L’été indien : les 10 films incontournables de 2011 (et 20 films à venir)

Posté le 15 août 2012 par

Pour prolonger notre retour sur la production indienne de 2011, East Asia vous propose une sélection de 10 films qui ont marqué de leur empreinte, voire de leur superbe, le cinéma en 2011, et un petit aperçu de ce que l’on peut trouver en 2012. Par Marjolaine Gout.

1– Stanley Ka Dabba (Hindi)

Stanley aime l’école. Il déborde de créativité, de joie et d’humour. Chaque jour, après la valse des cours et des enseignants, ses camarades et lui jouent, se racontent des histoires, en se partageant leurs panier-repas (Dabba) préparés par leur mère. L’instituteur d’Hindi a malheureusement un faible pour la nourriture. Insatiable Gargantua, il attend de même cette heure avec grand intérêt pour grappiller la nourriture de ses élèves. Seul hic, Stanley n’a jamais de Dabba…

Dans les traces de Taare Zameen Par (2007, Aamir Khan) sur lequel Amole Gupte œuvrait de sa plume, ce dernier nous revient derrière et devant la caméra avec brio. Filmant à hauteur d’enfant, Amole Gupte réalise un voyage nostalgique dans le monde de l’enfance et de l’innocence. Avec simplicité et authenticité, nous nous immisçons au fur et à mesure dans la psyché et le combat d’un enfant. Partho, le fils du réalisateur, est remarquable dans le rôle titre de Stanley, où optimisme et imaginaire éludent de terribles secrets. Avec un budget de fond de culotte, c’est avec délicatesse, tact et finesse qu’Amole Gupte nous livre un des films des plus aboutis et des plus vibrants de l’année !

2– Deool (Marathi)

Au tréfonds du Maharashtra, un village vaquait au rythme de sa torpeur. Mais à la stupeur d’un propriétaire, sa vache avait décanillé. Ce simple d’esprit s’en alla la quérir. Après une quête effrénée, il parvint à la reconquérir. Fourbu, il s’endormit à l’ombre d’un ficus, mais fut réveillé par le son de l’angélus.  Le seigneur Datta (la Trimūrti) lui était apparu !

Deool (traduit du marathi par Temple) est ainsi le récit d’un benêt bienveillant, Kesha (Girish Kulkarni, aussi scénariste du film), qui fait une expérience troublante. Un dieu hindou lui apparaît. Au lieu de suivre les conseils avisés du sage du village et de garder cela secret, la rumeur du miracle se répand. Et cette rumeur va enfler considérablement.  Suite à la nouvelle, la population s’enflamme et construit un temple dédié à Datta. Générateur d’argent, le village se mute peu à peu en un cirque, une attraction touristique, où les deniers prennent le pas sur la foi et corrompent ces paisibles habitants.

Umesh Kulkarni réalise une fable sarcastique. Prenant appui sur la transformation d’un village et de ses occupants, il  illustre les dangers d’une croyance aveugle en la religion, les dérives du capitalisme, de la politique et de la corruption par la prospérité et le pouvoir. Grâce à une narration fluide, Umesh éclaire de sa lanterne avec humour et réalisme la perversion de la religion par son commerce, subvertissant ses croyances. Superficialité et chaos ressortent. La sérénité de la campagne chamboulée en « ville » vampirique et désincarnée parachève cette démonstration. Mais au fond, la description de cette mécanique est celle de l’engrenage de l’Homme, assoiffé facilement par la convoitise, la cupidité. Celui-ci court crédulement et aveuglément pour glaner toujours un peu plus au lieu de vivre paisiblement, en harmonie, avec ses congénères et son biotope.

Soutenu par un casting alléchant, comptant dans ses ouailles un Nana Patekar, une Sonali Kulkarni et une apparition de Naseeruddin Shah, le metteur en scène démontre que la richesse humaine et la foi réside en marge de toutes transactions monétaires les fourvoyant. On voit poindre un pamphlet, merveilleusement bien tourné, à l’égard de la mondialisation et de la commercialisation de la religion en Inde et ailleurs. Un auguste film au message universel où les voies du Seigneur deviennent pénétrables! Dommage que le tout soit légèrement boursouflé par des longueurs.

