X Japan World Tour 2011

Posté le 4 juillet 2011 par

Enfin ! Après des années d’attente, le rêve est devenu réalité : X Japan, le groupe mythique de la scène rock japonaise, a entamé sa première tournée en Europe. C’est un évènement en soi si l’on considère qu’après avoir déjà connu divers reports et annulations, Yoshiki et sa bande ont enfin donné leur premier vrai concert en France. Par Anel Dragic.

Endless waiting

L’attente aura été interminable. Yoshiki, le leader/batteur/pianiste du groupe japonais est connu pour entamer des projets, les accumuler et puis les laisser trainer. Le concert français ressemblait donc plus à un mirage qu’à une réalité, d’autant que les fans bouffeurs de baguettes auront déjà connu une annulation avec le concert de Bercy en 2008. Entre temps, Yoshiki est devenu un habitué de la Japan Expo (dédicaces, showcase, conférence publique), donc sa venue s’est faite de plus en plus tangible. Sa volonté de conquérir l’occident se fait palpable. Une tournée nord américaine avait en effet eu lieu l’année dernière d’abord à Lollapalooza en août, puis aux quatre coins du pays courant septembre/octobre.

C’est en avril dernier que l’annonce tombe: le groupe fera une tournée mondiale (allez hop, après le séisme, encore une bonne raison de repousser le prochain album, c’est juste la 400e fois, on commence à avoir l’habitude), et les dates européennes s’enchainent: 28 juin à Londres, 1er juillet à Paris, 2 juillet à Utrecht, 4 juillet à Berlin… quelques temps plus tard, ce sont les dates pour l’Amérique du sud qui sont annoncées pour une tournée à la rentrée. Des négociations pour l’Asie du sud-est sont en cours pour la fin de l’année.

London Calling

A l’annonce de la tournée européenne, en bon fanboy impatient, je prends mon billet d’abord pour Londres, puis pour Paris. Un seul concert ne sera définitivement pas assez, et puis c’est aussi l’occasion d’aller manger un Burger King. Le matin de la mise en ligne des billets, tout est sold out dans la minute: je suis dégoûté. Quelques instants plus tard, le concert est déplacé dans une autre salle de la chaine O², plus grande, ce qui me laisse le temps de prendre ma place, mais le sold out ne tarde pas à pointer de nouveau son nez au bout d’une demi heure (ouf!).


Départ donc le 28 juin au matin, en eurostar. La fatigue est déjà là, je n’ai pas dormi plus de deux ou trois heures. Arrivée devant la salle de concert vers 13h, l’attente est longue, la pluie et le froid ont eu raison de moi et de ma naïveté (le soleil de Paris n’est pas la grisaille londonienne). Heureusement, les groupies japonaises sont là pour égayer les yeux. Suivant le groupe dans toutes ses tournées (en Asie, aux États-Unis, en Europe… mais où trouvent-elles l’argent?), elles sont déguisées en hide ou Yoshiki de la grande époque, avec les looks extravagants qu’on leur connaît et brandissent leur peluche du guitariste aux cheveux roses. Vers 19h15 les portes s’ouvrent, enfin! A 20h, la première partie, les Japanese Voyeurs viennent déjà fatiguer nos pauvres oreilles. Vers 21h05, le show peut commencer.

Give Me the Pleasure

Inutile de dire qu’à cet instant, après huit heures à attendre debout, dont une partie trempé, je suis tout simplement cassé de partout. Par chance, je suis bien avancé dans la fosse, à moins de 5 mètres de la scène, côté droit (côté Sugizo pour les puristes). A 21h05 donc, les lumières s’éteignent, la musique d’intro commence. Épique, symphonique, accompagnée de chœur, elle laisse monter la tension à mesure que grandit l’idée que le groupe allait apparaître sous nos yeux dans quelques instants. Les bras sont levés en X, l’impression d’être au milieu d’une secte n’est pas loin (repensez à 20th Century Boys, et dite vous que c’est pire !), une atmosphère religieuse se dégage. Soudain un spot s’allume, Yoshiki est là, debout sur sa batterie, et il est juste trop beau (la groupie en moi mouille sa culotte yoshikitty). Les autres membres sont là aussi, massifs. Pata s’est laissé pousser la barbe et la moustache, Sugizo est poseur comme pas deux, Heath est classe et toujours cheveux au vent (deux ventilateurs face à lui, ça aide), quant à Toshi, il ne lâche plus son look d’Elvis cuiré bling-bling ! L’intro s’achève, Yoshiki redescend sur sa batterie, lance les percussions, le concert peut commencer.

