DVD – The ABC Of Death : les Maîtres de l’Horreur en action

Posté le 4 janvier 2014 par

Après Les Masters Of Horror, les projets regroupant plusieurs noms connus du monde du cinéma d’horreur, se suivent et ne se ressemblent pas. Dernier né, The ABC Of Death attire l’œil.

Ce film opte pour une solution aussi osée que dangereuse : proposer 26 courts-métrages, chacun réalisé par une personne différente. Le seul point commun entre ces segments ? Chacun représente une lettre de l’alphabet, qui doit être associé à la mort.

the abc of death

Les films à sketchs sont souvent bancals, car il est difficile d’y obtenir une unité artistique et qualitative. Avec un si grand nombre de films réunis, ce qui implique autant de personnalités et de sensibilités artistiques, et des segments très courts, le risque était ici d’autant plus grand de rater un tel projet. Ce n’est pas le cas, en grande partie parce que, comme annoncé en préambule, les réalisateurs ont eu une totale liberté artistique, et aussi parce que les producteurs ont ratissés larges. Contrairement aux Masters Of Horrors qui restaient cantonnés aux Etats-Unis, invitant un étranger, ici, les personnes concernées viennent de partout.

Fatalement, bien évidemment, certains films sont plus faibles, comme C Comme cycle, d’Ernesto Diaz Espinoza, plutôt abscons et brouillon, même si la caméra arrive à conférer un malaise palpable en filmant un simple trou dans un buisson, ou encore I Comme Injection de Jorge Michel Grau, malsain, dérangeant mais un peu vain. P comme Pression de Simon Rumley est frénétique, mais là encore, le résultat demeure assez vain. S comme Speed de Jake West offre un petit film grindhouse très cheap, mais surprend avec une fin assez atroce.

Cependant, nombre de courts-métrages marquent, dérangent, passionnent, et le résultat reste assez incroyable. Les films s’enchaînent, chacun déployant des styles très différents, mais souvent malsains, quasi insoutenables, le summum étant atteint avec des segments tels que L comme libido de Timo Tjahjanto ou encore X comme XXL de Xavier Gens, les deux allant très loin dans leur concept, pour un résultat dur à regarder, mais passionnant. D’autres marquent par leur originalité de style. D comme Duel de chien de Marcel Sarmiento est non seulement une histoire originale, mais, avec une réalisation stylisée, des ralentis, et une musique obsédante, le métrage hypnotise. O comme Orgasme de Bruno Forzani et Hélène Cattet, est d’une beauté plastique et esthétique assez phénoménale. Le jeu sur les couleurs, les sons et les images ne peuvent que faire attendre avec impatience leur prochain film, L’Etrange couleur des larmes de ton corps. H Comme Hydro-electrocution de Thomas Cappelen Malling verse dans du Tex Avery gore, ambiance 3ème Reich, avec brio, tandis que W comme WTF de Jon Schnepp porte magnifiquement bien son nom.

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Les réalisateurs asiatiques ne sont pas en reste. Iguchi Noboru a déjà prouvé son amour du mauvais goût avec un panache des plus communicatif, et son F Comme Flatulences n’est pas en reste, avec deux jeunes femmes lesbiennes, luttant contre l’apocalypse à grands renforts de pets, jusqu’à une fin assez inracontable mais qui restera fatalement dans les mémoires pour un des grands moments de mauvais goût cinématographique. Autant dire que l’amateur de l’univers d’Iguchi ne pourra qu’être aux anges. Yamaguchi Yudai préfère plonger dans un chambara, avec J comme Judai Geki, mais il parvient à y injecter de l’humour non-sensique et une ambiance des plus déstabilisante. N comme Noce de Banjong Pisanthanakun, lui aussi, plonge dans l’humour très noir, et s’en sort plutôt bien, mais le compère de toujours d’Iguchi Noboru, à savoir Nishimura Yoshihiro, est l’homme qui offre ici le segment le plus fou avec son Z Comme Zob. Mélange de sexe et de violence, humour complètement farfelu, références bêtes et méchantes aux Etats-Unis (les seins tatoués, avec d’un côté deux tours, et de l’autre un avion, qui s’entrechoquent, il fallait l’oser), tout est présent pour fasciner. En quelques minutes, Nishimura parvient à créer une ambiance complètement folle qui lui est magnifiquement personnelle, et le résultat est de toute beauté.

Au final, The ABC Of Death est un des meilleurs films à sketchs réalisés depuis longtemps, regroupant un grand nombre de véritables pépites, et de très bons films. Les segments gardent une unité thématique tout en étant on ne peut plus différents les uns des autres, ce qui permet d’éviter l’ennui et la redite. Il est cependant nécessaire d’avoir le cœur bien accroché pour regarder ce métrage.

Les bonus se révèlent assez nombreux. Le premier concerne A Comme Apocalypse, montrant comment on été fait les effets spéciaux de l’huile bouillante, mais n’apportant pas grand-chose. Le making of de D Comme Dogfight est passionnant, dévoilant l’entraînement des chiens, le tournage millimétré. Impressionnant. Le making of de F Comme Flatulences se révèle très amusant, tout comme celui, bien déjanté, de H Comme Hydro-Electrocution. D’autres bonus se succèdent, pour l’amateur voulant découvrir les coulisses de nombreux courts-métrages, montrant qu’Optimale a voulu en donner pour son argent aux possesseurs du DVD.

Yannik Vanesse.

The ABC Of Death, disponible en DVD chez Optimale depuis le 6 décembre 2013

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