FCCF 2018 – Chasing The Dragon de Wong Jin

Posté le 14 juillet 2018 par

Chasing The Dragon de Wong Jing, fresque mafieuse ambitieuse sur le papier que l’on a pu découvrir au Festival du Cinéma Chinois en France (FCCF) et menée par les toujours classieux Donnie Yen et Andy Lau, souffre quelque peu de la comparaison avec les modèles qu’elle tente de singer.

Chasing The Dragon -remake du film To Be Number One de Poon Man-Kit, classique du polar hongkongais- tente dès son introduction emphatique sur fond de voix-off scorsesienne d’imposer ses intentions : retrouver le lustre des grands polars hongkongais et offrir au public actuel une saga mafieuse d’importance. Avec ses fonds verts et la perruque de Donnie Yen, le début du long métrage demeure une note d’intention un peu ridicule.

Disons-le tout de go, la suite bien que parsemée de séquences parfois très bien menées -notamment une fusillade venant embraser tout un quartier- ne parvient pas à titiller la fibre nostalgique du fan en manque de grand polar. Andy Lau qui reprend le rôle du policier corrompu Lee Rock qu’il avait tenu dans deux films en 1991, essaie en vain d’insuffler de la vie et sa malice habituelle, mais impossible de ne pas penser aux modèles, qu’ils soient orientaux (To Be Number One, Une Balle dans la tête, Le Syndicat du crime…) ou occidentaux (Il était une fois en Amérique, Les Affranchis…).

Le film ne repose que sur des péripéties attendues et une émotion forcée. La mise en scène ostentatoire mais maîtrisée de Wong Jing ne fait pas décoller le long métrage vers de cimes plus estimables. Chasing The Dragon ne sort jamais des rails que sa note d’intention initiale lui impose. Il devient donc un hommage maladroit et ampoulé à un cinéma devenu moribond, où tous les talents par la force des choses ont été forcés de quitter le navire pour aller travailler sur le continent.

En cela, Chasing The Dragon s’avère presque émouvant par moment. Non pas par ce qu’il raconte ou montre de manière très appuyée, mais par cette volonté de retrouver un lustre, d’y mettre les moyens. La photographie de Jason Kwan est superbe, et suffit presque à rendre le film intéressant.

Surtout c’est en focalisant le film sur la relation entre Lee Rock et Ng Sik Ho, deux grandes figures du crime, que Wong Jing veut frapper un grand coup. Et c’est l’aspect le plus réussi de Chasing The Dragon. Les frères d’armes qui peu à peu deviennent ennemis, figures classiques des tragédies de gangsters, sont ici parfaitement mis en valeur, montrant l’aveuglement de chacun dans cette course au pouvoir. Quand Lau et Yen sont réunis à l’écran, la tension accroche, même la mise en scène parait plus inspirée. Le charisme des deux acteurs suffit parfois. Mais l’illusion ne fait pas long feu. Les personnages qui gravitent autour d’eux ne parviennent pas à exister et Wong Jing a du mal à cacher qu’il ne s’intéresse qu’à la confrontation de ses deux personnages/acteurs.

Alors l’hommage est émouvant, la photographie soignée, mais Chasing The Dragon reste un polar à (très) gros budget bien trop balisé pour emporter l’adhésion.

Jérémy Coifman.

Chasing the Dragon de Wong Jin. Chine. 2017. Projeté dans le cadre du Festival du Cinéma Chinois en France (FCCF)

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