C’est parti pour deux heures de concert déchainé, rythmé par une majorité de titres rock plutôt que des ballades mais aussi par un public répondant à cor et à cri aux multiples « WE ARE… X!!!! » lancés par Toshi et Yoshiki.La setlist, quasi identique à Paris et à Londres, est ultra convenue puisqu’il s’agit de la même que lors de la tournée américaine, mais s’avère malgré tout extrêmement efficace. On commence par Jade ses riffs bien lourds et ses envolées lyriques pour mettre dans le bain. S’en suit le cultissime Rusty Nail hélas en anglais à Londres (à coup sûr la setlist reflète ce que sera le prochain album, en partie composée de reprises réarrangées et en anglais). Vient après Silent Jealousy qui en plus de faire titiller la nostalgie old school du fan permet à Toshi d’impressionner par la justesse de sa voix à laquelle les années ont conféré un timbre pincé et très haut perché (admirable quand on voit à quel point celle-ci était abimée lors du come back, notamment lors des lives au Tokyo Dome en 2008). Drain, joué à trois (Toshi, Pata, Heath) semble un peu décalé par rapport au reste de la setlist mais permet à Yoshiki et Sugizo d’aller reprendre leur souffle.

Ce sont en effet ces deux derniers qui vont occuper le devant de la scène juste après. Tout d’abord Sugizo, qui nous gratifie à Londres d’un solo de violon magnifique (durant lequel on peut entendre des airs du Parrain ou encore Providence de Luna Sea), hélas plus court et moins punchy à Paris. Vient ensuite un solo de Piano de Yoshiki, encore une fois écourté à Paris, mais celui-ci sera compensé par un solo absent à Londres plus tard dans la soirée. Les deux hommes enchainent sur Kurenai, avec une nouvelle intro, et de nouvelles paroles en anglais (différentes de celles de l’album Vanishing Vision). Une faute de goût pour les puristes, mais surtout en raison du souffle bien plus épique rendu par le chant en japonais. Cependant, les éclairages rouges vifs et l’énergie de la chanson parviennent encore à déclencher quelques élans d’émotions.

Le groupe enchaine sur le trop conspué Born to Be Free, qui s’avère pourtant taillé pour le live, la sauce prend : le public chante. Vient ensuite I.V, que le groupe entame comme une ballade, faisant chanter l’audience avant de la jouer de manière plus classique. Puis c’est au tour de X, l’hymne du groupe, toujours aussi déchainée, placée juste avant la pause. Après le rappel, les artistes reviennent pour deux chansons. Endless Rain tout d’abord, ballade ultime du groupe et tube intemporel qui aura fait chanter la salle toute seule pendant plusieurs longues minutes. Enfin, le groupe fait monter la tension d’un cran pour jouer le deuxième mouvement d’Art of Life, du solo de piano au final. Un quart d’heure plein d’émotion, joué avec un sentiment de douleur à Londres, et plutôt de spectacle à Paris. Après ça, le groupe quitte la scène, sur un enregistrement de Forever Love (Last Mix), Yoshiki se jette dans la fosse, Toshi arrose le public avec des bouteilles, Sugizo prouve qu’il est très doué au base ball, lançant sa bouteille à 50 mètres et les membres se prennent en photo devant le public puis quittent la scène. Le retour à la réalité s’annonce dur.

Unfinished

Un bilan sur la setlist, qui se montre relativement attendue. Partagée entre classiques inévitables (X, Endless Rain, Kurenai, Rusty Nail) et chansons post-reformation (I.V, Jade, Born to Be Free). On s’étonnera en revanche de l’absence de la récente Scarlet Love Song, qui sert de B.O au film d’animation Buddha, et l’on regrettera l’absence de certains standards (Week End) ou morceaux particulièrement appréciés mais trop rares (Rose of Pain, Tears).