3 – Vaagai Sooda Vaa (Tamil)

Fort de son succès avec Kalavani (2010), A. Sarkunam nous ramène dans les contrées rurales. En prime, on a le droit à un voyage temporel. Nul besoin de baguette magique ou de plutonium, on atterrit dès le premier plan dans les années 60. Pour guide, Veluthambi, qui a pour mission d’enseigner aux enfants d’un village d’ « ingénieurs-concepteurs » de briques d’argile. Au bout de six mois, celui-ci pourra regagner la « ville » avec un certificat du gouvernement. Bien entendu, la tâche sera ardue. Il faudra que notre jeune enseignant réussisse à convaincre parents et chérubins de l’importance d’acquérir savoir et connaissance. Pour parachever le tout, une romance éclora.

Somptueusement narré, Vaagai Sooda Vaa se pare de tons sépia et de paysage racorni. Capturant l’essence des années 60, avec un sens du détail bluffant, rien n’est omis. Accessoire tendance et vecteur narratif, le transistor, avec sa musique d’antan et ses aigus surannés qui faisaient jadis crépiter les enceintes ou la diction de l’annonceur de radio, rejaillit du passé. Malgré l’usage d’une louma, de rares plans aériens, et d’une orchestration visible des séquences musicales, une sensibilité documentaire émane dans le traitement du film. Le réalisme des décors et du jeu de ses interprètes pourraient nous faire oublier que nous sommes dans une fiction. On croise de même sur ses terres isolées mais ô combien vivantes de cocasses scènes.  Sarkunam met notamment en scène un duel d’anthologie entre une chèvre et son héros principal, Veluthambi !

Une petite histoire bouleversante emprunte d’une forte conscience sociale, Vaagai Sooda Vaa rend hommage aux enseignants et aux petites mains vivant dans la précarité. Un conte doux et amer, traité avec humour et poésie. Folklore, politique, combat quotidien des opprimés et romance bâtissent une œuvre inspirante et touchante.

4 – No one killed Jessica (Hindi)

Le thriller de l’année se déploie sous une forme hybride : une version dramatisée, mi-fictionnelle  mi-véridique, de l’infâme affaire Jessica Lal. Il y a quelques moussons de là, en 2006, l’Inde rageait après l’acquittement d’un assassin reconnu. Pour comprendre la pression médiatique et publique qui s’ensuivirent, il faut remonter en l’an 1999, à Delhi. Par un soir de fête, le fils d’un homme de pouvoir abat Jessica, une barmaid. Le motif de son crime, celle-ci refuse de lui servir un verre. La mécanique de la justice indienne va être mise à mal avec faux témoignages et graissage de paluches. Résultat, début 2006, le tueur est relaxé.

Si de prime à bord, No one killed Jessica reste un film inégal avec  un rythme saccadé, bourré de tics, esquissant ainsi la trame d’un polar brouillon au un script peu nuancé, il résiste à ses défauts. Et surtout, il séduit. Deux actrices coruscantes, une mise en scène enivrante, une histoire captivante et une musique exaltante revigorent et sauvent ce projet.

Judicieusement, Raj Kumar Gupta, réalisateur et scénariste, choisit une parade efficace mais un tantinet longue. Il divise son sujet. On y suit dans un premier temps, le combat vain, d’un personnage réel, Sabrina Lal, la sœur de la défunte. Vidya Balan l’incarne ici avec authenticité et sobriété. Puis dans la seconde partie, Rani Mukherjee fait une entrée retentissante en interprétant une journaliste pétulante et au verbe fleuri. Personnage pivot, elle vient à la rescousse, décantant ainsi le récit. Des personnages diamétralement opposés peuplent ce film où la différence des classes sociales va être ébranlée. Les intouchables de la classe dirigeante sont mis à pied par l’action de deux femmes rejointes ensuite par la clameur de la rue. Un portrait édifiant de la ville où s’escriment des personnages vibrants. Raj refait appel au service d’Amit Trivedi pour la musique. A l’instar du film, les mélodies ensorcelantes laissent une marque indélébile après visionnage. Voilà un thriller énergique qui a le don d’effacer l’injustice pour réécrire l’histoire.

5 – Zindagi na milegi Dobara (Hindi)

Un trio d’amis part fêter l’enterrement de vie de garçon de l’un d’entre eux en Espagne. Au cours de ce road trip initiatique, ils apprennent  à combattre et à affronter leurs peurs, leur passé… pour accéder à la liberté. Une liberté qui s’incarne dans l’adage « vivre l’instant présent » !

