Legendary Assassin de Wu Jing et Nicky Li (DVD)

Posté le 30 juin 2011 par

Legendary Assassin pouvait susciter l’intérêt, ou au moins la curiosité de l’amateur de ciné made in HK. Voir Wu Jing, la relève du cinéma d’action local passer à la réalisation donnerait forcement une idée de la direction que prends le genre à l’heure où celui-ci ne vit clairement pas ses plus beaux instants. Hélas, un respectable action man ne fait pas forcément un bon réalisateur, et cette première réalisation en est malheureusement la preuve. Par Anel Dragic.

 

Big boulette

Parce qu’il ne serait pas correct de mettre toute la responsabilité de cet échec sur les épaules du pauvre Wu Jing, il convient de préciser que le film a été co-réalisé par Nicky « j’ai rien réalisé non plus » Li, chorégraphe à ses heures. Que raconte donc le métrage en question ? Wu Jing incarne un assassin légendaire (enfin ça, c’est ce que dit le titre, mais ce n’est pas ce qui ressort à la vision du film), qui se rend sur une petite île afin de remplir un contrat. Le hasard faisant bien les choses, des intempéries l’empêchent de repartir tout de suite, Wu Jing est donc obligé de faire profil bas au milieu des policiers et gangsters à la recherche du meurtrier.

Polar psychologique ? Thriller paranoïaque ? Non et non ! Mauvais film d’action urbain (même pas urbain d’ailleurs) ? Oh que oui ! Wu Jing et son complice tentent de reconduire le succès des kung fu teintés de polar relancés par le succès des collaborations Wilson Yip/Donnie Yen. Hélas, le résultat est plus proche d’un film de Dennis Law, que d’un S.P.L. On ressentait pourtant l’envie de construire un film porté par ses personnages, qui ne soit pas juste un prétexte à faire se succéder les scènes d’action. Hélas, la bonne volonté se voit désamorcée par un scénario minimaliste et terriblement cliché, virant parfois au ridicule.

L’idée de délocaliser l’action dans les îlots alentours de Hong Kong était pourtant bonne. Construit comme un huis-clos, le film aurait pu se montrer véritablement oppressant. Mais c’était oublier le manque de cohérence du scénario, passant volontiers du polar froid à des séquences d’humour lourdingue (merci Ronald Cheng !) ou des élans doux amers jouant la carte de la mélancolie, mais également des passages romantiques bien niais. Ne sachant pas quoi raconter, le récit manque de péripéties et la moitié du film semble se passer au poste de police, où les personnages prennent leur repas. Mais nous ne sommes pas chez Johnnie To, et ce genre de séquence se montre beaucoup moins réussie que chez le réalisateur de The Mission.

An Eternal Combat

Lorsqu’il ne reste que les combats à se mettre sous la dents, il vaut mieux assurer sur ce point. Or, d’emblée, un problème se pose. Le casting est loin d’impressionner. Certes Wu Jing est un artiste martial doué et le film est ici clairement un véhicule destiné à le mettre en valeur, mais celui qui voulait être le nouveau Jet Li est malheureusement loin du charisme de ce dernier, voire même d’un Donnie Yen. Peu de chance dès lors que Wu soit le nouveau porte-étendard du genre alors même que sa crédibilité est contestable en permanence. Le reste de la distribution ne parvient pas à relever le niveau à cause de personnages stéréotypés et d’un jeu d’acteur mauvais même du côté des vétérans. Tous autant qu’ils sont: les policiers menés par un Hui Siu Hung toujours aussi cabotin et secondé par le petit Alex Fong (pas « jet pack », l’autre, le « faux »), les gangsters campés par les habituels Lam Suet ou Ken Lo, ou encore la jolie mais vraiment mauvaise Celina Jade pour le quota de romance (ainsi qu’un petit rôle de Kara Hui), personne n’est à sauver.

Production de la Seasonal Film de Ng See Yuen (Le jeu de la mort 2), et Paco Wong (pleins de romances pourries réalisées par Patrick Kong), Legendary Assassin se montre finalement dans la lignée des séries B opportunistes produites par le premier. Le film pourrait en effet être pris comme un petit film d’action sans prétention à l’ancienne, mais il souffre malheureusement de trop de défauts pour susciter un véritable intérêt. Les combats chorégraphiés par Nicky Li et Wong Wai Leung se montrent peu inspirés. On pense parfois à du Wilson Yip, mais en plus câblé, et finalement c’est encore à du Dennis Law que l’on a plus l’impression d’avoir à faire. Les combats sont rentre-dedans et plutôt lisibles, mais peu nombreux et finalement vite oubliés. Tout cela s’achève dans un combat sous la pluie matrixien qui nous feraient presque regretter les puddings numériques des frères Wachowsky.

Legendary Assassin aurait pu être un revival ponctuel des films d’action qui pullulaient dans les années 80 et 90 à Hong Kong, or il n’en est rien. Véritable ratage, il faudra attendre encore car ce n’est pas avec Wu Jing que le genre renaîtra de ses cendres. On saluera tout de même l’intention, mais au vu du résultat, il est difficile de ne pas penser que le tout est un gâchis qui aurait pu donner largement mieux pour peu qu’un véritable réalisateur et un scénariste plus efficace aient été engagés sur le film.

Anel Dragic.

Legendary Assassin de Wu Jing et Nicky Li, disponible en DVD ert Blu-Ray édité Metropolitan depuis le 03/05/2011.