Peu de différences entre les deux concerts sinon, si ce n’est la partie solo de Yoshiki. L’artiste se montre en effet plus énergique avec le public français (mais plus bavard avec le londonien) et offrira un double solo passant du piano à la batterie à maintes reprises. Il n’a rien perdu de sa vitalité, et le public semble apprécier. Pour le reste, on regrettera qu’aucune modification de la setlist ne soit vraiment notable, tout comme la trop grosse rareté des anciens titres. Sinon un autre point négatif, et pas des moindre est le travail sonore dégueulasse au Zénith de Paris comme au Shepherds Bush Empire de Londres. La batterie était trop forte, les guitares trop saturées, et la voix de Toshi trop basse, créant un manque de clarté sur la longueur (bonjour les acouphènes!).

Cependant, on en retiendra finalement un évènement unique, qui laisse entrevoir un groupe toujours en forme, malgré l’absence d’hide, qui manque, c’est indéniable. Ce fût l’occasion pour les fans européens de voir enfin leurs idoles en chair et en os, mais surtout de toucher à la magie des lives du groupe. C’est en effet sur scène qu’ils se sont toujours montrés plus intéressants, et même si la logistique à grand spectacle des concerts du Tokyo Dome n’était pas de mise, le moment restera inoubliable pour ceux qui y étaient.

Anel Dragic.

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2 commentaires pour “X Japan World Tour 2011”

  1. A tout avis positif existe son pendant négatif… Je suis triste d’être celui qui vous l’apporte…

    Après 3 annulations et des milliers de promesses d’un moment magique, voici ce que j’ai retenu de cette mascarade…

    Je tiens à signaler que je ne suis pas là pour troller sur le groupe… Fan hardcore depuis une douzaine d’année de ce groupe, j’y ai consacré la moitié de ma vie, de mon temps et de mon argent…

    Je tient aussi a préciser qu’il s’agit de mon 4ème concert du groupe et que je souffre de la comparaison avec mes trois précédant concert au Tokyo Dôme en 2008, lors de leur reformation…

    Après une heure de retard et aucune excuse ou explication, le groupe arrive sur scène en tirant une gueule de trois km de long qu’ils mettront environ 3 chansons à masquer… Un son immonde jamais entendu auparavant dans cette salle (Et je sortait du coupling tour Megadeth/Slayer dans la même salle)

    La set liste m’à vraiment fait de la peine… Les nouvelles compositions telle que Jade et Born to be free sont une insulte à la légende du hard rock qu’ils étaient autrefois… Les morceaux sont coupés (Pas d’intro pour Kurenai, les solos a moitié joués par Sugizo, pas de second couplet pour endless rain etc etc)

    Tout est trop vite expédié et on a droit au rappel au bout d’une petite heure de concert… Pitoyable pour un groupe habitué à joué 3h et qui se faisait attendre de 3 ans pour certains et toute une vie pour d’autre

    Tout mais absolument tout tourne autour de Yoshiki qui prend un malin plaisir à meubler le vide absolu de ce concert et la courte set liste avec des We are X a repétition, des « vas y que je tombe par terre, vas y que je pleure, que je m’allonge sur le piano etc etc »

    Tout est appris, répété par coeur a la seconde près et copié collé sur l’ensemble de la tournée de Londre à Berlin… Je devinés meme a quel moment il allait dire tel truc ou a quel moment il allait placer ses « fuckin’ quelques chose »

    Je n’ai pas ressenti une seule émotion ou un seule frisson de tout ce concert, moi qui m’effondrai en larme juste à l’apparition de Pata ou de Yoshiki lors de leurs précédentes venues, ou qui à passer Trois Tokyo Dôme à essuyer mes joues pleines de larmes…

    Ouais je suis un mec, mais je vous l’ai dis, X est toute ma vie. X aura influencé mes rencontres au japon, mes amis, ma musique… J’ai ce groupe dans les tripes.

