Million Dollar Crocodile de Li Chen Lin : Shifû Crocodile

Posté le 3 octobre 2013 par

Il est des films dont les titres fleurent bon la bisserie profonde. Difficile en effet, de s’attendre à un chef d’oeuvre face à Million Dollar Crocodile. Le spectateur, en espérant un film de grosse bête mangeuse d’hommes, tout droit venu de la Chine, en aura-t-il pour son argent ? Factoris Films, toujours là pour nous faire découvrir des œuvres surprenantes, nous permet de le découvrir, dans une édition certes dénuée de tout bonus, mais au blu-ray techniquement excellent.

Dès les premières images, il est visible que Li Chen Lin, le réalisateur de ce film, ne se prend pas au sérieux, car immédiatement il crée une distance, un décalage très second degré, avec des personnages peut crédible, et des séquences décalées, effet accentué par une musique entraînante et un peu kitsh. Mais, contrairement à une production Sy fy, il ne cherche pas à avoir une grosse bête au design rigolo et du gore à foison, mais verse plutôt dans un genre proche de la comédie familiale. On pense un peu aux films Gamera, où des enfants sont amis avec la grosse créature, qui les défends. Sans aller jusque là, ici Amao est un crocodile de 10 mètres de long faisant partie d’un parc à crocodile, tenu par un passionné. Un enfant passe régulièrement lui rendre visite, lui donnant des sucreries à manger. Mais des problèmes d’argent l’obligent à vendre la bête (et ses bébés) à un restaurant tenu par un brigand un peu stupide, spécialisé dans la viande de crocodile. Bien évidemment, l’animal s’échappe mais, en errant dans un champs d’herbe à thé, il tombe sur une jolie demoiselle hystérique, plantée là par son fiancé stupide, au cours d’une séquence mélangeant ridicule gratiné et très légère sensualité. Au lieu de croquer la donzelle, qui essaie d’escalader un poteau, il mange son sac, contenant ses économies de plusieurs années, à savoir cent-mille euros (oui, elle était en Italie, pays qui semble fasciner Li Chen Lin, qui en parle souvent). Elle va tout faire pour que le policier du village s’intéresse à l’affaire, mais le tenancier de restaurant et son équipe, apprenant ce que contient l’estomac de la bête, vont se lancer à sa recherche, pendant que le fils du policier, ami d’Amao, cherche à le défendre.

Ainsi, souvent, le point de vue de l’enfant est pris en compte par la caméra, faisant plonger le film dans la comédie familiale bon enfant. Le réalisateur ajoute une bonne dose d’humour un peu lourd (qui, curieusement, n’est pas indigeste mais collant assez bien à l’ambiance et à l’histoire) avec des personnages tous plus stupides les uns que les autres, des séquences de dialogue à l’avenant (voir l’héroïne jouer les hystériques à tout bout de champs est tout simplement hypnotisant), sur lesquelles il rajoute une musique volontairement ridicule et outrancière. Million Dollar Crocodile plonge ainsi complètement dans le second degré, voir la parodie.

Ainsi, le métrage n’est pas sanglant, si on excepte le massacre de petits crocodiles au début, par le restaurateur, mais plutôt bon enfant et parodique, entre la demoiselle qui hurle chaque fois qu’elle peut, le policier las et quasi inexpressif , et surtout l’équipe de bras cassés concevant des plans tous plus ridicules les uns que les autres pour attraper le crocodile. Reste que l’animal est vraiment très bien fait, et son attaque de notre jeune héros et de la demoiselle, dans la maison, est assez impressionnante. Et, si les amateurs de films d’horreur à base de crocodiles tueurs risquent d’être déçu, les autres peuvent passer un moment agréable. L’ambiance du film est plutôt surprenante et digeste, formant ainsi un tout cohérent qui, bien que vite oublié, se laisse regarder sans déplaisir.

Million Dollar Crocodile, disponible en DVD et blu-ray depuis le 3 septembre chez Factoris Films.

 

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