Le Parrain de Hong Kong de Poon Man Kit (DVD)

Posté le 14 janvier 2011 par

Le Parrain de Hong Kong (To Be Number One) est un petit film culte du cinéma de Hong Kong mais un gros film de triades. Réalisé en 1991 et bénéficiant d’un budget conséquent, il aura su se distinguer du reste de la production par son ambition en se présentant sous la forme d’une fresque plutôt qu’un polar de plus. Et cette même année, les tragédies mafieuses étaient à la mode puisque sortait également le diptyque Lee Rock de Lawrence Ah Mon, présentant l’un des plus gros castings que l’on ait put voir au cinéma à cette période. Le pari n’était pourtant pas évident mais le film recelait visiblement d’assez de qualités pour lui offrir la 3e place au box office annuel hongkongais, juste derrière Fight Back to School et Operation Condor. Par Anel Dragic.

A Better Yesterday

Alors que l’heroic bloodshed vit ses dernières heures de gloire (on peut considérer que le genre s’achève l’année suivante avec la sortie du Hard-Boiled de John Woo), le film de triades cherche à se renouveler. Le regard des metteurs en scène se tourne alors vers les Etats-Unis et s’inspire des grands classiques du film de gangster, allant de Scarface à Il était une fois en Amérique en passant par L’année du dragon.

Le Parrain de Hong Kong
“Just When I Though I Was Out… They Pull Me Back In !”

Réalisé par Poon Man Kit, fier artisan ayant œuvré pour Johnny Mak ou encore Tsui Hark, le film prolonge son œuvre qui était déjà riche en criminalité. En 1988, il réalise Hero of Tomorrow, un heroic bloodshed noir et désespéré mettant en scène Miu Kiu Wai et Max Mok. L’année suivante, c’est au tour de la mini-fresque mafieuse d’une heure et demi City Kids 1989 avec Andy Lau et Max Mok, qui confirme l’intérêt du réalisateur pour les drames. En 1990, il met en scène Lung Fung Restaurant, comédie sur fond de triades avec Stephen Chow et Max Mok. Mais c’est la collaboration avec le producteur Johnny Mak qui va donner naissance à ce Parrain de Hong Kong, fresque d’une durée de 2h20 (ce qui pour Hong Kong est très rare), retraçant deux décennies d’une bande de mafieux, dont ne fait étrangement pas partie Max Mok.

Poon Man Kit semble capable de s’adapter à toutes les situations. La mise en scène se montre ici particulièrement sobre et soignée, préférant s’effacer derrière son sujet, ce qui explique également la faible présence d’action au sein du métrage. Une seule séquence parvient véritablement à se détacher, lors d’un climax sous forme de gunfight dans la tradition de l’heroic bloodshed. Misant plutôt sur l’émerveillement visuel, magnifiquement rendu grâce à la remasterisation, le film déploie costumes et décors ancrés dans les années 60/70 et se voit sublimé par la photographie impeccable de Peter Pau. Un véritable régal pour les yeux.

Une histoire de triades

Ng Kwok-Ho ( Ray Lui) et quelques amis arrivent à Hong Kong pour fuir le régime communiste. Bien déterminé à ne pas rester dans le caniveau, il offre ses services aux gros bonnets locaux et très vite, ses amis et lui commencent à se faire une réputation. L’ouverture au marché de la drogue et l’élimination de la concurrence vont progressivement faire de Ho l’un des hommes les plus puissants de la ville. Retraçant son histoire sur deux décennies (1960/1970), le film raconte l’ascension et la déchéance de ce personnage, inspirée d’un véritable chef mafieux.

Le Parrain de Hong Kong

 

Si la volonté de dépeindre avec une attention presque documentaire l’histoire des triades sur ces deux décennies peut surprendre, elle prend tout son sens lorsque l’on sait que Johnny Mak en est le producteur et scénariste. L’homme, qui a fait ses armes à la télévision en produisant des séries inspirées de fait divers s’est toujours montré intéressé par l’Histoire de la colonie et très impliqué politiquement. Sa seule réalisation, Long Arm of the Law est encore à ce jour considéré comme l’un des polars les plus intéressants qu’Hong Kong ait produit et peut-être considéré comme la matrice de l’heroic bloodshed qui naîtra véritablement avec A Better Tomorrow.

 

Le Parrain de Hong Kong est donc la rencontre cohérente des personnalités du producteur et du réalisateur. D’une part, la dimension dramatique prend toute son ampleur en laissant ses personnages au sein du récit. En effet, l’histoire se concentre d’avantage sur eux que sur les activités criminelles à proprement dites. La large galerie de personnages et le gros casting qui l’accompagne présente des figures toutes plus antipathiques les unes que les autres, à commencer par Ray Lui, véritablement monstrueux qui s’adonne même à quelques imitations Pacinesques! Ensuite, la fascination de Mak pour le milieu criminel ne laisse rien de côté et brasse le trafic de drogue, les règlements de comptes, la corruption ainsi que les évènements historiques et leurs conséquences sur le milieu du crime organisé.

Le Parrain de Hong Kong

 

Très inspiré par les films de gangsters américains, le film ne cesse d’aligner les références (et reprends au passage des scènes entières au Scarface de DePalma). Notons également que Johnny Mak en profite pour citer au détour d’une scène Sex and Zen (la scène ou Lawrence Ng manque de se faire castrer), film qu’il produit la même année et dans lequel on retrouve de nombreux acteurs du Parrain de Hong Kong.

Verdict :

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Fresque mafieuse, drame flamboyant, Le parrain de Hong Kong plaira à coup sûr aux amateurs de films de gangsters, qu’ils soient asiatiques ou non (les films, pas les amateurs. Quoique, eux aussi remarquez!). Présenté ici dans une copie magnifique, le film ne brillera hélas que pour lui même puisqu’une fois encore on notera une absence totale de bonus, propre à la politique éditoriale de metropolitan.

Anel Dragic.

Le Parrain de Hong Kong, DVD édité par Metropolitan Filmexport, disponible depuis le 01/12/2010.