    Concernant les prestations, difficile de juger vu la qualité du son mais Sugizo est encore a côté de la plaque: Pas en rythme, solo inaudibles et crade au possible… Le Beau monsieur qui passe le show a remuer du cul devrais lâcher un peu son floyd et tout ses effets de guitares trompeur et maquilleur pour redevenir le bon musicien qu’il était au début des années 90…

    Pata se fait chier sur les nouveaux morceaux mais tente de faire mine de rien (Vu la qualité des compositions de guitare sur les deux nouvelles bouses electro pop que sont jade et BTBF on ne peut que le comprendre), Il se plante carrément sur le début de X et quitte même la scène, le reste est plutôt très bon, comme à son habitude: Pata est un grand monsieur du Rock… Yoshiki foire quelques roulement de batterie et quelques break…
    Toshi chante très bien et ça fait vraiment plaisir.

    Mention spéciale à Heath qui pour moi à été le plus crédible de tout le concert (Et dieu sait à quel point je suis Pro-Taiji).

    Après le renvois de Taiji, X avait perdu 5O% de sa puissance heavy, mais depuis la décès de hide, X n’est plus X.

    Le groupe a vendu son âme au diable pour essayer de conquérir le plus de mouton possible dans le monde, et pourtant il n’avait pas besoin de cà…

    Etant en contact ou étant ami avec beaucoup de fan japonais de la première heure, je peux vous assurer qu’ils font beaucoup de déçus et certaines décisions ou virages du groupes sont vraiment incompréhensible…

    Ce concert aura donc pour moi été une énorme déception au vu de l’attente. Des amis à moi sont venus du monde entier et j’avais vraiment de la peine pour eux.

  2. Je comprends la déception, étant moi même plutôt fan d’X que d’X Japan (enfin…Art of Life, quel truc quand même), mais maintenant relativisons un instant.

    Doit-on attendre d’un groupe en 2011 qu’il nous joue uniquement la setlist des 3 premiers albums ? Ce serait un peu de foutage de gueule aussi. L’identité musicale de groupe à évoluée en permanence, d’album en album. Que le style actuelle soit moins catchy pour le fan d’heavy, soit, mais je ne pense pas que les artistes soient à blâmer. Ce n’est à mon sens pas aux fans de dicter à un artiste sa conduite. Maintenant, libre au public de décrocher.

    Prenons les remarques au cas par cas:

    Le retard ? Il n’y en a pas eu, l’entrée se fait a 19h, la première partie (annulée) était prévue à 20h, le concert commence donc naturellement vers 21h.

    Concernant le son, je ne peux que confirmer, et je le mentionne d’ailleurs dans mon article. Je déplore également les morceaux coupés, mais Kurenai commence malgré tout avec une nouvelle intro au violon (made in Sugizo) remplaçant les arpèges d’hide. Quoi de plus naturel de s’adapter aux talents des musiciens pour un groupe qui a sans cesse su réinventer ses chansons sur scène.

    Je pense aussi qu’il était vain de s’attendre à un concert de 3h. On parle d’une tournée européenne, de petite salle, avec des équipements modestes, et non des concerts blockbusters avec lumières et batterie volante comme il y en a au Japon. Laissons les gagner leur public occidental avant de la jouer mégalo ici aussi.

    Concernant Yoshiki, il me semble que le bonhomme à toujours pris un malin plaisir à surjouer, il n’y a qu’a voir le last live, avec ses réactions d’une précision métronomique pour s’en convaincre. (Forever Love: je me lève, j’avance, silence, je fond dans les bras de Toshi, on pleure…)

    Sugizo maintenant. Pour qui ne l’aime pas il est à côté de la plaque, pour qui aime le style beaucoup plus mélodique d’hide, il ne fera évidemment pas long feu, mais le bonhomme à su apporter sa patte tout en la rendant plus heavy que sur son travail dans Luna Sea… qu’on aime ou pas.

    Après tout ça, je comprends la déception, mais je pense qu’il s’agit plus d’une histoire de goût (oui oui, pour moi aussi X est imbattable, Art of Life mis à part), et laissons donc à Yoshiki sa mégalomanie. S’il arrive à faire d’X Japan le premier groupe j-rock à percer en occident, ça sera déjà une preuve de plus que sa musique est universelle.

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