Un nouveau polar, venu tout droit de Chine, est distribué chez nous par HK. Est-ce que ce Firestorm mérite qu’on s’y attarde ?
L’amateur de polar chinois ne peut que déplorer le retour de Hong Kong dans le giron de son pays d’origine, empêchant une grande part de folie au profit de films en costume, de préférence teintés de propagande. Et si certain réalisateurs, comme Tsui Hark, parviennent à contourner les restrictions imposées par le gouvernement, Hong Kong, connu dans les années 90 pour être le pilier du polar hard-boiled n’est plus considéré comme le pays du thriller, la Corée lui ayant ravi ce titre depuis quelques temps.
Bien entendu, cela ne signifie pas que plus de polars chinois nous parviennent, ni qu’ils sont tous mauvais, mais force est de constater qu’il est difficile de rivaliser avec des perles comme Twin Dragons, The Killer ou Le Syndicat du crime. Johnnie To est encore diablement actif mais il manque singulièrement de concurrence en la matière.
Firestorm d’Alan Yuen y parvient-il ? Oui et non finalement car, s’il est impossible pour le réalisateur de rivaliser en terme d’ambiance avec Johnnie To, si sa réalisation est moins millimétrée, Firestorm mérite le détour et se révèle des plus fréquentable.
Alan Yuen, scénariste et réalisateur (il a écrit le script de New Police Story), livre avec Firestorm son troisième film, dont il écrit le scénario. A ce niveau, le film se révèle précis, livrant des personnages certes classiques mais bien écrits, et leur jeu de chat et de souris est passionnant. On pense souvent à Heat de Michael Mann car, là aussi, le réalisateur nous montre un flic plongé dans son boulot, ne voyant que la loi et le règlement, face à un terrible criminel, et surtout son bras droit libéré de prison depuis peu, faisant croire à sa petite amie qu’il s’est rangé. Leur confrontation dans le bureau du policier fait beaucoup penser aux échanges entre Al Pacino et Robert De Niro quand ils se rencontrent enfin.
Le policier est incarné par Andy Lau, qui arrive à donner véritablement corps à ce personnage qui semble au début dénué de toute complexité. Cependant, alors qu’il s’enlise dans l’enquête, que les criminels le narguent et que les victimes innocentes s’amoncellent, il en vient à douter de ses valeurs et gagne un côte sombre dans lequel il risque de se perdre ; et l’acteur le rend délicieusement crédible et magnifiquement humain.
Les dommages collatéraux sont nombreux, les criminels n’hésitant pas à prendre des otages et les tuer, ou encore à abattre des gens juste pour créer une diversion. A ce titre, le final renvoie tout autant à Michael Mann qu’à John Woo. En effet, l’affrontement ultime se passe sur une route, avec les voitures bloquées, et flics et truands se mitraillant sauvagement, en une séquence faisant grandement référence à la scène la plus emblématique de Heat. Cependant, voir les méchants massacrer à tout-va, poser des bombes partout pour accroître le chaos ambiant fait aussi penser à A toute épreuve, lorsque les criminels descendent les blessés de l’hôpital lors d’un final tout aussi apocalyptique.
Firestorm alterne donc jeux de chats et de souris et séquences d’action violentes. Les dialogues sont précis, tandis que les flics essaient d’arrêter les voyous, et les criminels de jouer avec les policier. Les scènes d’action sont plutôt bien chorégraphiées, brutales, et l’alternance se fait à de bons moments pour éviter tout ennui. Alan Yuen se rate cependant en ne sachant pas s’arrêter. Pris dans ces moments d’action survoltés, il en rajoute, des explosions, des ponts qui s’effondrent, et les effets digitaux étant des plus approximatifs, ces scènes gâchent quelque peu l’action, assez dantesque par ailleurs.
Si cela s’avère dommage, Firestorm n’en reste pas moins un polar hard-boiled des plus fréquentable, nanti d’une bonne dose de folie, de très bons acteurs, et d’un final certes trop référentiel mais particulièrement brutal tout en étant empli d’émotion.
Yannik Vanesse.
Firestorm de Alan Yuen. Chine. 2013. Disponible en Blu-Ray, DVD et VOD sur cinemaalademande chez Metropolitan Films le 08/09/2015.