Notre arrivée à Pessac ce vendredi premier octobre pour couvrir le seul festival d’Aquitaine consacré aux cultures asiatiques nous a permis une succulente mise en bouche en compagnie de sa tête pensante Damien Beigbeder. La soirée fut aussi l’occasion d’un magnifique hommage à Satoshi Kon.
Dans les griffes de Mandora
L’association Mandora se démène en indépendant (soit sans un kopeck de la municipalité) pour faire vivre cet enthousiasmant événement, qui attire de plus en plus de curieux chaque année. 4 000 aquitains (et une poignée de parisiens) ont répondu présents au voyage asiatique l’an passé, et on les espère encore plus nombreux cette année. L’énergie et effervescence qui anime la ville à la veille de la grand messe, qui accueillera le gros de l’événement ce week-end salle Bellegrave, semble bien l’annoncer.
La semaine du 27 septembre fut d’ailleurs déjà riche en évènements. De lundi, avec une soirée d’ouverture aux couleurs de Bollywood à vendredi, avec une journée intergénérations, à laquelle votre serviteur s’est glissé aux milieux d’Otaku éclairés pour discuter avec le passionnant Aurélien Pigeat de la mémoire dans les mangas, les habitants de Pessac ont pu se familiariser avec la diversité des cultures de l’Asie.
Mais cette première journée fut surtout celle de la très attendue soirée japanime, dont la programmation fut dictée par la triste disparition de Kon Satoshi il y a quelques semaines.
Le dernier rêve de Kon Satoshi
C’est par un bonjour que se clôt la dernière création de Kon Satoshi, un court clip réalisé pour la matinale de la NHK. On y voit une de ses si reconnaissables héroïnes se lever, et se dédoubler à chacun de ses gestes, jusqu’à retrouver sa plénitude une fois bien réveillée. La présentation de ce court conçu tout récemment montre encore une fois à quel point sa disparition prématurée fut un choc surprenant.
La vision conjointe de Tokyo Godfathers et de Paprika nous a permis de nous rappeler que ses films regorgent d’une vitalité débordante, qui rend sa mort difficile à réellement concevoir. Malgré l’hyperréalisme de sa description des bas-fonds de Tokyo et de ses clochards marginaux, Tokyo Godfathers fait preuve d’une joie de vivre communicative et d’un grand humanisme. Tout comme les visions cauchemardesque de Paprika témoignent d’une énergie hallucinatoire dans son obsession de perpétuellement remplir le cadre de l’animé.
La nouvelle de la mort de Kon est d’autant plus difficile à digérer alors que le cinéaste japonais commençait sérieusement à devenir un artiste internationalement connu, comme le montre les emprunts de Nolan à son œuvre dans Inception. Outre ses thématiques (le voyage dans le rêve, le cinéma), le Blockbuster intello cite textuellement certaines scènes de Paprika, notamment celle de l’ascenseur qui ouvre à chaque étage une scène de la psyché/rêve des personnages.
Célébration de la vie par le cinéma, les films de Kon vont nous manquer… Surtout qu’à la fin de Paprika, le flic, en se rendant au cinéma, passe devant tous les films du cinéaste pour aller voir « Les enfants des rêves ». On ne le verra jamais, mais on peut toujours le rêver…
Un grand merci à Damien Beigbeider et son équipe de sympathiques bénévoles pour leur accueil royal et à Johanna Benattar pour sa disponibilité et son éclairante présentation du festival.
Retrouvez notre hommage à Satoshi Kon
Victor Lopez
home@eastasia.fr
Le mag
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Animasia 2010 (1) : Une journée à la Kon
Animasia 2010 (2) : Ne dîtes pas à ma mère… que je suis à Pessac