BIFFF – The Blood Of Wolves, de Shiraishi Kazuya : les yakuzas en très grande forme

Posté le 21 mai 2019 par

En cette année 2019, la section thriller du Brussels International Fantastic Film Festival était particulièrement intéressante. Les spectateurs purent y découvrir entre-autre The Blood Of Wolves, polar sombre plongeant le spectateur au milieu des intrigues des clans yakuzas d’Hiroshima.

L’origine de The Blood Of Wolves est un roman écrit par Yuzuki Yuko, Le Loup d’Hiroshima. Le réalisateur du film en reprend la trame pour raconter ce qui s’apparente à un buddy movie (mais sans l’humour des punchlines) dans le monde des yakuzas. En effet, le jeune policier Hioka (Matsuzaka Tôri) se retrouve à faire équipe avec le vieux routard aux méthodes troubles Ogami (Yakusho Kôji). Leur enquête semble basique puisqu’elle concerne un comptable disparu, sans doute muté. Mais rapidement, les liens du comptable avec les yakuzas d’Hiroshima sont mis à jour, et le spectateur découvre, en même temps que son personnage principal si naïf, les liens de tout un chacun (y compris dans la police) avec l’un ou l’autre des deux clans de criminels. Et, alors qu’une guerre de gang se profile, Hioka va devoir faire des choix et revoir ses convictions propres.

Dès l’ouverture du film, Shoraishi Kazuya plonge le spectateur dans une ambiance sombre et très sale avec une séquence de torture au milieu d’un enclos à cochons. Doigt coupé, sang qui gicle, merde de cochon en gros plan que le supplicié est forcé d’avaler… Rien ne sera épargné au spectateur, qui comprend, un peu avant son protagoniste principal, qu’il va accomplir un voyage dont il ne sortira pas indemne. Car, en nous faisant suivre les pas d’un jeune policier naïf, forcé d’être le disciple d’un supérieur particulièrement trouble et violent, le spectateur plonge dans une quête initiatique où la moralité est sans cesse remise en question avec cette interrogation qui nous taraude : peut-on combattre le mal autrement que par le mal, et donc lutter contre les yakuzas autrement qu’en se liant à eux ?

« Tous pourris » est donc immédiatement le mot d’ordre, chacun mentant pour une raison ou une autre, commettant des crimes, ne respectant pas les règles… Et le film, déployant une réalisation sobre et élégante, plonge dans la saleté et la violence d’Hiroshima, mais sans aucune complaisance. La violence n’est pas cool, elle percute le spectateur, le retourne, lui fait perdre ses repaires.

L’histoire, classique mais intelligente, dévoile ses révélations au bon moment, et si le parcours du héros est prévisible, il n’en est pas moins particulièrement réussi, les acteurs étant pour beaucoup dans la crédibilité du film. Matsuzaka Tôri campe un Hioka crédible, s’accrochant à ses convictions alors même que tout lui prouve qu’il fait erreur, que la ville autour de lui s’écroule, tandis que Yakusho Kôji crée un Ogami fascinant, violent et pourri jusqu’à la moelle en apparence, mais que le spectateur n’arrive pas à haïr. L’écriture des personnages est brillante, les différents yakuzas croisés n’étant jamais des caricatures, toujours réalistes et crédibles, des criminels oui, mais par certains côté nécessaires et certains se révèlent même attachants.

The Blood Of Wolves renoue avec les grands films de yakuzas et offre un spectacle intense dont le spectateur ne sort pas indemne. Une réussite découverte grâce à l’édition 2019 du BIFFF, toujours là pour récupérer de grands films.

Yannik Vanesse.

The Blood Of Wolves, de Shiraishi Kazuya. Japon. 2018. Projeté lors de la 37ème édition du Brussels International Fantastic Film Festival