Après Détective Conan : The Scarlet Bullet et Détective Conan : La Fiancée de Shibuya, Eurozoom nous permet de découvrir en salles le nouvel opus de la saga, Détective Conan : Le Sous-marin Noir, réalisé par Tachikawa Yuzuru.
Nous retrouvons notre célèbre petit détective dans une aventure qui l’oppose à ses ennemis de toujours : l’organisation criminelle des hommes en noir. Alors qu’Interpol met en place un nouveau système de surveillance et de reconnaissance faciale, des employés disparaissent mystérieusement et Conan réalise vite que les principaux antagonistes de la saga œuvrent pour mettre la main sur ces nouveaux logiciels.
Contrairement aux derniers opus sortis en salles qui fonctionnaient en stand-alone (même s’ils incorporaient des éléments destinés aux fans), il est conseillé de connaître un minimum le contenu des mangas ou de la série animée pour apprécier pleinement ce volet. Le film a beau débuter, comme toujours, par une introduction des enjeux principaux, l’opposition immémoriale entre Conan et les hommes en noir fait l’objet de si nombreux chapitres du manga qu’il paraît ardu de se lancer dans le film sans avoir une vague idée de qui sont les personnages impliqués et quelle a été leur trajectoire jusqu’ici. Détective Conan : Le Sous-marin Noir semble d’ailleurs être l’opus le plus adressé aux fans de la « trilogie ». On y retrouve bon nombre de personnages qui ont marqué le manga, une lichette de fanservice assumé, et la part belle est faite à l’attirail de gadgets que possède habituellement Conan dans ses enquêtes, ce qui ne manque pas de faire resurgir les souvenirs qui y sont associés.
Cependant, tout en jouant sur un terrain connu, on observe un vrai vent de fraîcheur et d’innovation dans les thématiques de l’enquête du Sous-marin Noir. Le film traite frontalement de la question de l’intelligence artificielle, enjeu résolument contemporain, de façon fine et pertinente. On nous présente le personnage de Naomi Argento, créatrice d’un logiciel de reconnaissance faciale qui, grâce à l’IA, permet d’estimer l’apparence d’une personne à tout âge. Elle espère donc pouvoir l’utiliser pour retrouver des personnes disparues ou kidnappées, peu importe le nombre d’années passées depuis le moment où l’on a perdu leur trace. Or, ce logiciel a beau être fondé sur des idéaux louables, il peut tout aussi bien être détourné de son but originel lorsqu’il tombe entre de mauvaises mains, voire mettre des gens en danger, ce qui ne manque pas d’arriver dans Détective Conan : Le Sous-marin noir. Le film permet ainsi d’ouvrir le débat sur la question de l’IA et de son utilisation, mais également de soulever la question épineuse de la reconnaissance faciale en temps réel et des dérives qu’elle peut occasionner.
On constate donc un léger changement de ton par rapport aux opus précédents. Si Détective Conan demeure une saga accessible à un large public, les adultes auront davantage de contenu à se mettre sous la dent dans Le Sous-marin noir. Qu’il s’agisse des clins d’œil aux fans de longue date et des thématiques plus approfondies mais également du niveau de violence montrée à l’écran, le film est résolument moins édulcoré que les volets antérieurs. Bien sûr, tout est relatif et Le Sous-marin noir ne prend pas un virage gore pour autant, mais nous assistons pour la première fois depuis la diffusion de la franchise en salles à des meurtres et des moments de tension assez dérangeants, au lieu des kidnappings et explosions en hors-champs des films précédents.
En somme, il est très agréable de voir une saga à la longévité aussi prononcée se renouveler de façon aussi convaincante, tout en gardant son intérêt intact. Si Le Sous-marin noir n’est pas forcément l’opus idéal pour se lancer dans les aventures du petit détective, il saura forcément toucher quelques cordes sensibles chez les afficionados de Conan.
Elie Gardel.
Détective Conan : Le Sous-marin noir de Tachikawa Yuzuru. 2023. Japon. En salles le 02/08/2023.