Chan Ka-kui, détective au sein de la police royale de Hong Kong, a été renvoyé à la circulation. Son ennemi juré, Chu Tao, sort de prison pour raison médicale et est bien décidé à se venger de lui.
En cette fin des années 80, Jackie Chan se trouve au sommet de sa popularité par la grâce de triomphes publics et artistiques faramineux faisant de lui une marque synonyme de divertissement, au-delà des genres. Le temps était donc venu de capitaliser sur ses productions à succès et d’en faire des franchises. L’année précédente aura vu sortir un Marin des Mers de Chine 2 spectaculaire mais bien loin de la fantaisie de l’original. Plus tard viendrait un pétaradant Opération Condor (1991) faisant suite au très original Mister Dynamite (1986). Entre toutes ces suites arrive donc ce Police Story 2 qui a la lourde tâche de succéder à Police Story, monument d’action dont certaines cascades firent clairement la légende de Jackie Chan (le rasage de bidonville d’ouverture, le final au centre commercial…).
On devine les atermoiements pour trouver un argument tout aussi percutant sur ce deuxième volet tant le film semble se chercher dans un premier temps. Suite aux évènements de Police Story, Chan Ka-Kui (Jackie Chan) bien que salué pour son courage subit les remontrances de ses supérieurs pour l’insubordination ayant conduit à ses exploits et se retrouve à la circulation. Pas pour longtemps quand ressort de prison le truand Chu Tao (Chu Yuan) son antagoniste du premier volet bien décidé à se venger. On va ainsi avoir une laborieuse première demi-heure en forme de redite de Police Story où notre héros est poussé à bout par les intimidations des truands. Les situations sont déjà vues, une pointe de spectaculaire un peu gratuit en plus (le camion venant s’encastrer dans la vitrine du restaurant après la bagarre). Les acolytes de Chu Tao apparaissent de manière gratuite et métronomique dès que l’action se ralentit un peu et le récit ne semble aller nulle part. L’intérêt demeure cependant par la relation plus fouillée entre May (Maggie Cheung) et Ka-Kui, la dévotion à son métier empiétant de plus en plus sur sa vie sentimentale. Surtout prétexte à des scènes de vaudeville survoltées dans Police Story, la relation prend un tour plus grave ici par l’impossibilité à se concilier à la quête de justice de Ka-Kui. On aura quand même quelques échanges tordant dont une belle crise de nerfs de Maggie Cheung dans les vestiaires du commissariat.
Cette gravité permet d’introduire une trame policière finalement plus consistante où Jackie va faire face à un gang de maîtres chanteurs spécialistes en explosif. Alors que Police Story était un rollecoaster d’action où se greffaient des éléments de polar cette suite prend réellement son temps pour mener un vrai semblant d’enquête. L’action moins prononcée n’handicape pas le film grâce à d’excellents moments de suspense comme cette longue filature urbaine dans Hong Kong lorgnant sur French Connection. Le gang de maîtres chanteurs ne possède pas le charisme hargneux de Chu Yuan dans le premier volet, mais leur intelligence et inventivité offrira son lot de moments haletants.
Jackie Chan ne cède finalement à l’action démesurée que lors d’un climax dans un hangar désaffecté qui n’atteint pas les hauteurs de celui de Police Story faute d’ennemis impressionnants (quoique ce muet bien retors). La pyrotechnie prend nettement le pas sur les acrobaties malgré quelques bagarres et situation périlleuses (Jackie toujours aussi bon pour user de l’environnement comme éléments de combat avec ici poulies, tonneaux et autres échafaudages s’écroulant à tout va), annonçant l’américanisation perceptible dans l’épisode suivant. L’implication émotionnelle plus prononcée rend pourtant ce final prenant et même poignant lorsque les ravisseurs liront la lettre de rupture de May à Ka-Kui. Une suite certes moins impressionnante et plus maladroite que son modèle, mais qui trouve son identité par la façon intelligente dont Jackie Chan approfondi son héros. Le spectaculaire reprendra ses droits dans un très bon troisième volet (Le quatrième Contre-Attaque (1993) bien que gardant l’intitulé Police Story n’a plus grand-chose à voir. L’esprit originel a disparu du trop larmoyant et récent New Police Story (2004) où Jackie laisse la caméra à Stanley Tong et où une nouvelle casse-cou suicidaire fera son apparition, Michelle Yeoh.
Justin Kwedi.
Police Story, disponible en Blu-ray avec Police Story 2 chez Metropolitan depuis le 25 novembre 2013.