NETFLIX – The Drug King de Woo Min-ho

Posté le 23 mars 2019 par

Ascension et chute d’un gangster dans The Drug King, nouvelle réalisation de Woo Min-ho après Inside Men présenté au Festival du Cinéma Coréen à Paris en 2016. Cette fois, pas besoin de se déplacer puisque The Drug King est sur Netflix !

Ambiance seventies pour cette histoire tirée de fait réel, celle de Lee Doo-sam, de ses débuts comme simple sous-fifre à la totale puissance dans un Busan fiévreux et violent.

Il y a un sens du détail évident, une précision dans la reconstitution du Busan des années 70, de ses liens étroits avec le Japon. Woo Min-ho semble passionné par la question des fondations du pays, des liens entre politique, économie et pègre. Des cinéastes comme Yoon Jong-bin (The Spy Gone North) ou Ryoo Seung-wan (Veteran) ont des préoccupations similaires et il est intéressant de voir que la Corée est devenue la seule héritière d’un certain cinéma hollywoodien, ample et romanesque.

On a donc à faire ici à un Scarface/Breaking Bad sous le soleil de Busan, ville portuaire, pierre angulaire du commerce maritime. Rien de bien original donc pour une fresque un brin ampoulée dans la forme, bien qu’efficace. Le film s’étend sur 2h20, dans un enchaînement de séquences un peu attendues, mais toujours élégamment mises en scène. C’est un paradoxe assez commun d’un certain cinéma coréen, toujours parfait ou presque dans la forme, mais qui peine à raconter autre chose.

The Drug King déroule donc son programme avec application, passant par tous les passages obligés du genre, en le faisant très bien, mais en ne s’éloignant jamais très loin des sentiers battus. C’est un cinéma de surface, pas mauvais ni inutile, mais qui manque de subversion (hormis le fait de parler ouvertement de drogue), de nuance.

Mais le long métrage distribué par Netflix dans nos contrées devient un terrain d’expression exceptionnel pour le mythique Song Kang-ho (Memories of Murder, Sympathy for Mr. Vengeance) qui incarne cet homme obsédé par le pouvoir et l’argent avec délectation. Il travaille sur les intonations, les changements de registre, arrive à donner de la nuance à un personnage qui dans l’écriture n’en a pas forcément.

Reste donc une fresque criminelle élégante, bien incarnée, mise en scène avec soin quelque peu desservie par son manque d’originalité et d’aspérité. Reste qu’en l’état, le film est supérieur à beaucoup de productions du même genre venue d’ailleurs. La Corée du Sud reste la place forte du cinéma de divertissement mondial.

Jérémy Coifman.

The Drug King de Woo Min-ho. Corée. 2018. Disponible sur Netflix le 21/02/2019.

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