Nouvelle année, nouveau Festival du Film Hongkongais de Paris (FFHKP) qui revient pour une 5e édition du 7 au 16 novembre 2025. Cette fois, la cérémonie d’ouverture était accompagnée de la projection du film à succès Love Lies de Ho Miu-kei, réalisatrice ayant bénéficié du First Feature Film Initiative et mettant en scène la star Sandra Ng dans une love story rocambolesque avec un arnaqueur numérique.
Les comédies romantiques sont en vogue à Hong Kong. Moyen efficace de relâcher la pression après une journée de travail et de se projeter dans les aventures amoureuses de protagonistes hauts en couleur. Ici, la grande actrice Sandra Ng prête son charisme à une médecin gynécologue riche et endeuillée, succombant à la tentation d’une nouvelle histoire d’amour avec un soi-disant français rencontré en ligne. Ce français n’est autre que Joe, interprété par MC Cheung, un brouteur professionnel dont le travail consiste à cibler les faiblesses sentimentales d’une partie de ses concitoyens fortunés pour leur soutirer de l’argent. Une combine grâce à laquelle il parvient enfin à rentabiliser son talent de menteur compulsif.
La positivité manifeste du film retient toute l’attention dès les premières minutes. Situations absurdes, romance à l’eau de rose et arnaques grossières font vite oublier le deuil que traverse le personnage de Sandra Ng. Le film prend pour un socle un malaise très présent à Hong Kong comme dans toutes les sociétés contemporaines où le travail acharné contraint les individus à mettre de côté leur bien-être. Celui d’être aimé et celui de s’autoriser à rêver. Les personnages sont peut-être trop caricaturaux mais la direction over-the-top des enjeux romantiques permet d’assumer pleinement l’identité rocambolesque du métrage, appuyée par le jeu sans concession de Sandra Ng et celui de loser de MC Cheung.
Plus encore, Love Lies traite le sujet rarement abordé de la cybercriminalité et le fait à contre-courant des attentes. Sans la présenter sous un jour foncièrement négatif mais avec attitude, dans le cadre d’une fausse romance pourtant consentie par les deux partis. Le personnage de Sandra Ng ne peut qu’être au courant des manigances qui lui sont tendues mais cela lui importe peu : la relation qu’elle entretient avec ce français est intense, idyllique, et c’est tout ce dont elle avait besoin pour se ressaisir après la mort de son mari. Quand l’arnacœur lui donne rendez-vous à Sapporo pour les premières rencontres (fausses, encore), la conclusion ne peut qu’être embarrassante mais le film parvient, lors de courtes scènes symboliques comme celle de la bière partagée, à interpréter le voyage sous des jours plus joyeux. La connexion entre les deux acteurs manque parfois de cohérence et de consistance pour que l’on puisse véritablement y croire. C’est plutôt l’addition de leurs failles respectives – naïveté idéaliste pour Sandra Ng et manipulateur raté pour MC Cheung – qui porte les émotions du film au-delà du catfishing vers une résolution plus concluante, grâce à laquelle chacun réussit à tourner la page des drames passés. C’est un film attachant malgré ses défauts, plus émouvant que l’on pourrait croire, et maladroitement bienveillant dans son portrait croisé.

Richard Guerry.
Love Lies de Ho Miu-kei. 2024. Hong Kong. Projeté au FFHKP 2025.




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