Au Festival de Cannes 2016, nous avons eu la chance de découvrir un fort joli film d’animation : La Tortue rouge, réalisé par Michaël Dudok de Wit. Sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard, le film est reparti de la Croisette avec le Prix Spécial. Rien de mieux pour entreprendre avec sérénité l’ouverture du Festival International du Film d’Animation d’Annecy, qui s’est déroulée le 13 juin. De production franco-belgo-japonaise, La Tortue rouge mélange les influences culturelles avec finesse, durant 1h20 et sans parole. Une belle parenthèse pendant le festival que vous pourrez découvrir en salles le 29 juin.
Premier long-métrage du cinéaste Michaël Dudok de Wit, La Tortue rouge est un projet né au Japon grâce à Takahata Isao (Le Conte de la princesse Kaguya). Séduit par le travail du Néerlandais, il arrive à convaincre le studio Ghibli de coproduire le film. C’est ainsi que La Tortue rouge, réalisé en France, est né. Relecture du mythe de Robinson Crusoé, La Tortue rouge suit la vie d’un naufragé sur une île déserte. Oiseaux, crabes et tortues sont ses seuls compagnons jusqu’au jour où une femme fait son apparition. Muet, le film arrive néanmoins à faire passer sans aucune difficulté une palette d’émotions allant de la sérénité d’une vie quotidienne faite de pêches et de promenades à la peur lors de l’arrivée d’un tsunami.
La Tortue rouge est marquée par l’influence de Ghibli, tant par le dessin des paysages (une forêt de bambous digne d’un film de Takahata) que par l’esprit qui habite le film. Le couple vit en harmonie avec la nature, nageant avec les tortues et apprivoisant les éléments. Quelques envolées oniriques complètent le tableau de l’île paradisiaque où il fait bon vivre. La scène du tsunami, par exemple, est impressionnante de maîtrise technique mais aussi de poésie. Et c’est certainement à ce genre de prouesse que l’on reconnaît le talent d’un cinéaste : réussir à transmettre de l’émotion sans oublier la beauté des images.
Parenthèse dans une vie quotidienne souvent très prenante, La Tortue rouge peut cependant perdre son spectateur. En effet, malgré une durée très courte pour un long-métrage, le film frôle parfois avec l’ennui, sans jamais y prendre pied, bien heureusement ! Tout le monde n’est pas Takahata Isao, ce dernier maîtrisant à la perfection la répétition de scènes de vie quotidienne sans que cela ne provoque le moindre bâillement chez le spectateur. Si vous aimez être bercé par le flot de l’eau et la beauté, simple, de la nature, courrez-y. Sinon, allez quand voir La Tortue rouge, ne serait-ce que pour remercier le courage du cinéaste d’avoir tourné un film muet.
Elvire Rémand.
La Tortue rouge de Michaël Dudok de Wit. France-Belgique-Japon. 2016. En salles le 29/06/2016.