Suite et fin (malheureusement) de nos pérégrinations sur l’île tropicale d’Okinawa qui accueillait l’Okinawa International Movie Festival. Des films, des interviews, un tapis rouge et une soirée de clôture ! Bref, beaucoup de nourriture et peu de sommeil. Dernier carnet de bord avant de revenir en France, dans la grisaille et le froid.
Commençons dans l’ordre, par la journée du 22 avril. Nous avons passé notre début de matinée au cinéma pour découvrir le film indonésien Hangout du réalisateur Raditya Dika. Pour son 5e film, le cinéaste a décidé de s’inspirer (ou de pomper) des Dix petits nègres d’Agatha Christie. Neuf personnes du milieu du cinéma indonésien sont invités par un mystérieux inconnu à passer quelques jours sur une île isolée. Evidemment, ils sont tués les uns après les autres jusqu’au moment où on découvre qui est le meurtrier. Sur le papier, ça a l’air sympa. En réalité, il en est autrement. Déjà, si vous connaissez le roman d’Agatha Christie, vous devinerez la fin du film dès la première demi-heure puisque Hangout n’a pas eu l’idée de modifier le scénario. Si c’était le seul défaut du film, on aurait pu s’en sortir. Malheureusement, le réalisateur, qui a décidé de faire jouer aux comédiens leur propre rôle, est un peu imbu de sa personne. Du coup, on assiste à un film pédant à l’humour très douteux. Réalisation minimale, blagues potaches ne faisant rire personne, longueurs interminables… On zappe !
Deuxième film de la journée, Star Sand du réalisateur australien Roger Pulvers. Cet artiste pluridisciplinaire (écrivain, metteur en scène de théâtre, traducteur) signe ici son premier film après avoir été assistant de Oshima Nagisa sur Furyo. Adapté de son propre roman, Star Sand se déroule à Okinawa, lors de la Seconde Guerre mondiale. Un déserteur japonais vit dans une grotte sur une petite île non touchée par la guerre et recueille un soldat américain, lui-même déserteur. Une jeune fille japonaise, d’origine américaine, qui se rend tous les jours dans cette grotte pour récolter du sable étoilé, se joint à ce duo. Avec Sakamoto Ryuichi (Furyo) à la musique et Miura Takahiro (Harmonium), Watanabe Makiko (Still the Water), Terajima Shinobu (R100), Ishibashi Renji (Outrage), Mitsushima Shinnosuke (Blade of the Immortal) et la jeune Oda Lisa au casting, Star Sand est un film plutôt réussi. Le réalisateur, fortement influencé par le cinéma japonais, réalise un film d’ambiance au discours politique pacifique marqué, qui ne peut que toucher le public d’Okinawa, dont les anciennes générations ont le souvenir d’une guerre meurtrière sur le territoire. Mais on reparlera plus précisément de ce film puisque nous avons eu la chance de rencontrer Roger Pulvers qui nous a accordé un entretien très intéressant (le bonhomme est bavard et affable) ! D’ailleurs, il s’agit de la personne que nous avons le plus croisée durant notre séjour à Naha et ce, jusqu’à notre départ pour Tokyo, à l’aéroport de Naha.
Après cette interview, nous retournons au cinéma pour assister à la remise des prix de la Creator’s Factory du festival. Cette compétition, dont le jury comprenait le cinéaste hongkongais Fruit Chan, récompense les jeunes cinéastes. Ainsi, en 2014 avait été découvert Fukada Koji pour son film Inabe, avant qu’il ne tourne Sayonara et Harmonium. Le Festival permet donc vraiment de découvrir des talents ! La compétition comprend deux catégories : les meilleurs projets des réalisateurs de moins de 25 ans et le meilleur scénario. Dans la catégorie des moins de 25 ans, c’est le film Mukougawa de Yasuhiro Ogawa qui a été récompensé. Quant au prix du meilleur scénario, il a été remis à Yuki Fabian Nishiki pour Half Time.
