Le magnifique film d’ Apichaptong Weerasethakul a cumulé 100 836 entrées en France. Petit retour sur la distribution française d’ Oncle Boonmee. Par Victor Lopez.
C’était donc un pari risqué pour Eric Lagesse d’acheter le film à Cannes, surtout que c’était le premier de Joe que distribuait sa compagnie, Pyramide. Coup de chance, il en fait l’acquisition le dimanche 23 mai, convaincu par la passion que provoque l’œuvre parmi ses défenseurs, sans se douter que le film allait recevoir la récompense suprême quelques heures plus tard. Les autres distributeurs européens n’ont pas eu ce flair et ont du débourser un peu plus pour acquérir une Palme d’or plutôt qu’un film de Weerasethakul.
Cela n’a pas empêché la boîte d’axer la promo sur le prix plutôt que sur le film. Exit la belle affiche thaïlandaise dessinée par Joe lui-même : place au sérieux cannois pour celle française, qui met en avant la palme dans une sobriété propre à attirer les auditeurs de France Culture plutôt que les amateurs d’ovnis cinématographiques. De même, la bande-annonce française en remet une couche en plaçant en évidence des images où Tim Burton remet la Palme à Weerasethakul, soulignant l’éventuel proximité entre les deux cinéastes.
Et la stratégie est payante, puisque le film sort sur 84 copies en première semaine, avant d’en rajouter 31 en seconde, quand il cumule 74 522 entrées. Cela signifie que le grand public, alléché par le label cannois, a rejoint les amateurs du cinéaste (nous étions seulement 19 500 à nous être déplacés pour Tropical Malady). Le film termine donc sa course à 100 836 entrées, beau score pour l’auteur et bonne nouvelle pour le cinéma asiatique en France.
Victor Lopez.
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