Zoya Akhtar nous ressert ainsi une thématique aussi vieille que Mathusalem, mais avec spontanéité et légèreté. Zindagi na milegi Dobara, digne successeur de Dil Chahta Hai et 3 idiots, énonce autour de l’amitié, de l’amour et du passage à l’âge de raison, un film où la forme sert de vecteur narratif au contenu. Les personnages doivent passer outre leurs dilemmes pour apprécier la vie à sa juste valeur et cette prise de conscience s’accomplit, peu à peu, par le biais de leurs pérégrinations. La virée des trois compères prend ainsi la tournure d’une odyssée. Ce sympathique récit de voyage, mouvementé, riche en aventures, nous offre une distraction ô combien altruiste !

6 – Dhobi Ghat (Hindi)

Splendeur et « décadence ». Semi-épinicie à Mumbai, Kiran Rao capture la ville et ses habitants. On y croise cinq personnages : la ville de Mumbai, tentaculaire et aux multiples facettes, à la fois désolée et magnifique, et quatre autres protagonistes y gravitant. Un dhobi (laveur) qui rêve de devenir acteur, une passionnée de photographie, un peintre à la recherche d’inspiration et une jeune mariée filmant des lettres vidéo à destination de son frère. Chacun de ces personnages, créatif d’une façon ou d’une autre, est obsédé par un autre et se retrouve à un moment donné en position de voyeurisme. Le portrait de ses âmes en quête, essayant de disséquer l’autre, propose une description des aspirations et espoirs de chacun.

La société de production d’Aamir Khan surprend une nouvelle fois avec un film à contre-courant, à l’instar de ses productions d’antan telles : Lagaan ou Taare Zameen Par. Kiran Rao se révèle être une réalisatrice de la trempe des Mira Nair ou Deepa Mehta. L’aisance de sa mise en scène en témoigne. Avec minimalisme et instinct, elle s’inscrit dans une démarche du cinéma dite guérilla en tournant avec peu de budget des séquences à la sauvage ! Elle recrée une ambiance où mélancolie et poésie se figent dans des fragments de vies. A travers ces « mémoires d’une ville», elle retranscrit tristesse et beauté aussi fugaces que tenaces. A ne point omettre, Prateik Babbar, fils de la regrettée Smita Patil (actrice notable du cinéma d’auteur indien), en jeune Dhobi, émerveille  par sa prestance. Dhobi Ghat a ainsi une aura prégnante qui vous laisserait pantois d’autant que le climax final surprend.

7– The Dirty Picture (Hindi)

Un projet ambitieux, un sujet délicat, un film charnière pour l’actrice Vidya Balan ! The Dirty Picture conte l’ascension et la chute d’une starlette, modelée d’après la vie de Smitha Silk, connue pour ses numéros de vamps à l’écran. Le film hésite souvent entre l’hommage et la farce. La rengaine, appuyée du « Ooh la la » en musique de fond, sature. Le trait de la mise en scène n’a rien de subtil. La réalisation est chancelante et tente d’imiter celle des films des années 80.

En lançant ce projet, la productrice Ekta Kapoor ne cherchait pas à avoir un grand manitou ou même l’empreinte d’un faiseur de films gradé. Le sujet pouvait vivre sans une direction enlevée. Certes, elle eu Milan Luthria pour endosser ce rôle mais au final, Vidya Balan reste la clef de voûte de ce film. Pour cause, elle nous réitère un numéro d’équilibriste brillant. Depuis Ishqiya, Vidya est connue pour ourdir des miracles en osant défier les conventions. Cette fois-ci, elle marche sur les pas de celles qui récoltèrent l’opprobre en exhibant leur courbe à la  vue de tous : les vamps du cinéma indien ! C’est avec brio que Vidya s’attèle à la tâche !

Le film s’inscrivant dans les années 80, un formatage esthétique a été entrepris. A cette époque, l’Inde avait des canons de beauté identiques à ceux de Rubens ou d’Ingres, à comprendre un goût prononcé pour les femmes bien en chair. Vidya s’est ainsi sculptée une silhouette d’Odalisque.  Rebelle, sex-symbol désinvolte, libidineuse, grivoise, rutilante, elle incarne la star par excellence et la star déchue avec vibrance. En occident, la performance de Vidya équivaudrait à une Marilyn Monroe pétillante rencontrant une Gloria Swanson tourmentée et sous anxiolytiques. Un mélange décapant et tonitruant !

Le personnage de Vidya Balan a l’audace de se battre envers et contre une société qui la dénigre. Une critique sévère de l’industrie du film et de ses consommateurs est faite. L’industrie obsédée par les chiffres du box-office, propose ainsi des films avec des interludes suggestifs afin d’être rentables et de réaliser avant tout des profits. Mais malheureusement, la profession et la société rejettent en masse la vamp, paria en dehors des salles obscures et consacrée sur les écrans. Le personnage de Vidya se moque des perceptions en épousant sa sensualité et son rôle avec aplomb.

