Une co-production américano-chinoise avec Iko Uwais au sein d’un casting agréable, qui arrive en vidéo chez Metropolitan après une sortie en salles l’année dernière. Il n’en fallait finalement pas plus pour que le dernier film de Peter Berg se voit chroniqué sur East Asia. Mais que peut-on attendre du réalisateur de Battleship, quand il décide de faire un film d’action teinté d’espionnage ?
Un officier d’élite du renseignement américain tente d’exfiltrer un policier qui détient des informations compromettantes. Ils vont être traqués par une armée d’assassins tout au long des 22 miles les séparant de l’avion qui leur permettra de quitter le pays.
22 Miles possède de grandes ambitions. Le scénario se veut complexe, entre trahison, espionnage, lutte entre la Russie et les Etats-Unis. Les personnages sont de vrais durs à cuire, incarnés par un casting alléchant (Mark Wahlberg, Iko Uwais, mais aussi John Malkovich, Ronda Rousey ou encore Lauren Cohan, échappée de The Walking Dead). Le film veut mettre en avant les troubles personnels de certains (Alice, qui doit gérer la séparation avec son mari et la garde difficile avec sa fille), et surtout les problèmes mentaux du protagoniste principal (Mark Wahlberg, surdoué psychotique). A cela s’ajoutent une volonté de soigner les phases d’espionnage utilisant les dernières technologies, et de longues séquences d’actions brutales et sauvages à travers la ville (lors de la traversée des 22 miles qui donne son nom au film).
Sur le papier, 22 Miles est donc un film intéressant, qui aurait pu être un thriller d’espionnage cybernétique très Tom Clancy, avec des protagonistes affectés par les horreurs qu’ils doivent accomplir par patriotisme, et le tout nanti de séquences sans temps mort, avec des moyens conséquents pour mettre en scènes les fusillades, et les capacités martiales de ses personnages (Iko Uwais en tête). Hélas, il se rate complètement, du fait d’une absence de subtilité dans le traitement de ses protagonistes, et d’une réalisation sur-découpée et pétaradantes, misant sur des ralentis pour mettre en avant l’action des héros mais surtout rendant illisible la plupart des séquences (les compétences martiales d’Iko Uwais sont ainsi complètement occultées). Quand Peter Berg pointe du doigt les problèmes de ses héros, cela donne de longs monologues philosophico-bad-ass pour Mark Wahlberg, et Lauren Cohen qui casse son portable en disant des gros mots qu’une appli censure, le tout chapeauté par un John Malkovich hélas sous-exploité, mais malgré tout très charismatique.
Passé les ambitions du film, il reste à 22 Miles des personnages énervés détruisant la moitié de la ville, à coup d’armes à feu en tout genre, jusqu’à un twist final prévisible mais montrant encore une fois les ambitions démesurées du réalisateur, et qui a tout de même le mérite de tenter de surprendre. Le film est cependant agréable, empli de propos pseudo-cool, de destruction montrant le budget conséquent du film, et il ne manque finalement que la présence de Steven Seagal pour que le plaisir coupable soit complet.
22 Miles est donc un film qui s’oublie vite, mais qui permet un moment plaisant pour un spectateur peu regardant. On ne peut que regretter que la réalisation n’ait pas été plus soignée, et surtout que Peter Berg n’ait pas assumé son propos terriblement bis pour se concentrer sur un cinéma d’action percutant, dans lequel il aurait pu briller.
Yannik Vanesse.
22 Miles, de Peter Berg. USA/Chine, 2018. Sortie en DVD et Blu-Ray chez Metropolitan le 02/01/2019.