Matsumoto Leiji est plus connu en France pour le manga culte Albator. Mais il y a une autre mythologie qui a amené l’auteur au panthéon, celle du cuirassé Yamato. Le manga, paru en 1974, est vite devenu un phénomène de société. Aujourd’hui, c’est l’adaptation Live de l’épopée du Yamato qui sort dans les bacs Français. Doté d’un budget énorme (22 millions de Dollars), Space Battleship Yamato tente de faire honneur à cette histoire passionnante. Par Jérémy Coifman.
L’histoire : 2199, la terre vit ses derniers instants. L’empire Gamilas bombarde la terre. La radioactivité est trop importante pour qu’on puisse vivre à la surface et les gens se terrent dans les souterrains. Cependant, ce ne sera pas suffisant. Bientôt, tout sera contaminé et l’espèce humaine sera anéantie. Le dernier espoir de la planète est le cuirassé Yamato. Il va tenter de mettre fin à se conflit et sauver la terre d’une disparition certaine.
Voir un Space Opéra sortir en France (que ce soit en DvD ou en salle) est un petit événement en soi. Le genre se fait tellement rare que tous les fans sont en ébullition dès qu’un projet est en route. Depuis la fin de la série Battlestar Galactica et le Star Trek de J.J Abrams en 2009, il faut dire qu’on s’ennuie un peu. Dans Space Battleship, on ressent d’ailleurs fortement l’influence de ces deux œuvres.
Ce budget conséquent et cette pression a été mise sur les épaule de Yamazaki Takashi, à qui l’on doit le très dispensable Returner avec Takeshi Kaneshiro. Le premier constat est que malgré un certain côté impersonnel, le réalisateur s’en sort plutôt bien et que Space Battleship a de la gueule. Le budget est très bien utilisé. Yamazaki Takashi a supervisé lui-même les effets spéciaux. Fan de science-Fiction depuis son enfance (c’est d’ailleurs Star Wars et Rencontre du 3ème type qui lui ont donné envie de faire du cinéma), le réalisateur semble beaucoup s’amuser ici, malgré une pression évidente. Le Yamato est superbe, les décors et les uniformes très soignés. On a souvent vu des films au budget plus conséquent être beaucoup plus laids.
La réalisation est très dynamique. Ce qui rappelle le style Battlestar Galactica (version 2003 évidemment). La caméra est sans cesse en mouvement, donnant un sentiment d’urgence. Les plans sont très courts également, le film ne laisse pas beaucoup de répit aux spectateurs. Mais la question que tous les fans du Manga (et de l’anime) se posent est la suivante : Space Battleship est-il une bonne adaptation de l’œuvre culte de Matsumoto ?
Le résultat est mitigé. La force de la série de Matsumoto était de développer un background assez fort. Les personnages prenaient le temps de se découvrir aux lecteurs-spectateurs. Les 2h18 du film ne suffisent hélas pas. Yamazaki doit gérer pas mal de choses en même temps et on sent qu’il a beaucoup de mal à faire cohabiter tous les aspects importants du manga. Ici, on se concentre sur les combats. Cela donne un côté très épique à l’ensemble, mais qui sacrifie quelques peu ses personnages, malgré les (nombreuses) scènes de dialogues. De façon assez maladroite, le réalisateur tente d’épaissir ses personnages, mais cela ne fonctionne pas vraiment. Mais on ne peut pas reprocher cela au réalisateur qui a son parti pris, tant l’œuvre originale est vaste et complexe. Yamazaki essaye de donner un aspect sériel au film, construit de façon assez marquée, ce qui est assez intéressant.
Le film s’éloigne encore de l’original en ne donnant pas de visages aux ennemis. Les gamiliens ne sont cette fois pas des personnes, mais plutôt des entités, naviguant de corps en corps. Empruntant évidemment aux « body snatchers », cette non incarnation de l’ennemi est très dans l’air du temps, très « post 11 septembre ». Elle donne cependant une certaine originalité au tout. Rendant la menace encore plus dangereuse et en centrant encore plus l’histoire sur l’espèce humaine.
Une super production telle que Space Battleship ne pouvait pas être sans un casting quatre étoiles. Pour assurer un succès au box-office, il fallait engager des acteurs à l’aura très grande. C’est ici chose faite avec Kimura Takuya, tombeur de ces dames, incarnant Kodai Susumu, le héros rebelle. Kuroki Meisa, belle à tomber, assurant pour sa part l’attraction pour le public masculin. Tout est parfaitement calibré et les acteurs sont tous plus ou moins investis dans l’entreprise.
Autre aspect primordial, la musique de Sato Naoki est omniprésente. Soulignant les passages épiques ou dramatiques, elle ne brise en aucun cas les codes du genre. A coup de cuivre et de corde, la musique tente de nous émouvoir. A trop vouloir en faire, cet aspect devient vers la fin du film vraiment agaçant. Cerise sur le gâteau, la chanson du générique de fin est interprétée par Steven Tyler (père de Liv et chanteur d’Aerosmith), comme au bon vieux temps d’Armageddon de Michael Bay !
Assurant le spectacle pendant 2h18, malgré quelques petites longueurs, Space Battleship est un Space Opera honnête, remplissant son office. Les emprunts aux classiques de la science-fiction sont très nombreux (allant jusqu’à Alien !), mais n’empêchent pas le spectateur de prendre du plaisir. On est loin du chef d’œuvre, mais l’honneur de l’œuvre de Matsumoto est intact, et ça au Japon, c’est vachement important !
Bonus : Édition soignée chez Wild Side avec une image et un son irréprochable. En bonus des bandes annonces et un documentaire sur le Space Opéra assez intéressant.
Jérémy Coifman.
Space Battleship, l’ultime espoir de Yamazaki Takashi, édité en DVD et Blu-Ray Combo par Wild Side, disponible depuis le 02/08/2011.