Hommage  et critique acérée à l’égard du cinéma, vitupérant tout autant la société indienne. The Dirty Picture ne laisse guère indemne et devient le porte parole des héritières de ces vamps, connues dorénavant sous le sobriquet d’ « item girl » : des actrices exécutant dans les longs-métrages, un unique numéro dansé, d’environ six minutes, ayant pour fin d’enflammer et de remplir les salles obscures. Dans Bunty aur Babli (2005), Aishwarya Rai mit le feu au poudre avec Kajra re tandis que récemment la danse de Katrina Kaif sur Chikni Chameli, tirée d’Agneepath (2012), déchaîna le public masculin sifflant jusqu’à égosillement ! Un film à performance où vous l’aurez compris, Vidya Balan s’exécute avec virtuosité !

8 – Rockstar (Hindi)

« Il faut  souffrir pour être un grand artiste ». C’est ce que lui souffle approximativement le mentor de Janardan Jakhar (Ranbir Kapoor), à la cambuse de l’université. Janardan s’empresse ainsi de prendre cette homélie sérieusement et de la mettre à exécution. Il accédera au statut de rock star mais l’amour le mènera à son autodestruction.

Mélodrame puissant, obsédant, flamboyant entre détresse et onirisme, il ratisse sur son passage un monceau de fleurs bleues. La mise en scène, calquée à l’image de son scénario immodéré, se révèle excessive mais parcourue par de furtifs moments de grâce. L’onirisme se répand peu à peu dans la seconde partie du film, illustrant l’anéantissement progressif et la délitation psychologique du personnage principal. En contrepartie, plus la douleur s’installe et croît, plus l’alter ego de Janaradan, Jordan (la rock star), est célébré.

Fleuve, Rockstar l’est assurément, par sa longueur, mais sa tare réside ailleurs. Le film pâtit d’un manque cruel de substance. L’appauvrissement de son contenu prévisible souffre par ses rebondissements et de grossiers raccourcis scénaristiques. La colonne vertébrale maintenant le film se liquéfie au fil de la seconde partie. Néanmoins, la trame narrative se matérialise avec une bande son vivante, d’A R Rahman, s’amplifiant et se métamorphosant au fil du parcours émotionnel de Janardan. C’est l’une des subtiles trouvailles sublimant Rockstar !

L’absence d’un réel point de vue cinématographique heurte néanmoins cette œuvre qui aurait pu proposer via une esthétique singulière un aboutissement spirituel et artistique. Malheureusement, ce concept émane sporadiquement. La pépite du film, c’est Ranbir qui colmate les brèches en nous gratifiant d’un somptueux récital. Une belle performance désankylosant ce drame, certes ouaté, qui s’avère être un plaisir coupable. Imtiaz Ali dresse un divertissement attrayant, percutant, voire envoûtant, nous embarquant dans un périple chargé en émotions.

9 – Don 2 (Hindi)

« Don ko pakadna mushkil hi nahi, namumkim hai » (Ce n’est pas juste difficile d’attraper Don, c’est impossible) Résultat, la suite de Don débute de façon grandiloquente. Après avoir savaté quelques malfrats, Don, baron de la drogue, recherché activement, se livre à Interpol, histoire de faire un petit tour par la case prison. La devise du Don semble ainsi risible. Certes, l’animal s’infiltre derrière les barreaux non pas pour y effectuer un petit séjour touristique mais afin de mettre en œuvre la phase 1 d’un projet ambitieux aux enchevêtrements inextricables. Ce deuxième volet nous plante ainsi l’histoire du hold-up rocambolesque d’une banque.

Farhan Akhtar s’attaque à la suite de son remake Don (2006). Alors que l’ombre d’Amitabh Bachchan planait sur le premier opus, rendant hommage à la version de 1978, on s’écarte ici de l’original. Mission : Impossible et Ocean’s eleven sont clairement les sources d’inspiration de ce film d’action accrocheur conçu tel un thriller. Suspens et adrénaline ne vous quitteront plus.

