FFCP 2023 – Killing Romance de Lee Won-suk

Posté le 14 novembre 2023 par

Amateurs de comédies coréennes pur jus, unissez-vous ! Avec Killing Romance réalisé par Lee Won-suk, on tient la bombe comique de cette édition du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP). Un film décapant qui met les curseurs à 250 pour notre plus grand bonheur.

Hwang Yeo-rae, actrice populaire dont les talents sont parfois moqués, quitte le métier quand elle épouse le milliardaire Jonathan Na. Beom-woo, un fan qui habite juste en face de chez eux, devient le témoin privilégié de ce mariage toxique. Quand Yeo-rae désire retrouver les plateaux de cinéma et que son époux s’y oppose, elle voit en Beom-woo son meilleur allié. Entre eux, un pacte est signé.

Le sujet, a priori difficile, de Killing Romance, traitant d’une femme cherchant à fuir l’emprise de son pervers narcissique de mari, ne nous préparait pas à ça. A vrai dire, rien ne pouvait nous préparer aux directions plus barrées les unes que les autres que le film prend, en faisant cohabiter la parodie, la comédie musicale, le thriller foireux et des autruches vengeresses.

Avec l’aplomb nécessaire au meneur de sa troupe de déglingués, Lee Won-suk franchit volontiers la frontière de l’absurde et ne s’interdit pas grand-chose. Visuellement, tout d’abord, avec une palette de couleurs très flashy, des décors en carton-pâte et des numéros dansants impromptus. Scénaristiquement ensuite, en choisissant de raconter son histoire sous l’angle du conte de fée. Il extrait alors d’emblée le film d’une forme de réalité qui renforce l’impression d’être dans le rêve délirant de quelqu’un parti très très loin. Ainsi, la princesse dans sa tour (une penthouse à Séoul) est l’ancienne idole du pays, emprisonnée par un horrible magnat de l’immobilier/philanthrope de convenance avec la plus belle collection de postiches de moustaches jamais vue sur un écran de cinéma. Quant au chevalier blanc, c’est un fan énamouré désespérant d’entrer un jour à la Seoul University, plein de bonne volonté mais passablement inefficace. En chemin, Killing Romance puise dans à peu près dans tous les codes existants afin de mieux les détourner, enchaînant les idées avec une énergie qui n’a d’égale que l’hilarité que chaque trouvaille provoque.

La détermination des comédiens à suivre le délire jusqu’au bout était indispensable au succès du film. Non seulement déterminés, le casting plonge littéralement, tête la première, dans cet incroyable bazar. Lee Ha-nee et Gong Myung, jamais les derniers à s’amuser (et à nous amuser), 4 ans après Extreme Job, confirment encore une fois leur incroyable force comique à laquelle se mêle une vulnérabilité hyper touchante. La déflagration vient néanmoins de Lee Sun-kyun qui amène son personnage, déjà haut en couleur, au delà des promesses. A la fois totalement ridicule et complètement flippant, l’acteur en fait des caisses (dans le meilleur sens du terme) et nous offre un John Na que l’on n’est pas prêt d’oublier (tout comme la vision de Lee Sun-kyun en plein rap dans un sauna en surchauffe).

En plus d’être vraiment très drôle, Killing Romance parvient aussi à créer des personnages réellement attachants et des enjeux que l’on prend, mine de rien, plutôt au sérieux. Derrière la comédie se cachent un récit d’émancipation bien plus sombre (que le réalisateur sait amener au détour de certaines séquences) et une émouvante célébration de la solidarité.

Lee Won-suk a dit à maintes reprises que le tournage, en pleine crise du covid, avait contribué à changer la forme et l’esprit du film, amenant à ce brillant n’importe quoi généralisé. Pour cette fois, on remercie vivement la pandémie et on se laisse volontiers aller à tout ce que nous propose Killing Romance. Et quel plaisir !

Claire Lalaut

Killing Romance de Lee Won-suk. 2023. Corée du Sud. Projeté au FFCP 2023

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