Okinawa International Movie Festival 2018 – Dolmen X de Komuro Naoko

Posté le 20 avril 2018 par

Cinq extraterrestres nommés Leader, Ichii, Nii, Sai et Yoi ont pour but d’envahir la Terre mais ils n’ont pas envie d’entamer de guerre. Après avoir vu un groupe d’idol sur scène, ils décident d’avoir pour stratégie de devenir eux aussi un groupe d’idol, qu’ils appelleront « Dolmen X », pour arriver à leurs fins. Voici le pitch improbable de Dolmen X ! Il n’y a qu’à la 10e édition du Festival international du film d’Okinawa que l’on peut voir de telles choses ! 

Dolmen X est une production qui exploite de manière très amusante la fixette bien connue des Japonais(es) pour les groupes d’idol. Le film est un montage cinéma d’un drama de quatre épisodes adapté du manga de Yuna Takagi publié depuis 2016. Le postulat voit cinq extraterrestres, le leader (Shison Jun), Ichii (Kodai Asaka), Nii (Ogoe Yuuki), Sai (Horii Arata), Yoi (Tamashiro Tina) végéter sur Terre dans un infructueux projet d’invasion. En observant les humains, ils comprennent que le meilleur moyen de les soumettre à leur volonté est de devenir à leur tour un groupe d’idol tant ces derniers semblent subjuguer la masse.

C’est ainsi le prétexte pour assister de façon décalée à la formation d’un groupe d’idol, le côté kitsch se conjuguant à des gags bien sentis quand s’y ajoute la gaucherie de nos extraterrestres. C’est une manière pédagogique et ludique pour le novice comme le fan de découvrir les différentes étapes de ce chemin sinueux vers le succès : trouver un look singulier, se façonner une notoriété ou encore donner ses premiers concerts dans des lieux improbables. Le seul personnage féminin incarné par Tamashiro Tina fait office de guide en inculquant tous les codes à nos apprentis vedettes, tout en symbolisant la groupie béate suivant les moindres faits et gestes du groupe.

Le réalisateur  Komuro Naoko joue astucieusement durant tout le film sur deux tableaux. La comédie nonsensique propose une quasi parodie de ce monde des idol (notamment la conception hasardeuse de chorégraphies) et même un semblant de critique quand sont fustigés les tours de passe-passe marketing pour monter une notoriété de toute pièce. Parallèlement, plus le groupe se professionnalise et se fait connaître, plus les aliens semblent réellement se prendre au jeu pour le meilleur et pour le pire. La jalousie ordinaire du plus adulé du lot, l’abnégation du moins doué, les doutes du compositeur attitré de la bande, tous ces aspects sont traités dans un premier degré où l’on pourrait presque éliminer l’argument fantastique initial.

Il est regrettable qu’en termes formel et au niveau du rythme, maladroit, le film trahisse ses origines télévisuelles. Hormis les idées de gags splapstick,  la mise en scène reste plutôt anonyme, guère rehaussée par une photo d’une rare platitude. L’ensemble oscille ainsi constamment entre regard extérieur ironique et vrai mélo musical, un questionnement pertinent – l’éternel jeunesse des aliens confrontée au vieillissement du seul humain du groupe, rappelant la nature éphémère de leur « art »- aboutissant à un final sirupeux en diable. Croiser un postulat à la Under the Skin au monde des idol était une vraie idée originale, mais le film ne pousse pas suffisamment loin la démarche.

Justin Kwedi.

Dolmen X de Komuro Naoko, Japon, 2018

Présenté  au 10eme festival international du film d’Okinawa. Toutes les informations ici.

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