Ricky Hui (1946-2011)

Posté le 10 novembre 2011 par

Le 8 novembre 2011, Ricky Hui, ou Hui Goon Ying en cantonais, s’éteint à l’âge de 65 ans. L’occasion pour l’auteur de ses lignes de rendre hommage à un acteur qu’il appréciait particulièrement. Par Anel Dragic.

Aussi loin que remonte ma mémoire, il me semble que ma première « rencontre » avec Ricky Hui se soit faite grâce à Mr. Vampire. Je l’avais probablement vu auparavant dans quelques productions Shaw Brothers où il a eu l’occasion de jouer les seconds rôles (comme dans des films tels que Challenge of the Masters de Liu Chia Liang), mais ce ne sont pas ces souvenirs là qui me restent en tête. Dans Mr. Vampire, il incarnait l’un des disciples du prêtre exorciste taoïste incarné par Lam Ching Ying. Avec son visage unique, sa coupe au bol, et sa capacité à jouer les pleutres, il était tout bonnement impossible d’oublier l’acteur après ça. Et je ne me doutais probablement pas à l’époque (où je n’avais pas encore réalisé que le cinéma de Hong Kong serait une part importante de ma vie) que j’étais loin d’en avoir fini avec le bonhomme.

Né le 3 août 1946, Ricky Hui était surtout connu pour être le frère de Sam et Michael, avec qui il tourna une part importante de sa filmographie au cours des années 70 et 80. Trop en retrait, l’acteur était pourtant très doué et ne trouva finalement des rôles utilisant pleinement son potentiel qu’au moment où il se détache de ses frères, notamment grâce à ses films réalisés par John Woo. Aujourd’hui, au delà de son lien de fraternité, on se souvient surtout de Ricky Hui pour lui-même. Bien qu’il soit resté le plus méconnu des frères, il a réussi à garder une certaine popularité et un noyau dur de fans, malgré le fait que ses apparitions cinématographiques se soient faites de plus en plus rares.

Ricky démarre le cinéma la même année que son frère Michael, en 1972. Contrairement à ce dernier qui obtient des premiers rôles, il ne fait que de la figuration dans des productions de la même compagnie. L’occasion pour lui d’apparaître sous la caméra de Chu Yuan (The Lizard, The House of the 72 Tenants), Chang Cheh (The Iron Bodyguard, Generation Gap), Ho Meng Hua (The Flying Guillotine) ou encore Li Han Hsiang (Illicit Desire). Le succès, il l’obtient en même temps que son frère en arrivant à la Golden Harvest, en 1974. La société devient la nouvelle compagnie à régner sur l’industrie du cinéma de Hong Kong et recherches des nouveaux talents. Après avoir donné sa chance à Bruce Lee, vient le tour des frères Hui. Raymond Chow produit alors le premier opus d’une des sagas qui connaitra le plus gros succès de l’histoire du cinéma de Hong Kong (Mr. Boo): Games Gamblers Play.

Dans The Private Eyes, Ricky est encore très en retrait. Selon Michael, ce serait car Ricky était encore sous contrat avec la Shaw Brothers. Libéré de celui-ci courant 1976, il se fait de plus en plus présent d’opus en opus. Parallèlement, Raymond Chow lui donne sa chance en le plaçant en tête d’affiche de quatre films réalisés par John Woo (Money Crazy, From Riches to Rags, To Hell with the Devil, Plain Jane to the Rescue), sortis entre 1977 et 1982. Au cours des dernières années, le succès des Hui décline un peu et l’acteur continue de tourner dans d’autres productions maison. En 1983 il joue dans The Trail, une sympathique ghost comedy réalisée par Ronny Yu. En 1985, le succès revient avec Mr. Vampire, classique de la ghost kung fu comedy qui surf sur le succès d’Encouter of the Spooky Kind de Sammo Hung. En 1986, il retrouve son frère Michael dans Inspector Chocolate, réalisé par le flicard Philip Chan. En 1987, on peut le voir retrouver la ghost comedy dans l’excellent Haunted Cop Shop de Jeff Lau, ainsi que dans sa suite l’année suivante. On peut le voir également faire de petites apparitions dans des films comme Le marin des mers de Chine 2 de Jackie Chan (1987) ou The Inspector Wears Skirts de Wellson Chin (1988).

En 1988, le succès revient à nouveau le temps d’un film : Chicken and Duck Talk, réalisé par Clifton Ko, où il retrouve son frère Michael. Une comédie aujourd’hui culte qui utilise le cadre de la restauration pour construire des situations comiques dans un humour tout ce qu’il y a de plus cantonais. L’année suivante, il retrouve Ko et son frère ainsi que Raymond Wong pour la comédie Mr Coconut, assez anecdotique. Toujours avec Ko et Raymond Wong, il joue dans How to Be a Millionaire… Without Really Trying en 1989. Le reste de sa carrière ne se construira que sur des petits films ou des petits rôles, mais restant cette fois dans la comédie : The Inspector Wears Skirts 2, Forever Young d’Eric Tsang en 1989, Miracles de Jackie Chan. Il retrouve ses deux frères le temps d’un film (Front Page), mais leur époque semble déjà révolue. Il se met même à cachetonner dans des productions non produites par la Golden Harvest, tel que le très mauvais Ghost For Sales en 1992. Il tourne sous la caméra de son frère Michael la même année dans le sympathique mais très impersonnel The Magic Touch qui donne le beau rôle à Leon Lai. Clifton Ko ne l’oublie pas et le fait tourner dans Laughters of « Water Margins » et All’s Well Ends Well, Too en 1993. Les deux comédies semblent déjà trop datés pour leur époque, là où Wong Jing et Stephen Chow réinventent totalement la comédie avec le mo lei tau. Ricky disparaît des écrans, pour ne revenir qu’occasionnellement. Winner Takes All de Clifton Ko en 2000 avec Sam Hui et Nicholas Tse, un très mauvais remake. En 2004, il fait ses deux dernières apparitions cinématographiques. Dans Super Model de Vincent Kok d’une part, et Forever Yours de Clifton Ko d’autre part.

Depuis, il semblait jouir d’une semi retraite. On l’a récemment vu sur les planches, mais il continuait aussi à se produire en concert. Ricky était en effet chanteur et a signé sept albums studio depuis les années 70. Plus récemment, on pouvait le voir de temps à autre dans des tranches de vie sur Youtube (recherchez « Ricky Hui makes a scarry face »). Dernièrement, il aurait été victime de problèmes cardiaux. Il succombe finalement d’une crise cardiaque, chez lui, ce 8 novembre. Au delà de la tristesse éprouvée, Ricky Hui continuera à vivre dans notre mémoire et à nous faire rire.

Anel Dragic.

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