Quelques réflexions sur le cinéma d'Iwai Shunji, son esthétique et ses thématiques. Depuis la fin des années 1980, le réalisateur, scénariste, producteur, compositeur et romancier japonais enchaîne les projets dont certains ont façonné une image du romantisme contemporain, diffus en Asie. C'est aussi un portraitiste de désaxés en lutte avec leurs démons intérieurs, des funambules qui dansent au-dessus du monde extérieur — vide.
À l'occasion de Japonismes, La Cinémathèque Française a projeté un des derniers films d'Iwai Shunji, A Bride for Rip Van Winkle, opus de trois heures basé sur le roman du même nom. Car Iwai est non seulement cinéaste mais romancier... et musicien. Un touche à tout à qui l'on doit des films mémorables dont Love Letter, April Story, All About Lily Chou-Chou et Hana & Alice. S'il est l'un des réalisateurs japonais les plus talentueux des 30 dernières années, il est injustement méconnu en France où seul un de ses films a été distribué : Hana et Alice mènent l'enquête en 2015. Iwai reste malheureusement un sésame que l'on cite entre initiés, pour vanter son panache coloré très pop et son traitement des forums Internet dans le chef d'œuvre All about Lily Chou, film cruel à la musique sublime. La projection d'A Bride for Rip Van Winkle était l'occasion de rencontrer Iwai Shunji et de revenir sur sa carrière et les films à venir, car il est très productif et vient de terminer le tournage de Last Letter, un film à sortir en 2019.