Hop, on enchaîne avec une interview groupée autour de Fruit Chan qui semblait avoir été un peu secoué par son voyage et n’entendait pas vraiment nos questions. Sans compter que son accent hongkongais est particulièrement fort et qu’il n’a pas jugé utile de faire appel à son interprète. L’entretien a parfois été assez comique et on va faire notre maximum pour retranscrire le phrasé du cinéaste hongkongais !
On termine cette journée par un dernier film au lieu d’aller vider des verres d’awamori dans un karaoké. Oui, on reste sérieux jusqu’au bout ! Pour cette soirée, on reste dans le cadre d’Okinawa en regardant le film Karanukan de Hamano Yasuhiro qui voit le retour de la star de rock japonais Gackt devant les écrans, après 14 ans d’absence. Le film suit le photographe Oyama Hiraku qui visite Okinawa où il rencontre une sublime créature. Une histoire d’amour quelque peu confuse qui bénéficie d’un seul atout : la beauté des paysages d’Okinawa. Tourné dans les îles de l’archipel Yaeyama, le film montre simplement ce qu’on peut appeler un paradis sur terre. A croire que l’office de tourisme d’Okinawa a sponsorisé le film. Pour les fans absolus de Gackt, le film peut présenter un intérêt, même si son jeu d’acteur est quand même fortement limité à deux expressions faciales (en même temps, le botox n’aide pas à être expressif). Bref, c’est joli, mais on n’a pas tout compris.
Le lendemain, dernier jour du festival, nous avons eu la chance de rencontrer Osaki Hiroshi, directeur général de Yoshimoto Kogyo qui organise le festival d’Okinawa. Une rencontre sympathique autour d’un homme jovial, ravi de nous parler de sa société et du festival. On en reparle très vite, bien sûr !
On continue les festivités en assistant à l’arrivée de tous les invités du festival sur le tapis rouge. Toute la ville de Naha semble réunie autour d’une bonne humeur communicative. Le staff du festival erre sur le tapis rouge pour guider les stars à trouver le bon chemin mais aussi à s’arrêter aux bons endroits, devant les photographes officiels. Cela ressemble à un joyeux bordel vu de l’extérieur mais, organisation japonaise oblige, tout est millimétré et le défilé se passe à merveille.
14h, dernière interview du festival et pas n’importe qui, Gackt ! La star japonaise s’est fait languir… pendant 1h et plusieurs changements d’horaire. Nous devions, au début, avoir droit à 20min en tête à tête mais il a préféré rassembler les journalistes (interview groupée, notre amour absolu). Et finalement, 20min paraissait un peu long au chanteur/acteur un peu enrhumé donc l’interview a été réduite à 10min. Finalement, pendant l’interview, Gackt a décidé de rallonger et nous avons fini par bien avoir 20min avec lui. On vous dira très bientôt ce que la star a bien voulu nous dévoiler avant une petite retouche maquillage nécessaire pour le photo call. Ah, ces stars…
Avant la soirée de clôture, on décide de regarder un dernier film, Guest House du réalisateur coréen David Cho. Inconnu en Occident malgré plusieurs films réalisés, on le connaît indirectement par les œuvres qu’il a produit : Tokyo! ou encore Dream. Guest House raconte l’histoire de Jung-woo, qui rêve de devenir acteur. Mais il vit à Gangneung, loin de Séoul. Il tient donc un café/auberge où il accueille une Japonaise, championne de curling (oui !). Et une jolie histoire d’amour commence entre les deux, qui ne parlent pas la même langue. Ce métrage a été réalisé en vue des Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang qui auront lieu l’an prochain. Au casting, le chanteur de K-pop Sung Je tient le premier rôle. Malgré une musique mielleuse et difficile à écouter, Guest House est plutôt une bonne surprise. Mignon, il présente quelques similitudes avec les films de Hong Sang-soo. Le film n’est pas incroyable, mais on a passé un bon moment !
Enfin sonne le glas du festival et de notre dernière soirée à Okinawa. Direction la soirée de clôture pour manger un bout, dire au revoir à tout le monde, remercier l’organisation et assister à quelques spectacles.
Le festival, c’est fini ! Mais il continue sur East Asia toute la semaine prochaine avec nos nombreux entretiens !
Elvire Rémand.
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