Inédit – Re: Born, de Shimomura Yûji (2016) : la renaissance de Sakaguchi Tak ?

Posté le 3 mars 2018 par

Shimomura Yûji est un coordinateur de cascades prolifique, qui passe à la réalisation en 2005 avec Death Trance, au casting duquel se trouvait déjà la star du cinéma d’action Sakaguchi Tak. Si l’on excepte les cinématiques du jeu vidéo Bayonetta, Re: Born est son deuxième film. Marquera-t-il un grand retour de l’acteur, ou ne sera-t-il qu’un nouveau et classique film d’action ?

Sakaguchi Tak s’était fait connaître grâce au virtuose Versus, de Kitamura Ryûhei en 2000. L’acteur, spécialisé dans le cinéma d’action, est resté fidèle au réalisateur, avant que chacun ne prenne une route différente (Kitamura partant entre temps aux Etats-Unis pour réaliser The Midnight Meat Train). Sakaguchi Tak continue à œuvrer dans le cinéma d’action, construisant un personnage de guerrier invincible dont le statut dépasse celui des différents protagonistes de ses films. Tel Steven Seagal, en effet, les êtres incarnés par Sakaguchi Tak semblent se rejoindre, créant une entité indépendante, un reflet déformé et bad-ass de l’acteur. Il va même se parodier dans Snot Rocket, de Yamaguchi Yudai, ou forcer le trait de son personnage pour jouer avec les codes créés, lors de petites perles comme Yakuza Weapon (qu’il co-réalise avec Yamaguchi Yudai), ou encore Dead Ball, dont il est aussi le réalisateur.

Re: Born possède un scénario plutôt classique, même si le réalisateur en brouille les cartes, laissant planer le mystère autour de son personnage principal. Shimomura Yûji débute son œuvre par une scène d’action assez violente, une équipe de soldats cherchant visiblement à s’en prendre à un guerrier d’élite, qui va sauvagement se défaire de ses adversaires les uns après les autres. Après cette mise en jambe pour accrocher le spectateur, ce dernier va suivre le parcours d’une petite fille, et surtout de son oncle, un homme en apparence sans histoire, qui s’occupe de l’enfant, tient une supérette de nuit, est hanté par des cauchemars et, de temps en temps, se fait attaquer par des hommes d’élite, qu’il défait et tue sans état d’âme.

Finalement, Re: Born déploie une intrigue assez simple, proche d’un Headshot par exemple. Notre héros a été transformé en machine à tuer (il pourrait être la réincarnation d’un soldat légendaire), et un mystérieux vieil homme a décidé de le tuer pour se venger. Le réalisateur déploie des scènes de vie quotidienne, paisibles, parasitées par des attaques brutales et sauvages, chorégraphiées avec une grande précision, pour finalement se laisser aller à de très longs affrontements dans les bois pendant le dernier acte.

L’écriture est loin d’être parfaite. Certains protagonistes ou développements manquent d’utilité, et ne semblent être là que pour rallonger la durée du film. Les scènes tournant autour du psychiatre à qui se confie le héros, par exemple, n’apportent rien. Cependant, quand le réalisateur déploie ses séquences d’action, il montre un talent pour la chorégraphie qui force le respect.

Les affrontements mélangent armes à feu, blanches, poings et pieds, et le réalisateur opte pour des séquences sèches, rapides. Le héros esquive les balles avec une précision remarquable, joue avec les obstacles pour s’approcher de ses adversaires, et les met violemment hors de combat. La première moitié du film joue ainsi l’alternance entre moments paisibles et attaques violentes, s’amusant à parasiter des séquences presque contemplatives. Ce jeu sur le rythme est très bien construit, et monte crescendo jusqu’à une très longue série de combats contre un très grand nombre d’adversaires au sein d’une forêt, Sakaguchi Tak refermant la boucle avec Versus, se déroulant presque intégralement en forêt. Malgré la durée de cette séquence, le réalisateur évite la redite ou l’ennui en variant les affrontements, et Re: Born se révèle ainsi comme un film certes classique, dans la filmographie de l’acteur, mais réussi.

Yannik Vanesse.

Imprimer


Laissez un commentaire


*