C’est avec faste et style, à l’image du personnage de Don, que Farhan capture combats, courses poursuites haletantes, dans la grisaille ambiante berlinoise. Shah Rukh Khan, accessoirement narrateur, y reprend le rôle du parrain, insondable et hasardeux, se mouvant dans une chorégraphie perpétuelle. Ici, pas de manichéisme. La cruauté de son personnage est balayée par son charme et le mystère l’entourant. Comme beaucoup de thriller, l’intrigue tentera de vous semer dans un coin pour vous réexpliquer à la fin ce que vous avez loupé. Dommage que cela ne soit fait que par de brefs flashbacks. Un éclaircissement à la Tarantino, avec une multiplication de points de vue sur une même situation, aurait été audacieux. Néanmoins, les retournements de situations inattendus alimentent incessamment et brillamment en suspens. Don 2 use de la formule des blockbusters hollywoodiens sans négliger sa pâte indienne inéluctable. Le récit diverge ainsi, empruntant des développements acrobatiques et inimaginables dont seuls les cinéastes indiens ont le secret. Accrocheur et sophistiqué, ce Don 2 laisse vaticiner un troisième du nom. De quoi réjouir les adeptes du genre !

10 – Delhi Belly (Hindi)

Ce long-métrage issu des méninges bouillonnantes d’Aamir Khan Productions défraye la chronique. Delhi Belly est une comédie décomplexée pour adultes, lorgnant tantôt vers le graveleux et parfois vers le scatologique. Cet humour du calibre de The Hangover (2009, USA, Todd Phillips) et rappelant Lock, Stock and Two Smoking Barrels (1998, UK, Guy Ritchie) vient bousculer les conventions du cinéma contemporain indien. Le contenu vulgaire et choc prend le large en s’autorisant des « écarts de conduite » qui n’avaient été jusqu’alors guère franchis par ce genre. Cette comédie catastrophe, pouvant déranger un public puritain et non coutumier, marque une scission générationnelle et culturelle. Le film s’adresse à un public adulte, jeune et citadin. Cependant, passées outre les quelques piques provocatrices, le film reste un divertissement accessible à tous et réussi.

Trois colocataires à New Delhi, un journaliste, un photographe et un dessinateur, se retrouvent pris en chasse par des gangsters après avoir troqué par erreur un paquet. En l’espace d’une journée, leurs vies connaissent une salve de rebondissements. Sous forme de ricochets, les situations vont dégénérer en un chaos total.

Akshat Verma au scénario et Abhinay Deo à la mise en scène échafaudent avec justesse une comédie de situations originales. Misant sur la jungle urbaine de Delhi, ils présentent, par des facéties rocambolesques, un portrait de cette ville moderne et grouillante. Le rythme des séquences, dosé à la perfection et entrelaçant running gags et scènes inénarrables, galvanise. Certaines galéjades rappellent notamment des comédies à l’instar d’Aagey se right (2009, Indrajit Nattoji) par son usage de la Burka, ou la dynamique de la satire burlesque et innovante Tere Bin Laden (2010, Abhishek Sharma). En somme, Delhi Belly est un bon divertissement même si certains éléments scéniques, perçus comme étant de mauvais goût, auraient pu être zigzagués. Mais la spécificité du film aurait en effet perdu de sa teneur subversive ! Préparez-vous donc pour de truculentes et picaresques aventures !!!

2012

Fructueuse, cette année le fut avec sa pléthore de films éclectiques, parfois décevants,  inégaux ou éblouissants. Des films choraux tels I am, le film de super-héros Ra.One ou des comédies sous forme de road trip à la Chalo Dilli ont réjoui les friands de cinéma en tous genres. 2012 nous réserve une salve de surprises déjà bien amorcée avec en janvier la sortie d’Agneepath, au mois des giboulées, Kahaani, un étrange thriller escortant une femme enceinte, talonné par Khel Mandala, un film marathi, bifurquant des sentiers battus, où un marionnettiste recueille une fillette. Suivront bientôt en salle la comédie Ferrari Ki Sawaari, l’intrigant thriller Vishwaroopam, la romance Ishkq in Paris,Preity Zinta donne la réplique à Isabelle Adjani, Talaash avec le trio infernal Aamir Khan, Kareena Kapoor et Rani Mukherjee, et bien d’autres. L’artillerie lourde fera son entrée pour les festivités de fin d’année. Ainsi, est prévu pour Deepavali le très attendu Kadal, brodé par le souverain actuel de l’industrie cinématographique indienne, Sir Mani Ratnam. Au vu de la signification du titre de cette nouvelle œuvre (Kadal= Amour), on peut présager une histoire passionnelle.

Ouvrez donc bien vos mirettes, il y a et y aura de quoi se remplir les rétines !

Marjolaine Gout.

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