Transformers 3 : la face cachée de la lune de Michael Bay (Cinéma)

Posté le 29 juin 2011 par

Il y a des mechas, c’est pour East Asia ! Et si les puristes vont hurler en affirmant qu’il ne s’agit pas vraiment de mechas et que franchement, Hasbro n’est pas Bandaï, on leur rétorquera que si l’on a subi la projection de presse du matin de Transformers 3, (donc prendre 2h40 de Michael Bay en guise de petit déjeuner), c’est quand même pour vous dire ce qu’on en pense ! Critique à chaud Par Victor Lopez.

Il y a une scène dans Transfomers 3 qui résume bien le positionnement du Blockbuster américain par rapport à ses équivalents japonais dans le traitement de la thématique du mecha. Un homme peste contre un photocopieur qu’il n’arrive pas à régler et s’exclame : « Ha, c’est si excessivement Japonais : c’est tellement compliqué ». On a là toute l’idéologie de Transformers par rapport à ses modèles forcément japonais depuis sa création ! Même à comparer les figurines Gundam des années 80 à celles des Transformers, on ne peut que constater qu’Hasbro a grossièrement simplifié les délicats traits des jouets Bandaï, pour en faire des caricatures propres à satisfaire les gamins américains ! Quand Michael Bay adapte la franchise pour en faire une série de films de mechas aussi bourrins que décomplexés, il ne fait pas autre chose ! Le réalisateur de Bad Boys pioche dans l’imaginaire japonais, de Ghost in the Shell à Vexille (dont il reprend dans cet épisode les magnifiques chenilles mécaniques), pour n’en garder que l’emballage superficiel (les machines qui se foutent sur la gueule) et en faire une simplification extrême, assimilable par le plus grand nombre.

Cela dit, on sait quand on va voir Transformers que ce ne sera pas du Shirow, du Gundam, ou de l’Evangelion, mais que l’on aura des robots géants détruisant des buildings ainsi que d’autres robots géants, de la frime bien beauf, des meufs bien roulées, des grosses voitures, de l’humour racoleur, des explosions devant lesquelles les héros marchent au ralenti, et une mise en image clinquante. Ce que l’on n’aura pas, c’est de l’émotion, une quelconque implication, un scénario que l’on n’a pas vu cent fois, une idée neuve ou un semblant de réflexion, tout cela étant sacrifié à l’autel de l’efficacité technique et narrative.

Il faut donc se placer à un niveau d’exigence très bas pour juger le film à sa juste valeur, et en apprécier les maigres qualités. Vous y êtes ? Non ? Hé bien passez votre chemin car vous vous apprêtez à vivre 2h40 de tortures si vous n’êtes pas prêts à ce sacrifice… Pour les autres, un plaisir autant coupable que décérébré vous attend !

On retrouve dans ce nouvel opus  Shia LaBoeuf, (« représentant syndical des acteurs steak haché », dixit Csaba Zombori, tout droit réservé !) avec une nouvelle copine (Megan Fox, qui l’a largué entre les deux épisodes, en prend d’ailleurs pour son grade dans un ou deux dialogues revanchards), dont la plastique sera comparée tour à tour à une belle voitures puis à un chien, ce que les féministes ne manqueront pas d’apprécier. Une mise en place d’une heure et demie alterne moment de comédies (avec un formidable cameo de John Malkovitch et un autre hystérique de Ken Jeong), de romance, de drame, et d’action, bref, un saupoudrage propre à plaire à tous les publics. C’est consensuel, mais que vous soyez un teenager américain ou une grand-mère accompagnant son petit-fils, vous en aurez pour votre argent (même si vous trouverez plus votre compte dans le premier cas). On arrive sans encombre à une dernière heure musclée qui offre d’impressionnantes, mais prévisibles, scènes de combats aux mangeurs de popcorn que nous sommes forcés de devenir pendant le spectacle.

L’élément qui fait réellement plaisir devant ce spectacle fait de cris métalliques, de couleurs criardes, et de tôles froissés (mais pas trop agressif quand même, la grand-mère du paragraphe précédent est toujours là) : Michael Bay maîtrise la 3D comme aucun autre technicien s’étant essayé à l’exercice jusqu’alors (notez ici l’emploi de « technicien », et non de « cinéaste »). Il arrive en effet à proposer un film de divertissement en 3D visuellement agréable, exercice que seuls Zemeckis et Cameron avaient jusqu’alors tenu, et sur lequel la liste des échecs, de Tim Burton à Kenneth Branagh, est bien longue. Mieux : Bay adapte sa mise en scène à l’outil et abandonne son montage épileptique et ses plans illisibles pour que l’œil du spectateur ne soit pas saturé d’informations. Résultat : Transformers 3 est de loin son meilleur film, et en tout cas le seul où la gestion de l’espace dans les scènes d’action est à peu près convenable. Pour une fois, son talent de technicien n’est pas gâché par ses aspirations de réalisateur, et cela suffit à ne pas mettre hors de soi les spectateurs attendant un peu de cinéma dans le voyage à la fête foraine que sont les films de Michael Bay. C’est peu, mais c’est tout ce que l’on peut attendre du film : un divertissement devant lequel on ne s’ennuie pas… Au vu de la qualité moyenne des blockbusters estivaux de ces dernières années, on rechigne à faire la fine bouche, et on peut éventuellement se laisser tenter par le spectacle en attendant J’ai rencontré le diable et The Murderer dans les semaines qui arrivent !

Victor Lopez.

Transformers 3 : la face cachée de la lune de Michael Bay, en salle le 29/07/2011.