un premier temps.
Le Sang du guerrier se veut donc une fresque historique, dans la plus pure tradition, avec musique épique, complot politique et amour impossible. En outre, le contexte historique clef pour la Corée est vraiment intéressant. Un pays partagé entre l’ouverture sur l’Occident et la garde farouche des traditions est bien rendue.
Alors qu’est-ce qui coince, me direz-vous ? Et bien tout ! Le fait que Kim Yong-Kyun ne donne pas plus de personnalité au tout, que l’ensemble soit assez fade. Le film veut tellement plaire au plus grand nombre qu’il se perd. Le réalisateur est doué avec une caméra, aucun doute là-dessus. Le film est esthétiquement très réussi quand il montre une Corée verdoyante ou dans la gestion des couleurs, mais pourquoi avoir utilisé tant d’effets spéciaux si hideux ? L’usage d’images de synthèse dans les scènes de combats est d’un goût plus que douteux. Pour faire plus simple, c’est carrément hideux.
En faisant ce constat, on se demande même pourquoi le film a reçu le grand prix action au festival de Deauville (sûrement grâce à une sélection des plus insipides). Le Sang du guerrier n’est pas un grand film d’action, il n’en n’est même pas un. On jongle tellement avec les genres qu’au bout d’une heure de métrage, notre intérêt se perd, lentement mais sûrement. La fadeur de l’ensemble n’aidant pas.
Le film, retraçant la fin d’une époque, fait preuve d’une belle intensité sur la fin, mais il est trop tard. L’émotion peine à faire surface, un comble pour un film de ce genre (et pourtant avec les violons, ils ont tout tenté les bougres !). Et puis, l’honneur Coréen est sauf, rassurons nous : malgré les divisions au sein du pays, ça reste tout de même de la faute des Japonais !
Le Sang du guerrier est donc un film impersonnel, qui essaye tant bien que mal de faire coexister le drame historique et le film d’action, sans jamais tirer la quintessence des deux. C’est bien joué, c’est bien filmé, mais ce sont quelques choix qui demeurent plus que discutables. Cela aurait pu donner un très bon film, si Kim Yong-Kyun avait choisi quelle personnalité donner à son film. Essai manqué…
Jérémy Coifman.
Verdict :
Le Sang du Guerrier de Kim Yong-Kyun, DVD et Blu-Ray édités par Elephant disponibles depuis le 23/03/2011.